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  • La beauté élève l'âme... Par ces images volontairement sélectionnées, ainsi que par la récitation de ces prières, puissiez-vous avoir le désir de parvenir à Jésus et à la sainteté, but ultime de toute vie...
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10 mai 2024

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

 

Onzième jour

Extension du règne de Marie dans ces derniers temps

 

I. Dieu veut que sa sainte Mère soit à présent plus connue, plus aimée, plus honorée que jamais elle ne l'a été. Ce qui arrivera sans doute si les prédestinés entrent, avec la grâce et la lumière du Saint-Esprit, dans la pratique intérieure et parfaite que je leur découvrirai dans la suite. Alors, ils verront clairement autant que la foi le permet, cette belle étoile de la mer, et ils arriveront à bon port, malgré les tempêtes et les pirates, en suivant sa conduite. Ils connaîtront les grandeurs de cette souveraine, et ils se consacreront à son service comme ses sujets et ses esclaves d'amour. Ils éprouveront ses douceurs et ses bontés maternelles, et ils l'aimeront tendrement comme ses enfants bien-aimés. Ils connaîtront les miséricordes dont elle est pleine, et les besoins où ils sont de son secours, et ils auront recours à elle en toutes choses, comme à leur chère avocate et médiatrice auprès de Jésus-Christ. Ils sauront qu'Elle est le plus assuré moyen, le plus aisé, le plus court et le plus parfait pour aller à Jésus-Christ, et ils se livreront à Elle, corps et âme, sans partage, pour être à Jésus-Christ de même.

 

II. Mais quels seront ces serviteurs, esclaves et enfants de Marie ?

 

Ce seront un feu brûlant des ministres du Seigneur qui mettront le feu de l'amour divin partout ; ce seront - sicut sagittæ in manu potentis, des flèches aiguës de la main de la puissante Marie pour percer ses ennemis ; des enfants de Levi, bien purifiés par le feu des grandes tribulations et bien collés à Dieu, qui porteront l'or de l'amour dans le cœur , l'encens de l'oraison dans l'esprit et la myrrhe de la mortification dans le corps, et qui seront partout la bonne odeur de Jésus-Christ aux pauvres et aux petits , tandis qu'ils seront une odeur de mort aux grands, aux riches et aux orgueilleux mondains.

 

Ce seront des nuées tonnantes et volantes par les airs au moindre souffle du Saint-Esprit, qui sans s'attacher à rien, ni s'étonner de rien, ni se mettre en peine de rien, répandront la pluie de la parole de Dieu et de la vie éternelle. Ils tonneront contre le péché , ils gronderont contre le monde, ils frapperont le diable et ses suppôts , et ils perceront d'outre en outre, pour la vie ou la mort, avec leurs glaives à deux tranchants de la parole de Dieu, tous ceux auxquels ils seront envoyés de la part de Dieu.

 

Ce seront des apôtres véritables des derniers temps à qui le Seigneur des vertus donnera la parole et la force pour opérer des merveilles et remporter les dépouilles glorieuses de ses ennemis. Ils dormiront sans or ni argent, et qui plus est, sans soin au milieu des autres prêtres ecclésiastiques et clercs : inter medios cleros, et cependant auront les ailes argentées de la colombe, pour aller, avec la pure intention de la gloire de Dieu et du salut des âmes, où le Saint-Esprit les appellera, et ils ne laisseront après eux, dans les lieux où ils auront prêché que l'or de la charité, qui est l'accomplissement de toute la loi. Enfin, nous savons que ce seront de vrais disciples de Jésus-Christ, qui, marchant sur les traces de la pauvreté, humilité, mépris du monde et charité, enseigneront la voie étroite de Dieu dans la pure vérité selon le saint Evangile et non selon les maximes du monde, sans se mettre en peine ni faire acception de personne, sans épargner, écouter ni craindre aucun mortel, quelque puissant qu'il soit.

 

Ils auront dans leur bouche le glaive à deux tranchants de la parole de Dieu. Ils porteront sur leurs épaules l'étendard ensanglanté de la croix, le crucifix dans la main droite, le chapelet dans la main gauche, les noms sacrés de Jésus et de Marie sur leur cœur, et la modestie et mortification de Jésus-Christ dans toute leur conduite. Voilà de grands hommes qui viendront ; mais Marie sera là par ordre du Très-Haut pour étendre son empire sur celui des impies, idolâtres et mahométans. Quand et comment cela sera-t-il ?... Dieu le sait ; c'est à nous de nous taire, de prier, de soupirer et d'attendre : expectans, expectavi (1).

 

(1) Cette attente de la glorification de Jésus-Christ et de son Église avant les jours de la tribulation suprême n'est pas une théorie particulière au Père de Montfort ; presque tous les saints des temps modernes ont énoncé la même idée.

 

Histoires

 

Si le bienheureux Montfort fut un si parfait serviteur de Marie, c'est qu'il avait été prévenu par Elle de grâces extraordinaires dès son enfance. Son amour pour Marie était inné chez lui. On peut dire que la sainte Vierge l'avait choisi la première et avait gravé dans sa jeune âme cette tendresse si singulière, qui l'a fait regarder comme l'un des plus grands dévots de la Mère de Dieu. « Était-il devant une image de Marie, il paraissait ne plus connaître personne ; dans une espèce d'extase, immobile, il se tenait des heures entières au pied des autels, à la prier, à l'honorer, à lui dédier son innocence, à se consacrer à son service.

 

Cette dévotion sensible n'était pas en lui passagère comme en tant d'autres enfants ; elle était journalière. L'église de Saint-Sauveur, sa paroisse, le voyait tous les jours, en allant et en revenant de classe, rendre ses visites à une ancienne et miraculeuse image, et son oncle atteste qu'il y passait quelquefois une heure. Dès sa plus tendre jeunesse, il allait à Elle avec une simplicité enfantine, lui exposant tous ses besoins temporels et spirituels. Tout, à son avis, était fait, quand il avait prié sa bonne Mère.

 

C'est à cette protection de la sainte Vierge qu'il faut attribuer sa merveilleuse innocence » (Pauvert).

 

Le chapelet de Gluck

 

Un des plus grands artistes du siècle dernier, le célèbre compositeur Gluck, avait appris les éléments de son art sous les voûtes d'une cathédrale. Il fut enfant de chœur dès ses jeunes années. Sa voix était si belle, elle avait une expression si pure que lorsqu'il chantait, la cathédrale se remplissait d'une foule immense qui l'écoutait dans le ravissement. Il grandissait dans l'art autant que dans la piété.

 

Un jour qu'il avait chanté mieux qu'à l'ordinaire une antienne à Marie, un Religieux l'aborda tout ému, et le pressant sur son cœur : « Ô mon fils, lui dit-il, vous m'avez fait répandre aujourd'hui les plus délicieuses larmes de ma vie. Tenez, prenez ce chapelet, gardez-le en mémoire du Frère Anselme. Récitez-le tous les jours, au moins en partie, et si vous êtes fidèle à cette pratique, vous serez aussi cher à Dieu , qu'un jour, évidemment, vous serez grand parmi les hommes ».

 

Gluck fut fidèle à son chapelet. Sa famille, trop pauvre, ne pouvait lui laisser continuer ses études. Or, un soir, on frappa à la porte de sa demeure ; c'était un maître de chapelle, qui, chargé d'aller recueillir en Italie les œuvres de Palestrina, le prit avec lui, promettant d'achever son instruction. Gluck marcha dès lors grands pas dans la carrière de l'art, mais toujours fidèle aux pratiques de la piété. À la cour de Vienne, au milieu des amusements, le soir, on voyait l'illustre maître s'éloigner, et, comme l'aurait fait un prêtre pour son bréviaire, chercher la solitude afin de dire son chapelet. Lorsqu'une difficulté se présentait dans ses études musicales, vite il se mettait à dire le chapelet, et bientôt la difficulté était vaincue.

 

Quand la mort, après une glorieuse vie, vint pour ainsi dire le foudroyer, elle le trouva prêt. Il tenait encore à la main le pauvre, mais précieux chapelet du Frère Anselme !

 

Pratique : Demandez à Dieu que l'intérieur de notre sainte Mère soit connu, aimé et honoré de tous, et qu'il passe pleinement dans le cœur des fidèles, afin que ses vertus et ses mérites soient un nouveau sujet de complaisance pour Dieu ici-bas. C'est le moyen d'honorer à la fois Jésus et Marie.

 

 

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9 mai 2024

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

 

Dixième jour

Marie, ennemie irréconciliable du démon

 

I. Jamais Dieu n'a fait et formé qu'une inimitié, mais irréconciliable, qui durera et augmentera même jusqu'à la fin : c'est entre Marie sa digne Mère et le diable ; entre les enfants et serviteurs de la sainte Vierge et les enfants et suppôts de Lucifer, en sorte que la plus terrible des ennemies que Dieu ait faites contre le démon est Marie, sa sainte Mère.

 

Il lui a même donné, dès le paradis terrestre, tant de haine contre ce maudit ennemi de Dieu, tant d'industrie pour découvrir la malice de cet antique serpent, tant de force pour vaincre, terrasser, écraser cet orgueilleux impie, que celui-ci l'appréhende plus, non seulement que tous les Anges et les hommes, mais, en un sens, que Dieu même : ce n'est pas que la colère, la haine et la puissance de Dieu ne soient infiniment plus grandes que celles de la sainte Vierge, puisque les perfections de Marie sont limitées, mais c'est : 1º parce que Satan, étant orgueilleux, souffre infiniment plus d'être vaincu par une petite et humble servante de Dieu, et son humilité l'humilie plus que le pouvoir divin ; 2º parce que Dieu a donné à Marie un si grand pouvoir contre les diables, qu'ils craignent plus, comme ils ont été souvent obligés de l'avouer malgré eux, par la bouche des possédés, un seul de ses soupirs pour quelque âme, que les prières de tous les saints, et une seule de ses menaces plus que tous leurs autres tourments.

 

II. Ce que Lucifer a perdu par l'orgueil, Marie l'a gagné par l'humilité ; ce qu'Eve a damné et perdu par désobéissance, Marie l'a sauvé par obéissance. Eve, en obéissant au serpent, a perdu tous ses enfants avec elle et les lui a livrés ; Marie, s'étant rendue parfaitement fidèle à Dieu, a sauvé tous ses enfants et serviteurs avec Elle, et les a consacrés à sa Majesté !

 

Non-seulement Dieu a mis une inimitié, mais des inimitiés, non-seulement entre Marie et le démon, mais entre la race de la sainte Vierge et la race du démon, c'est- à-dire que Dieu a mis des inimitiés, des antipathies et des haines secrètes entre les vrais enfants et serviteurs de Marie et les enfants et esclaves du diable. Ils ne s'aimaient point mutuellement, ils n'ont point de correspondance intérieure, les uns avec les autres. Les enfants de Bélial, les esclaves de Satan, les amis du monde (car c'est la même chose) ont toujours persécuté jusqu'ici et persécuteront plus que jamais ceux et celles qui appartiennent à la très sainte Vierge, comme autrefois Caïn persécuta son frère Abel, et Esaü son frère Jacob, qui sont les figures des réprouvés et des prédestinés.

 

L'humble Marie aura toujours la victoire sur cet orgueilleux, et si grande, qu'elle ira jusqu'à lui écraser la tête où réside son orgueil ; elle découvrira toujours la malice du serpent, elle éventera ses mines infernales, elle dissipera ses conseils diaboliques, et garantira jusqu'à la fin des temps ses fidèles serviteurs de sa patte cruelle ; mais le pouvoir de Marie sur tous les diables éclatera particulièrement dans les derniers temps, où Satan mettra des embûches à son talon, c'est-à-dire à ses humbles esclaves et ses pauvres enfants, qu'elle suscitera pour lui faire la guerre.

 

Ils seront petits et pauvres selon le monde, et abaissés devant tous, foulés et persécutés, comme le talon l'est à l'égard des autres membres du corps ; mais en échange, ils seront riches en grâces de Dieu, que Marie leur distribuera abondamment ; grands et relevés en sainteté devant Dieu, supérieurs à toute créature par leur zèle animé, et si fortement appuyés du secours divin, qu'avec l'humilité de leur talon, en union de Marie, ils écraseront la tête du diable et feront triompher Jésus-Christ.

 

Histoires

 

M. des Bastières, compagnon d'apostolat du bienheureux Montfort, raconte que ce convertisseur des âmes exposa plusieurs fois sa vie pour arracher au démon, avec le secours de Marie, d'infortunées pécheresses, livrées à tous les crimes.

 

« Il m'a souvent conduit, écrit-il , dans des maisons mal famées sans m'avertir, craignant avec raison que je ne le refuse. Quand nous entrions dans ces lieux maudits, il se mettait d'abord à genoux dans la chambre, ayant un petit crucifix à la main . Je m'y mettais à son exemple, et nous disions un Ave Maria, et, après avoir baisé la terre, nous nous relevions . Il les prêchait ensuite avec tant de force et d'onction que ces pécheresses et leurs complices ne savaient que dire, tant ils étaient consternés . La plupart des hommes sortaient en silence, laissant ces samaritaines ; les unes pleuraient amèrement , les autres étaient comme des statues immobiles. M. de Montfort les faisait mettre à genoux, et s'y mettait lui- même. Après les avoir bien prêchées, il leur faisait promettre de quitter pour toujours leur vie criminelle et de faire une confession générale ».

 

La mère d'un franc-maçon et la sainte Vierge

 

La sainte Vierge prouve souvent à quel point elle est l'ennemie de Satan et se plaît à lui arracher ses victimes. En voici une preuve dans le récit d'une mère.

 

« J'avais un fils unique, je l'aimais ! il m'aimait bien aussi, lui. Il était intelligent, je le tins à l'école longtemps, trop longtemps peut-être. Il remportait tous les prix. J'en étais fière, j'avais sans doute tort.

 

À seize ans, il concourut pour un emploi : il fut classé en première ligne. On me prédisait pour lui un bel avenir. Je consentis à le laisser partir : on me disait que c'était pour son bien. Au moment de la séparation, je lui dis en l'embrassant : « Tu aimes la sainte Vierge, mon enfant ; n'oublie pas qu'elle n'a jamais abandonné qui a recours à elle. Tu me le promets, mon Charles ? - Oui, mère », me dit il, en me serrant dans ses bras.

 

Il alla à Marseille. Il m'écrivit souvent au début. Ses lettres étaient affectueuses et pleines d'abandon. Elles devinrent rares par la suite, puis... je pleurai, je priai, j'attendis rien ne venait.

 

Un jour, oh ! bien, bien longtemps après, je reçus un télégramme. Il disait : « Venez vite, votre fils vous réclame ». Je partis en grande hâte. Vingt-quatre heures après, j'étais à Marseille. Je cours à la maison de Charles ; le concierge veut m'empêcher de monter. « Je suis sa mère », lui dis-je, et je gravis l'escalier comme une folle. J'entrai chez mon fils malgré deux Messieurs qui voulaient m'en empêcher.

 

Pauvre Charles, cher enfant, il était bien mal ! Il me serrait dans ses bras et me disait : « Je l'ai implorée, mère, et c'est Elle qui t'envoie. Un prêtre un prêtre ! »

 

Je le calmai. Il me raconta ce qui lui était arrivé. Il avait fréquenté de mauvaises compagnies, des hommes sans foi ni loi ; il était devenu franc-maçon et avait juré de vivre et de mourir sans Dieu, le pauvre cœur ! La maladie était venue ; et, se voyant aller à grands pas vers la mort, il s'était souvenu qu'il était chrétien. Il avait demandé un prêtre, et on le lui avait refusé ! Deux prétendus amis (!) s'étaient constitués les sentinelles du démon pour empêcher le prêtre d'arriver à lui ; sa garde-malade même se refusa d'aller le chercher. Une femme ! Et mon Charles se mourait ! Alors, il se rappela ma recommandation dernière, et le Souvenez-vous monta à ses lèvres ; il le répéta sans cesse et tout haut. Une jeune demoiselle, un ange plutôt, en passant, l'entendit. Elle entra pendant l'absence de la garde ; touchée de pitié, elle m'envoya la dépêche qui me fit venir arracher mon enfant au démon. « Figure-toi, mère, me disait-il, qu'ils voulaient mon corps pour l'enterrer à leur guise. Ils me pressaient de signer un écrit qui le leur eût livré. Oh ! pour cela, mère, non jamais ! tu en serais morte ».

 

Un prêtre que j'avais prié de me suivre arriva bientôt. Il reçut la confession de mon fils et lui donna de la force et du courage. Je restai encore deux jours à ses côtés. À la fin du deuxième, il m'attira à lui et soupira à mon oreille : « Mère, c'est Elle qui t'a envoyée ! » Un moment après, mon fils était mort ».

 

Pratique : Ouvrez votre cœur à Marie et priez-la de le remplir des saintes dispositions d'humilité, de contrition et d'abandon de tout vous-même à la justice divine. Entrez dans ces sentiments toutes les fois que vous réciterez : Je confesse à Dieu, et surtout lorsque vous approchez du saint Tribunal, car si Jésus-Christ est la source de la vraie pénitence, Marie est le canal qui en amène les eaux jusqu'à nous.

 

 

8 mai 2024

 

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

 

Huitième jour

Pouvoir de Marie pour la perfection des Saints

 

I. Si la dévotion à la sainte Vierge est nécessaire à tous les hommes pour faire seulement leur salut, elle l'est encore beaucoup plus à ceux qui sont appelés à une perfection particulière, et je ne crois pas que personne puisse acquérir une union intime avec Notre-Seigneur et une parfaite fidélité au Saint Esprit, sans une très grande union avec la très sainte Vierge et une grande dépendance de son secours.

 

C'est Marie seule qui a trouvé grâce devant Dieu sans aide d'aucune autre créature : ce n'est que par Elle que tous ceux qui viendront après la trouveront.

 

Elle était pleine de grâces lorsqu'elle fut saluée par l'archange Gabriel, et elle fut surabondamment remplie de grâces par le Saint-Esprit lorsqu'il la couvrait de son ombre ineffable, et elle a tellement augmenté de jour en jour et de moment en moment cette plénitude double, qu'elle est arrivée à un degré de grâce immense et inconcevable, en sorte que le Très-Haut l'a faite la trésorière de ses trésors et l'unique dispensatrice de ses grâces, pour anoblir, élever et enrichir qui Elle veut dans la voie étroite du ciel ; pour faire passer, malgré tout, qui Elle veut par la porte étroite de la vie, et pour donner le trône, le sceptre et la couronne de roi à qui Elle veut. Jésus est partout et toujours le Fils de Marie, et Marie est toujours l'arbre véritable qui porte le fruit de la vie, et la vraie mère qui le produit.

 

II. C'est Marie seule à qui Dieu a donné les clefs des celliers du divin amour et le pouvoir d'entrer dans les voies les plus sublimes et les plus secrètes de la perfection et d'y faire entrer les autres. C'est Marie seule qui donne l'entrée dans le paradis terrestre aux misérables enfants d'Eve l'infidèle, pour s'y promener agréablement avec Dieu s'y cacher sûrement contre ses ennemis, et pour s'y nourrir délicieusement, et sans plus craindre la mort, du fruit des arbres de vie et de science du bien et du mal, et pour y boire à longs traits les eaux célestes de cette belle fontaine qui y rejaillit avec abondance ; ou plutôt Elle est elle-même ce paradis terrestre, cette terre vierge et bénie d'où Adam et Eve, les pécheurs, ont été chassés ; Elle ne donne entrée chez Elle qu'à ceux et celles qu'il lui plaît, pour les faire devenir des saints. Tous les riches du peuple, pour me servir de l'expression du Saint-Esprit, tous les riches du peuple supplieront votre visage de siècle en siècle , et particulièrement à la fin du monde, c'est-à-dire que les plus grands saints, les âmes les plus riches en grâces et en vertus seront les plus assidus à prier la très sainte Vierge et à l'avoir toujours présente, comme leur parfait modèle pour l'imiter, et leur aide puissante pour les secourir.

 

J'ai dit que cela arriverait particulièrement à la fin du monde, et bientôt, parce que le Très-Haut, avec sa sainte Mère, doivent se former de grands Saints, qui surpasseront autant en sainteté la plupart des autres Saints, que les cèdres du Liban surpassent les petits arbrisseaux, comme il a été révélé à une sainte âme, dont la vie a été écrite par un grand serviteur de Dieu.

 

III. (Ici le P. de Montfort s'élève jusqu'au ton prophétique pour annoncer la diffusion du règne de Marie, et l'extension de sa dévotion dans les derniers âges du monde) Ces grandes âmes, pleines de grâces et de zèle, seront choisies pour s'opposer aux ennemis de Dieu, qui frémiront de tous côtés, et elles seront singulièrement dévotes à la très sainte Vierge, éclairées par sa lumière, conduites par son esprit, soutenues par son bras et gardées sous sa protection, en sorte qu'elles combattront d'une main et édifieront de l'autre. D'une main, elles combattront, renverseront et écraseront les hérétiques avec leurs hérésies, les schismatiques avec leurs schismes, les idolâtres avec leurs idolâtries, et les pécheurs avec leurs impiétés ; et, de l'autre main, elles édifieront le temple du vrai Salomon et la mystique cité de Dieu, c'est-à-dire la très sainte Vierge, appelée par les Saints Pères le temple de Salomon et la cité de Dieu. Ils porteront tout le monde, par leurs paroles et leurs exemples, à sa véritable dévotion, ce qui leur attirera beaucoup d'ennemis, mais aussi beaucoup de victoires et de gloire par Dieu seul.

 

C'est ce que Dieu a révélé à saint Vincent Ferrier, grand apôtre de son siècle , comme il l'a suffisamment marqué dans un de ses ouvrages.

 

C'est ce que le Saint-Esprit semble avoir prédit dans le psaume 58, 14 et dont voici les paroles : Et scient quia Deus dominabitur Jacob et finium terræ. Et ils sauront que Dieu régnera sur Jacob et sur les extrémités de la terre.

 

Cette ville que les hommes trouveront à la fin du monde, pour se convertir et pour rassasier la faim qu'ils auront de la justice, est la très sainte Vierge, qui est appelée par le Saint-Esprit : ville et cité de Dieu.

 

Histoires

 

Avant de prêcher aux autres la nécessité d'une dévotion extraordinaire envers la sainte Vierge pour arriver à un degré élevé de perfection, le Père de Montfort en avait ressenti le besoin pour lui-même. Aussi, dès sa jeunesse, à peine eut-il entrevu les sommets de la perfection qu'il comprit ne pouvoir les atteindre que par son secours.

 

Le premier auteur de sa vie, qui fut en même temps son ami, remarque que dès le petit séminaire de Saint- Sulpice « les récréations loin de le dissiper, favorisaient son recueillement, car il ne pouvait parler ou entendre parler que de Jésus et de Marie. Il prenait en dégoût toute conversation qui ne rappelait pas le nom du Fils et de la Mère. Ses entretiens roulaient presque toujours sur la sainte Vierge, dont il ne se lassait pas de publier les vertus et les grandeurs... Il revenait toujours à parler de cette Mère céleste qui occupait sa pensée et son cœur... Cette dévotion le suivait partout. Trouvait-il de belles et pieuses images de la Sainte-Vierge, son cœur se satisfaisait à les voir et à les admirer, et il n'épargnait rien pour se les procurer.

 

Il en a acheté quelquefois bon nombre, qu'il distribuait dans le grand et dans le petit séminaire, et se faisait une loi d'en porter toujours une sur ses vêtements ».

 

Le petit Pâtre de Marie

 

Il y a un an, racontait en 1890 M. Fourcade, missionnaire à Pondichéry, une maladie épidémique sévissait parmi le bétail de Singapour. Un petit paria chrétien, âgé de huit ans, gardait les troupeaux d'un homme riche.

 

Comme ils étaient, un jour, tous deux aux champs, l'enfant dit à son maître encore païen : « Maître, la maladie devient de plus en plus forte. Si vous voulez suivre mon conseil, je vous assure que pas un de vos bœufs ne périra. - Dis toujours, répond le maître. - À votre pagode, on fait tous les jours des sacrifices à vos dieux, et cependant la maladie devient plus forte ; vos dieux ne paraissent pas avoir une grande puissance. Moi, je vais faire la promesse d'offrir deux bougies à la Sainte Vierge, notre mère du ciel. Y consentez-vous ? Si aucun de vos bœufs ne périt, donnerez-vous les douze sous pour acheter les deux bougies ? - J'y consens », dit le maître.

 

À cette condition il ne risquait rien. Alors l'enfant tombe à genoux au milieu du champ, et dans sa foi naïve et admirable, joignant ses petites mains et levant les yeux au ciel avec une confiance angélique : « Bonne Mère, s'écria-t-il, si aucun des bœufs de mon maître ne périt, je vous offrirai deux bougies dans votre chapelle ».

 

Cependant la maladie sévissait plus que jamais dans le pays, au point de faire périr plus de cinq cents têtes de bétail, mais elle respecta religieusement les bœufs de notre petit pâtre. Jugez s'il en était fier et s'il se gênait pour exalter la puissance de Marie. Le maître fut fidèle à sa promesse et finit par se convertir. Ce fait fit beaucoup d'impression sur l'esprit des païens et contribua à attirer aux exercices de piété envers la Sainte Vierge plusieurs d'entre eux frappés de la puissance de la Mère de Dieu.

 

Pratique : Approchez-vous de Marie avec une confiance sans bornes. Unissez-vous avec simplicité à cette source de vie la plus pure et la plus sainte que Jésus nous ait ouverte, espérant puiser avec abondance, en notre divine Mère, l'éminence des vertus et la sainteté de vie requises dans l'état où Dieu vous a appelés.

 

 

6 mai 2024

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

 

Septième jour

Le pouvoir de Marie nécessaire à notre salut

 

On doit conclure de ce que j'ai dit :

 

I. Que Marie a reçu de Dieu une grand domination dans les âmes des élus, car elle ne peut pas faire en eux sa résidence , comme Dieu le Père lui a ordonné, les former en Jésus-Christ, et former Jésus-Christ en eux, jeter dans les cœurs les racines de ses vertus, et être la compagne indissoluble du Saint-Esprit pour tous ces ouvrages de grâce ; elle ne peut pas, dis-je, faire toutes ces choses, sans avoir droit et domination dans les âmes par une grâce singulière du Très-Haut, qui lui ayant donné puissance sur son Fils unique, la lui a donnée sur ses enfants adoptifs, non seulement quant au corps, ce qui serait peu de chose, mais aussi quant à l'âme.

 

Marie est la Reine du ciel et de la terre par grâce, comme Jésus en est le Roi par nature et par conquête ; or comme le royaume de Jésus-Christ consiste principalement dans le cœur ou l'intérieur de l'homme, selon cette parole : Le royaume de Dieu est au dedans de vous, de même le royaume de la très sainte Vierge est principalement dans l'intérieur de l'homme, c'est-à-dire dans son âme, et c'est principalement dans les âmes qu'elle est plus glorifiée avec son Fils que de toutes les créatures visibles, et nous pouvons l'appeler avec les Saints : la Reine des cœurs.

 

II. Il faut conclure que la très sainte Vierge étant nécessaire à Dieu, d'une nécessité qu'on appelle hypothétique, en conséquence de sa volonté, elle est bien plus nécessaire aux hommes pour arriver à leur dernière fin. Il ne faut donc pas mêler la dévotion à la sainte Vierge avec les dévotions aux autres Saints , comme si elle n'était pas plus nécessaire.

 

Le docte et pieux Suarez, de la Compagnie de Jésus, et plusieurs autres ont prouvé invinciblement, en conséquence des sentiments des Pères, entre autres de saint Augustin, de saint Ephrem, de saint Cyrille de Jérusalem, de saint Germain de Constantinople, de saint Jean de Damas, de saint Anselme, de saint Bernard, de saint Bernardin, saint Thomas et saint Bonaventure, que la dévotion à la très sainte Vierge est nécessaire au salut, et que c'est une marque infaillible de réprobation de n'avoir pas de l'estime et de l'amour pour la sainte Vierge, et qu'au contraire, c'est une marque infaillible de prédestination de lui être entièrement et véritablement dévoué ou dévot.

 

III. Les figures et les paroles de l'Ancien et du Nouveau Testament le prouvent, les sentiments et les exemples des Saints le confirment, la raison et l'expérience l'apprennent et le démontrent, le diable même et ses suppôts, poussés par la force de la vérité, ont été souvent obligés de l'avouer malgré eux.

 

De tous les passages des Saints Pères et des Docteurs dont j'ai fait un ample recueil pour prouver cette vérité, je n'en rapporte qu'un seul, afin de n'être pas trop long : Tibi devotum esse , est arma quædam salutis quæ Deus his dat quos vult salvos fieri : Vous être dévot, ô sainte Vierge, dit saint Jean Damascène, est une arme de salut, que Dieu donne à ceux qu'il veut sauver ». Et je pourrais rapporter ici plusieurs histoires qui prouvent la même chose, entre autres celle qui est rapportée dans les chroniques de saint Dominique, lorsque quinze mille démons possédant l'âme d'un malheureux hérétique, près de Carcassonne, où saint Dominique prêchait le Rosaire, furent obligés à leur confusion, par le commandement que leur en fit la sainte Vierge, d'avouer plusieurs grandes et consolantes vérités, touchant la dévotion à la sainte Vierge, avec tant de force et de clarté, qu'on ne peut lire cette histoire authentique et le panégyrique que le diable fit malgré lui de la dévotion à la sainte Vierge, sans verser des larmes de joie , pour peu qu'on soit dévot à la très sainte Vierge.

 

Histoires

 

Cette puissance de Marie pour la conversion des pécheurs s'est affirmée souvent dans la vie du Père de Montfort. Il l'a caractérisée en ces termes vulgaires mais énergiques, quand il était au séminaire de Saint- Sulpice : « Jamais aucun pécheur ne m'a résisté, quand j'ai pu lui mettre la main sur le collet avec mon Rosaire ».

 

Il était allé chez un certain M. Dorville, subdélégué de l'Intendant de Bretagne. La dame de la maison lui ayant fait servir à dîner, M. Dorville crut que la bienséance lui commandait de tenir compagnie au saint.

 

« Êtes-vous bien dévot à la sainte Vierge ? » telle fut la première question que le Saint adressa brusquement à cet homme du monde qu'il n'avait jamais vu. Et plaçant sur la table une petite statue de la sainte Vierge qu'il portait toujours sur lui, il remercia sa bonne Mère d'avoir donné à ces gens l'idée de lui offrir à dîner, et la pria de verser ses bénédictions sur cette maison hospitalière. M. Dorville ne savait que penser de cette manière de parler et d'agir du saint homme. Mais, après quelques instants d'entretien, Marie avait touché son cœur : la statue avait produit l'effet qu'en avait attendu le Bienheureux.

 

Les paroles enflammées du saint apôtre de Marie furent une lumière pour M. Dorville. Il se trouva changé en un autre homme. Il promit de réciter tous les jours son Rosaire, et pria le Père de Montfort de le guider dans la vie chrétienne.

 

Saint Vincent Ferrier

 

Saint Vincent Ferrier eut, dès sa jeunesse, une dévotion remarquable envers la sainte Vierge, et un prédicateur lui semblait toujours avoir bien prêché lorsqu'il avait parlé à la louange de cette Reine des Anges. Aussi lorsqu'il fut entré dans l'Ordre de Saint Dominique et qu'il fut voué par état à la conversion des pécheurs, il appela toujours Marie à son secours, surtout dans les cas désespérés.

 

Un jour, il était près du lit d'un mourant. Celui-ci répondit à toutes ses exhortations par ces paroles sataniques : « Je veux me damner, au déplaisir de Jésus-Christ ».

 

Vincent, plein de confiance en Marie, se tourne vers le moribond et lui dit : « Malgré toi je te sauverai ». Il invite les personnes présentes à invoquer avec ferveur la sainte Vierge, et l'on récite le Rosaire.

 

Dieu voulut montrer combien lui plaisait l'héroïque espérance de son serviteur. Avant la fin du Rosaire, la chambre se remplit de lumière, la Mère de Dieu apparaît portant dans ses bras le divin Enfant, mais tout couvert de blessures. Le pécheur, témoin de ce spectacle, se convertit subitement, et demande pardon à Dieu et aux hommes.

 

Pratique : Conjurez Marie d'enlever de votre cœur toutes les affections qui ne seraient pas pour Jésus. Prenez la résolution de réprimer les mouvements de votre impatience naturelle, de l'amour propre et de l'aversion pour vos ennemis, afin d'avoir la patience et l'humilité de Jésus, de vous revêtir de sa divine charité pour tous les hommes.

 

 

 

5 mai 2024

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

 

Sixième jour

Marie, mère des hommes

 

I. Dieu le Père veut toujours avoir des enfants par Marie jusqu'à la consommation du monde, et il lui dit ces paroles : « In Jacob inhabita, Demeurez en Jacob », c'est-à- dire faites votre demeure et résidence dans mes enfants et prédestinés, figurés par Jacob et non point dans les enfants du démon figurés par Esaü.

 

Comme dans l'ordre naturel il faut qu'un enfant ait un père et une mère, de même dans l'ordre de la grâce tous les vrais enfants de Dieu et prédestinés ont Dieu pour père et Marie pour mère ; et qui n'a pas Marie pour mère n'a pas Dieu pour père.

 

C'est pourquoi les réprouvés, comme les hérétiques, les schismatiques, etc, qui laissent ou regardent avec mépris la très sainte Vierge n'ont point Dieu pour père, quoiqu'ils s'en glorifient, parce qu'ils n'ont point Marie pour mère, car s'ils l'avaient pour mère, ils l'aimeraient et l'honoreraient comme un vrai et bon enfant aime naturellement et honore sa mère qui lui a donné la vie.

 

Le signe le plus infaillible et le plus indubitable pour distinguer un hérétique, un homme de mauvaise doctrine, un réprouvé d'avec un prédestiné, c'est que l'hérétique et le réprouvé n'ont que du mépris ou de l'indifférence pour la très sainte Vierge, tâchant par leurs paroles et leurs exemples d'en diminuer le culte et l'amour ouvertement ou en secret, quelquefois sous de beaux prétextes. Hélas ! Dieu n'a point dit à Marie de faire sa demeure en eux parce qu'ils sont des Esaü.

 

 

II. Dieu le Fils veut se former, et, pour ainsi dire, s'incarner tous les jours par sa chère Mère dans ses membres et il lui dit : « In Israel hæreditare, ayez Israël pour héritage » ; c'est comme s'il disait : Dieu, mon Père, m'a donné pour héritage toutes les nations de la terre, tous les hommes bons ou mauvais, prédestinés ou réprouvés ; je conduirai les uns par la verge d'or, et les autres par la verge de fer ; je serai le père et l'avocat des uns, le juste vengeur des autres et le juge de tous ; mais pour vous, ma chère Mère, vous n'aurez pour héritage et possession que les prédestinés figurés par Israël ; et comme leur bonne Mère, vous les enfanterez et les élèverez, et comme leur Souveraine vous les conduirez, les gouvernerez et les défendrez.

 

De plus, Jésus étant à présent autant que jamais le fruit de Marie, comme le ciel et la terre le lui répètent mille fois tous les jours : « Et Jésus le fruit de vos entrailles est béni », il est certain que Jésus-Christ est en particulier pour chaque homme qui le possède, aussi véritablement le fruit et l'œuvre de Marie que pour tout le monde en général, en sorte que si quelque fidèle a Jésus-Christ formé dans son cœur, il peut dire hardiment grand merci à Marie ; ce que je possède est son effet et son fruit, et sans elle je ne l'aurais pas. Et on peut lui appliquer plus véritablement que saint Paul ne se les applique, ces paroles : « quos iterum parturio donec formetur Christus in vobis : J'enfante tous les jours les enfants de Dieu jusqu'à ce que Jésus-Christ mon Fils soit formé en eux dans la plénitude de son âge ».

 

Saint Augustin, se surpassant lui-même en tout ce que je viens de dire, affirme que tous les prédestinés, pour être conformes à l'image du Fils de Dieu, sont en ce monde cachés dans le sein de la très sainte Vierge, où ils sont gardés, nourris, entretenus et agrandis par cette bonne Mère, jusqu'à ce qu'elle les enfante à la gloire, après la mort, qui est proprement le jour de la naissance, comme l’Église appelle la mort des justes. Ô mystère de grâce inconnu aux réprouvés et peu connu aux prédestinés !

 

III. Dieu le Saint-Esprit veut se former en Elle et par Elle des élus, et il lui dit : « In electis meis mitte radices : Jetez, ma bien-aimée, les racines de toutes vos vertus dans mes élus, afin qu'ils croissent de vertu en vertu, et de grâce en grâce. J'ai pris tant de complaisance en vous, lorsque vous viviez sur la terre, dans la pratique des plus sublimes vertus, que je désire encore vous trouver sur la terre, sans que vous cessiez d'être dans le ciel. Reproduisez-vous, pour cet effet, dans mes élus que je voie en eux avec complaisance les racines de votre foi invincible, de votre humilité profonde, de votre mortification universelle, de votre oraison sublime, de votre charité ardente, de votre espérance ferme et de toutes vos vertus. Vous êtes toujours mon épouse aussi fidèle, aussi pure et aussi féconde que jamais. Que votre foi me donne des fidèles ; que votre pureté me donne des vierges ; que votre fécondité me donne des élus et des temples ! »

 

Quand Marie a jeté ses racines dans une âme, elle y produit des merveilles de grâce qu'elle seule peut produire.

 

Histoires

 

C'est surtout au moment de choisir un état de vie qu'on a besoin des conseils et des inspirations de la Sainte Vierge. Aucune mère ne peut ici-bas donner des conseils aussi sages.

 

Le Père de Montfort, pendant son cours de philosophie, comprit combien il avait besoin d'elle, et sa décision fut bientôt prise. Avec son énergie de caractère, sa profonde piété et sa confiance sans bornes envers Marie, ses indécisions n'avaient pas duré longtemps. Que de fois, alors, il dut répéter ces paroles de notre liturgie : « Monstra te esse matrem, sumat per te preces qui pro nobis natus tulit esse tuus ! » Les conseils de sa bonne Mère du ciel ne lui manquèrent pas à ce moment critique. C'est du moins ce qu'affirme son condisciple et son ami, M. Blain.

 

« Il semble, dit-il, que la sainte Vierge le conduisait en toutes ses voies, comme l'Archange Gabriel le jeune Tobie. Il semble qu'il apprenait d'Elle tout ce qu'il avait à faire, même dans les choses les plus embarrassées, comme la vocation à un état de vie ».

 

Nous ne pouvons mieux faire, dans les mêmes circonstances, que d'imiter ce beau modèle.

 

Des Juifs sauvés par Marie

 

En 1881, le jour de l'Immaculée Conception, au moment de l'incendie du grand théâtre de Vienne, en Autriche, une femme juive, qui y avait envoyé ses trois enfants , apprenant qu'il brûlait, sortit de sa maison, tout éperdue de douleur, criant de toutes ses forces : « Maria hilf, Maria hilf ! » c'est-à-dire : « Marie, au secours, Marie au secours ! »

Cette malheureuse mère s'était souvenue que dans leurs détresses les chrétiens recouraient à leur Mère du ciel et surtout l'invoquaient sous le titre de Notre Dame du Secours ou Maria hilf, nom que porte une des églises de Vienne.

 

Et répétant sans interruption cette invocation si étonnante dans la bouche d'une juive, elle arrive au lieu du sinistre, au moment où l'on sortait ; une à une, de cette immense fournaise, les infortunées victimes toutes calcinées.

 

La juive, à cette vue, redouble son cri d'alarme : « Maria hilf !... » Bientôt elle se trouve entourée, comme miraculeusement, de ses trois enfants échappés aux flammes d'une manière si extraordinaire, quand plus de mille victimes furent brûlées vives dans cette fournaise, véritable et vivante image de l'enfer (1).

 

Ivre de joie et de reconnaissance, la pauvre mère les entraîne de ce pas dans l'église de Maria hilf pour louer et remercier la bonne Mère des chrétiens d'avoir sauvé des flammes ses chers enfants. Elle demande six messes d'actions de grâces pour remercier Marie de ce bienfait.

 

Une fois de plus, Marie s'était montrée la Mère de ceux qui l'aiment sans la connaître.

 

(1) On n'a pu savoir exactement le nombre des victimes. On avait délivré 854 billets d'entrée seulement dans les 3° et 4 étages.

 

Pratique : Considérez, avec reconnaissance et bonheur, que vous êtes l'enfant de Marie, non pas quant à votre corps, mais quant à la vie surnaturelle de votre âme, qui est la plus excellente portion de vous-même. Marie a fait, de ses mains, la tunique dont elle couvrit le corps de Jésus, de même, comme une bonne Mère, elle revêt votre âme des mérites de son Fils et des siens propres, se montrant ainsi la Mère des vivants.

 

 

Reconnaissance et amour à Marie !

 

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4 mai 2024

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

 

Cinquième jour

Marie, mère de Dieu

 

Effet admirable des merveilles de l'Incarnation ! La sainte humanité de Jésus n'ayant de personne que dans le Verbe, Marie est véritablement Mère de Dieu, à cause de l'unité de la personne. Le Fils de Marie est le Fils même du Père éternel, et Jésus-Christ n'est pas plus véritablement appelé Fils de Dieu que Fils de la Vierge Marie.

 

Que dire donc de la Maternité divine ?

 

I. On assure de saint Denis qu'il l'eût prise pour une divinité s'il n'eût eu la foi, et cela est très véritable à cause de l'union intime de Dieu habitant en Marie qui rayonnait en elle, en quelque sorte comme le soleil à travers le cristal, qu'il éclaire de mille feux.

 

L'Ecriture dit, des justes qui vivent encore sur la terre, qu'ils sont transformés de clartés en clartés, par l'Esprit du Seigneur, ce que les Pères grecs appellent déification, et qui d'après saint Jean et saint Paul doit être achevé dans les Bienheureux : En voyant Dieu tel qu'il est, nous serons semblables à lui. Il n'y a pas moyen d'expliquer ces choses. Disons seulement que Marie communique à Jésus-Christ sa vie, son sang, son être ; elle le fait participant de tout ce qu'elle a et de tout ce qu'elle est.

 

Mais Jésus-Christ n'en fait pas moins pour Elle. Il la communie à ses grâces, à sa vie divine, à ses trésors immenses ; en un mot, il se donne tout à sa Mère. Dès les premiers moments de l'Incarnation, le Verbe fait chair était alors tout embaumé de son Père, tout enivré des délices de Dieu, tout absorbé dans l'amour ; après avoir prié pour Marie, et s'être offert pour elle à Dieu, Jésus versa dans elle les prémices de son Esprit, de sa vie et les trésors immenses de sa charité.

 

Si, après être entré dans le sein de son Père par sa glorieuse Ascension, il répandit dans le cœur des Apôtres, pour prémices de son Esprit, les richesses les plus abondantes qu'il ait versées dans son Église, combien ces prémices de grâce, lorsqu'il descendit lui-même du sein du Père dans sa Mère, ont-elles été fécondes, abondantes, magnifiques !

 

II. Dans le sein de Marie comme dans le premier temple de la religion chrétienne, il rend à Dieu son Père les devoirs que son égalité divine et éternelle avec lui n'avait pas permis de lui rendre. C'est là que Dieu le Verbe, égal à son Père de toute éternité, qui n'avait pu s'abaisser au-dessous de soi-même, se trouve en notre chair par le moyen de Marie, admirant un Dieu, adorant un Dieu, et le magnifiant dans toute l'étendue de sa gloire ; c'est là enfin que le Fils devient, dans sa nature humaine, inférieur au Père, et que cependant le Père est adoré autant qu'il est adorable.

 

Dès le premier moment de son Incarnation, il offre à son Père toute sa vie et celle de tous ses membres ; il consacre l’Église pour être immolé avec lui en sacrifice d'expiation sur la croix, en attendant le sacrifice de l'éternité. Ainsi Marie est le temple vivant où Jésus-Christ offre, par avance, le sacrifice du temps et de l'éternité.

 

La demeure de Jésus en Marie est l'image du ciel et la figure du sein du Père, où Jésus-Christ offrira sur l'autel d'or, dont parle l'Ecriture, et qui est la personne même du Verbe, les louanges de son cœur et celles de tous les fidèles consommés en lui dans la gloire.

 

III. Bien plus, dès ce premier instant de sa conception, Jésus-Christ, se trouvant redevable à Marie de sa génération comme homme et du pouvoir de mériter, qui est son humanité sainte, qui lui donne le moyen de sanctifier ainsi le nom de Dieu et de lui offrir les premiers devoirs de religion, il rend sa Mère participante de ses adorations, de ses louanges, et la fait la seconde adoratrice parfaite, en esprit et en vérité, de la grandeur de Dieu.

 

Marie sent les dispositions intérieures de Jésus-Christ et les a connues avec lui. Si le Fils rend ses devoirs au Père par ses élévations en lui, la très sainte Vierge se trouve élevée vers Dieu, en l'unité du Saint-Esprit. Elle est une image accomplie des beautés de Jésus-Christ. Qui voit le Père voit le Fils, et qui voit le Fils voit le Père, ainsi peut-on dire jusqu'à un certain point : qui voit la Mère voit le Fils, et qui voit le Fils voit la Mère. Le Fils est la gloire du Père, et Marie est la gloire de Jésus-Christ.

 

Ô Mère incomparable ! heureuse Vierge, vous recevez et vous donnez tout ce qu'il y a de plus grand et de plus auguste au monde ! Vous recevez en vous la plénitude de la divinité du Verbe, et vous rendez au Père, par le Fils, toutes les louanges et toutes les gloires qui peuvent l'honorer.

 

Ô mon Dieu, qui sera digne de pénétrer ce secret divin, d'être introduit dans ce sanctuaire inaccessible ? Ange, dites à présent avec raison, en saluant Marie Ave gratia plena !

 

Si vous honoriez cette auguste princesse, lorsqu'Elle n'était encore que la servante du Seigneur ; si vous vénériez cette sainte âme, à cause de sa capacité pour recevoir en Elle les dons de Dieu, que sera-ce maintenant qu'Elle en est toute remplie, non pas comme le canal d'une fontaine par l'écoulement de sa source ; non pas comme une rivière remplie par l'épanchement de la mer, mais comme un abîme sans fond et sans limites, qui comprend l'océan même de la divinité. C'est une merveille inconcevable à tous les esprits célestes que cette immensité de grâces.

 

Ô grandeur inconcevable de Marie ! Ô sainteté ineffable ! tu me ravis, tu m'arraches les larmes des yeux, tu m'ôtes la parole du cœur, la pensée de l'esprit ; je te révère et ne peut faire davantage.

 

Histoires

 

Le passage des classes inférieures aux supérieures est souvent fatal aux jeunes gens, à cause de la liberté plus grande de travail et de fréquentations qui leur est accordée ; cette circonstance ne servit qu'à faire avancer le Père de Montfort dans la ferveur. Le Saint avait alors dix-huit ans. Ayant fait son cours de philosophie sous le R. P. Prévost, homme doué d'une ardente dévotion à la Sainte Vierge, Montfort semblerait l'avoir prise de lui s'il ne l'eût fait paraître dès le berceau.

 

Son amour pour la bonne Mère était comme né avec lui, et l'on peut dire que Marie l'avait choisi la première et avait gravé dans sa jeune âme cette tendresse si singulière qui l'a fait regarder comme un des plus grands dévots de la Mère de Dieu. Il allait à elle comme à sa propre mère, avec une simplicité enfantine, lui exposant tous ses besoins temporels et spirituels. Tout, à son avis, était fait quand il avait prié et demandé conseil à sa Mère du ciel. C'est à cette dévotion qu'il faut attribuer sa merveilleuse innocence.

 

La bienheureuse Marguerite

 

Une bienheureuse, de l'Ordre de Saint-Dominique, nommée Marguerite, fille d'un roi de Hongrie, proclamait à chaque instant la divine grandeur de la très sainte Mère de Dieu. Elle ne parlait de Marie qu'en l'appelant « l'Espérance du monde », ou bien « la Mère de Dieu ».

 

Vouée à la Sainte Vierge par son père et sa mère, la petite Marguerite commença d'aimer et servir la Mère de Dieu en même temps qu'elle commença à comprendre, à parler et à marcher. À l'âge de trois ans et demi, elle avait été confiée aux soins des bonnes sœurs Dominicaines, et six mois après, elle savait déjà par cœur l'Office de la Sainte Vierge, et se plaisait à le réciter au chœur avec les Religieuses. Elle tâchait d'entraîner ses petites compagnes à l'amour de la bonne Mère. « Venez, leur disait-elle, au milieu des récréations ; venez, entrons dans la chapelle, et saluons la bienheureuse Vierge ! »

 

Passait-elle devant une image de Marie, elle se mettait à genoux et récitait pieusement l'Ave Maria. Toutes les fêtes de la Sainte Vierge étaient pour elle des jours de bonheur et de ferveur ; elle avait coutume d'y offrir, à la Mère de Jésus, un gros bouquet de mille Ave Maria. On l'a vue même, quelquefois, faire en ces jours-là, autant de génuflexions qu'elle disait d'Ave Maria. Sa sainteté admirable lui vint tout entière de Jésus par Marie.

 

Pratique : Imitez ces beaux sentiments, et demandez à Jésus d'aimer, de vénérer, d'honorer sa Mère, comme les Saints l'ont honorée et aimée, par une confiance et un amour tout filial.

 

 

3 mai 2024

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

Le Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

Troisième jour

Les trois personnes divines ont eu besoin du ministère de Marie

 

I. J'avoue, avec toute l’Église, que Marie étant une pure créature sortie des mains du Très-Haut, comparée à sa Majesté infinie, est moindre qu'un atome, ou plutôt n'est rien du tout, puisqu'il est seul Celui qui est, et que par conséquent ce grand Seigneur, toujours indépendant et se suffisant à lui-même, n'a point eu, ni n'a point encore besoin de la sainte Vierge pour l'accomplissement de sa volonté et la manifestation de sa gloire : il n'a qu'à vouloir pour tout faire.

 

Je dis cependant que, les choses supposées comme elles sont, Dieu ayant voulu commencer et achever ses plus grands ouvrages par la très sainte Vierge depuis qu'il l'a formée, il est à croire qu'il ne changera point de conduite dans les siècles des siècles.

 

Dieu le Père n'a donné son Unique au monde que par Marie. Quelques soupirs qu'aient poussés les Patriarches, quelques demandes qu'aient faites les Prophètes et les Saints de l'ancienne loi pendant 4000 ans pour avoir ce trésor, il n'y a eu que Marie qui l'ait mérité, et trouvé grâce devant Dieu par la force de ses prières et la hauteur de ses vertus. Le monde était indigne, dit saint Augustin, de recevoir le Fils de Dieu immédiatement des mains du Père ; il l'a donné à Marie afin que le monde le reçût par elle. Le Fils de Dieu s'est fait homme pour notre salut, mais en Marie et par Marie, Dieu le Saint-Esprit a formé Jésus-Christ en Marie, mais après lui avoir demandé son consentement par un des premiers ministres de sa cour.

 

II. Dieu fait homme a trouvé sa liberté à se voir emprisonné dans le sein de Marie. Il a fait éclater sa force à se laisser porter par cette Vierge bénie ; il a trouvé sa gloire et celle de son Père à cacher ses splendeurs à toutes les créatures d'ici-bas pour ne les révéler qu'à Marie ; il a glorifié son indépendance et sa majesté à dépendre de cette aimable Vierge dans sa conception, sa naissance, sa présentation au temple, en sa vie cachée de trente ans, jusqu'à sa mort où elle devait assister, pour ne faire avec elle qu'un même sacrifice, et pour être immolé par son consentement au Père éternel, comme autrefois Isaac par le consentement d'Abraham à la volonté de Dieu ; c'est elle qui l'a allaité, nourri, entretenu, élevé et sacrifié pour nous.

 

Ô divine et incompréhensible dépendance d'un Dieu, que le Saint-Esprit n'a pu passer sous silence dans l'Evangile, quoiqu'il nous ait caché presque toutes les choses admirables que cette Sagesse incarnée a faites dans sa vie cachée, pour nous en montrer le prix ! Jésus-Christ a plus donné de gloire à Dieu son Père par la soumission qu'il a eue à sa Mère pendant trente années, qu'il ne lui en eût donné en convertissant toute la terre par l'opération des plus grandes merveilles. Oh ! qu'on glorifie hautement Dieu quand on se soumet pour lui plaire à Marie, à l'exemple de Jésus-Christ, notre unique modèle !

 

Si nous examinons de près le reste de la vie de Jésus-Christ, nous verrons qu'il a voulu commencer ses miracles par Marie ; il a sanctifié saint Jean dans le sein de sa mère par la parole de Marie. Aussitôt qu'elle eut parlé, Jean fut sanctifié, et c'est son premier et son plus grand miracle de grâce. Il changea aux noces de Cana l'eau en vin à son humble prière, et c'est son premier miracle de nature. Il a commencé et continué ses miracles par Marie, et il les continuera jusqu'à la fin des siècles par Marie.

 

III. Dieu le Saint-Esprit, étant stérile en Dieu, c'est-à-dire ne produisant pas d'autre personne divine, est devenu fécond par Marie qu'il a épousée. C'est avec Elle, en Elle et d'Elle qu'il a produit son chef-d'œuvre qui est un Dieu fait homme, et qu'il produit tous les jours jusqu'à la fin du monde les prédestinés. Ce sont les membres du corps de ce Chef adorable. C'est pourquoi plus il trouve Marie dans une âme, et plus il devient opérant et puissant pour produire Jésus-Christ en cette âme et cette âme en Jésus-Christ. Cet Esprit de Dieu la faisait vivre comme vivrait un saint du paradis venu sur la terre et attendant son retour vers le ciel.

 

Histoires

 

Ici en Angleterre, dit le Père Faber, Marie n'est pas moitié assez prêchée. La dévotion qu'on a pour Elle est faible, maigre et pauvre ; elle est jetée hors de sa voie par les ricanements de l'hérésie. Dominée par le respect humain et la prudence charnelle, elle voudrait faire de la vraie Marie une Marie si petite, que les protestants puissent se sentir à l'aise autour d'Elle. Et c'est pourquoi Jésus-Christ n'est pas aimé, les hérétiques ne sont pas convertis, l’Église n'est pas exaltée, les âmes qui pourraient être saintes dépérissent et dégénèrent, les sacrements ne sont pas fréquentés comme il faut. Jésus n'est pas connu parce que Marie est laissée en oubli ; des milliers d'âmes périssent parce que Marie est éloignée d'elles… Cependant si nous devons croire la révélation des Saints, Dieu veut expressément une dévotion plus grande, une plus large, une plus solide, une toute autre dévotion envers sa sainte Mère. Je ne crois pas qu'il y ait une œuvre plus excellente, plus puissante pour arriver à ce but que la simple propagation de cette dévotion particulière de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort.

 

Que quelqu'un essaie seulement pour lui-même cette dévotion, et la surprise que lui feront les grâces qu'elle porte avec elle, et les transformations qu'elle produira dans son âme le convaincront bientôt de son efficacité, d'ailleurs presque incroyable, comme moyen pour obtenir le salut des âmes et la venue du royaume de Jésus-Christ.

 

Oh ! si Marie était seulement connue, il n'y aurait pas de froideur alors pour Jésus ! Oh ! si Marie était seulement connue, combien plus admirable serait notre foi, et combien différentes seraient nos communions ! Oh ! Si Marie était seulement connue, combien plus heureux, combien plus saints, combien moins mondains nous serions, et combien même nous deviendrions les images vivantes de Notre-Seigneur et Sauveur, son très cher et tout divin Fils !

 

Un Juif converti par Marie

 

La sainte Trinité, qui a voulu avoir besoin de la sainte Vierge Marie dans le grand ouvrage de l'Incarnation, veut encore se servir chaque jour de son ministère pour toucher les cœurs endurcis ; c'est par elle souvent qu'elle appelle les âmes à la conversion, tellement est profonde et vraie cette parole du P. de Montfort : Pour aller à Jésus, allons par Marie. Une preuve entre mille.

 

« Né de parents israélites, élevé dans les principes de la loi de Moïse, le jeune B. K. se trouva un jour entraîné par quelques camarades de son âge dans une église de Paris. En ce moment, on célébrait les touchantes cérémonies de la première communion. Que se passa-t-il dans le cœur du jeune israélite pendant cette heure solennelle ?... Ce que nous savons, c'est que jamais ce délicieux spectacle ne s'effaça de son cœur. Il alla même jusqu'à manifester le désir de partager, lui aussi, le bonheur des enfants privilégiés qu'il avait vus communiant pour la première fois. Mais son heure n'était pas encore venue sans doute, car sa mère, à peu de jours de là, l'engagea comme mousse à bord d'un navire. Cette brusque détermination allait donc anéantir les projets de l'enfant. Ainsi, du moins, le croyait cette mère, ignorant que l’Esprit de Dieu souffle où il veut ».

 

Le vaisseau qui porte le jeune B. K , assailli par une violente tempête, ne tarde pas à faire naufrage. Quelques matelots, ayant trouvé un refuge dans la chaloupe, recueillent le mousse, et tous ensemble s'enrôlent sur un bâtiment qu'ils ont le bonheur de rencontrer. Mais leur tranquillité, hélas ! ne fut pas de longue durée : une nouvelle tempête se déchaîna avec plus de fureur peut-être que la première fois, et le navire fut englouti. Pensant que c'en était fait de lui, le pauvre enfant ferma les yeux et perdit connaissance.

 

Sauvé de nouveau dans la chaloupe, il fut pris à bord d'un troisième navire. Ce dernier aussi était condamné à périr corps et biens. Mais, au plus fort de la bourrasque, les matelots invoquèrent Marie, la sublime Etoile de la mer. Cette prière à la sainte Vierge, au milieu d'une épouvantable tempête, fit une telle impression sur le pauvre petit, qu'il mêla sa voix profane à celle des serviteurs de Marie.

 

Et pendant qu'il priait ainsi, une lame l'enleva et le précipita dans les flots furieux de l'Océan. Que devinrent les autres matelots ? B. K. ne l'a pas su. Pour lui, étourdi par le choc, il reprit bientôt ses sens et nagea avec désespoir. Brisé de fatigue, anéanti par l'émotion, il se sentait perdu sans ressources, quand il aperçut à quelques brasses de lui, un tonneau chassé par les flots. Réunissant alors ce qui lui restait de forces, il l'atteignit et s'y cramponna avec une suprême énergie.

 

C'était sa planche de salut. Installé sur son tonneau, au milieu de l'Océan, notre mousse se prit à réfléchir. Il se rappela la scène de la tempête et la touchante prière des matelots à Marie. Cette prière, il la savait ; aussi monta-t-elle ardente de son cœur à ses lèvres. Le petit israélite disait à la Mère des chrétiens : « Marie, ô sainte Vierge, sauvez-moi, et bientôt, je vous le jure, je serai votre enfant ».

Un navire qui revenait en France, aperçut cette bouée et délivra le mousse. On débarqua à Rouen. Le jeune B. K., qui avait passé par tant de périls, avait hâte de revoir sa famille. Il gagna Paris à pied, et vint tout joyeux frapper à la porte maternelle... Mais elle demeura close. Navré de douleur, mourant de faim, il fut trouvé, deux jours après, sur le banc d'un square par un enfant chrétien. Une charitable et pieuse famille le recueillit pendant une huitaine de jours, et nous l'amena ensuite. Le cher enfant voulait recevoir le saint baptême et faire sa première communion. « Oh ! vous verrez, Monsieur l'Abbé, comme je serai méconnaissable, nous disait-il, quand je serai chrétien ! » Aujourd'hui, en effet, ce cher protégé de Marie est un chrétien fervent. (L. Roussel).

 

Pratique : Prosternez-vous devant Marie et dites-lui : « O Mère incomparable, heureuse Vierge, vous recevez et vous donnez tout ce qu'il y a de plus grand au monde ! vous recevez en vous la plénitude de la divinité du Verbe, et vous rendez au Père, par le Fils, toutes les louanges et les gloires qui peuvent l'honorer. Adorable mystère ! que vous êtes inconnu ! Ô mon Dieu ! qui sera digne de pénétrer ce secret divin, d'être introduit dans ce sanctuaire inaccessible !

 

 

1 mai 2024

Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

 

Deuxième jour

Gloire de Marie au Ciel

 

I. Il vaudrait mieux honorer, par notre silence, la gloire de Marie au ciel, que de vouloir l'exprimer par nos faibles discours. Quel est le fleuve qui puisse recevoir dans son sein l'étendue des mers ? Quel esprit assez vaste pour embrasser ce grand Océan, cette mer qui renferme la plénitude de la grâce et de la gloire, communiquée hors de Jésus-Christ ? Car son divin Fils a mis dans le cœur de la très sainte Vierge des grâces et des dons singuliers qu'elle seule possède, et qui ne seront jamais donnés à aucune autre créature.

 

Aussi tous les jours, d'un bout de la terre à l'autre, dans le plus haut des cieux dans le plus profond des abîmes, tout prêche, tout publie la divine Marie ; les neuf chœurs des Anges, les hommes de tous sexes, de tous les âges, de toutes conditions, bons et mauvais, jusqu'aux démons sont obligés de l'appeler Bienheureuse par la force de la vérité.

 

Tous les Anges dans les cieux lui crient incessamment, a dit saint Bonaventure : « Sancta, Sancta, Sancta Maria Dei Genitrix et Virgo : Sainte, sainte, sainte est Marie, Mère de Dieu et Vierge » ; et tous les jours, lui offrent, des millions de fois, la salutation de l'Ange : Ave Maria… ; en se prosternant devant elle, ils lui demandent pour grâce de les honorer de quelques-uns de ses commandements, jusqu'à saint Michel, dit saint Augustin, quoique le prince de la Cour céleste, est le plus zélé à lui rendre et à lui faire rendre toutes sortes d'honneur, toujours en attente pour avoir l'honneur d'aller, à sa parole, rendre service à quelqu'un de ses serviteurs.

 

Il me semble voir Jésus et Marie dans les cieux, tout couronnés en un et n'être qu'une chose. Je ne puis exprimer ce mélange des deux, ce mutuel amour qui les transmet et les transporte l'un en l'autre ; c'est un amour qui seul serait capable de faire un paradis. Elle est comme revêtue du soleil ; elle ne paraît plus elle-même, mais semble être le soleil de justice, transformée en lui dans le séjour de la gloire.

Ô admirable et incompréhensible communion de Jésus en Marie ! C'est bien d'Elle surtout qu'il faut dire : En ce jour-là, c'est-à-dire au jour de l'éternité, vous comprendrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi, et que je suis en vous (Jn. 14).

 

II. Marie est l'excellent chef-d'œuvre du Très-Haut dont Dieu s'est réservé la connaissance et la possession. Marie est la Mère admirable du Fils, que Jésus-Christ a pris plaisir à humilier et à cacher pendant sa vie pour favoriser son humilité, la traitant du nom de femme : Mulier, comme une étrangère, quoique, dans son cœur, il l'estimât et l'aimât plus que tous les Anges et les hommes. Marie est la fontaine scellée et l'Epouse fidèle du Saint-Esprit, où lui seul doit entrer. Marie est le sanctuaire et le repos de la sainte Trinité, où Dieu est plus magnifiquement et divinement qu'en aucun lieu de l'univers, et il n'est permis à aucune créature, quelque pure qu'elle soit, d'y entrer sans un grand privilège.

 

Je dis avec les Saints : la divine Marie est la Reine des Anges. Ils ne sont, à son égard, que de simples serviteurs ; ils semblent être son manteau royal, n'étant que la dilatation de sa gloire. Les Saints Pères l'appellent le Cantique des chérubins, des séraphins, et la psalmodie des anges, qui se reconnaissant incapables d'honorer dignement Jésus-Christ, lui offrent cette divine Vierge comme le supplément de leur cantique et de leur reconnaissance (Mr Ollier, Vie intérieure de la Sainte Vierge, chap. 18).

 

Elle est appelée par les Pères la Couronne de tous les saints, parce qu'elle est non-seulement leur lumière et leur grâce, mais aussi leur gloire et leur béatitude. Je dis aussi : « On n'a point encore assez loué, exalté, honoré, aimé et servi Marie ». Elle a mérité encore plus de louanges, de respects, d'amour et de services.

 

III. Après cela, il faut dire avec le Saint-Esprit : « Omnis gloria ejus Filiæ Regis ab intus : toute la gloire de la Fille du Roi est au dedans ». Comme si toute la gloire extérieure que lui rendent à l'envi le ciel et la terre n'était rien en comparaison de celle qu'elle reçoit au dedans par le Créateur, et qui n'est point connue des petites créatures qui ne peuvent pénétrer le secret des secrets du Roi.

 

Après cela, il faut nous écrier avec l'Apôtre : « Nec oculus vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit : Ni l'œil n'a vu, ni l'oreille n'a entendu, ni le cœur de l'homme n'a compris les beautés, les splendeurs et excellences de Marie », le miracle des miracles de la grâce, de la nature et de la gloire. Si vous voulez comprendre la Mère dit un Saint, comprenez le Fils, car c'est une digne Mère de Dieu : « Hic tacet omnis lingua : que toute langue demeure muette ici ! »

 

Mon cœur vient de dicter tout ce que je viens d'écrire avec une joie toute particulière, pour montrer que la divine Marie a été inconnue jusqu'ici et que c'est une des raisons pour lesquelles Jésus-Christ n'est point connu comme il doit l'être. Si donc, comme il est certain, le règne de Jésus-Christ arrive dans le monde, ce ne sera qu'une suite nécessaire de la connaissance et du règne de la très sainte Vierge Marie, qui l'a mis au monde la première fois et le fera éclater la seconde.

 

Histoires

 

Il est bon de connaître le jugement qu'ont porté sur les écrits et la doctrine du P. de Montfort les auteurs spirituels et les théologiens modernes. Le R. P. Faber, qui est regardé comme un des premiers écrivains ascétiques de notre époque, a traduit en français ce Traité de la vraie dévotion à là Sainte Vierge, et voici ce qu'il écrit :

 

« C'était en l'année 1846 ou 1847, à Saint-Wilfrid, que j'étudiai pour la première fois la vie et l'esprit du vénérable Grignon de Montfort. Aujourd'hui, après plus de 15 années, il m'est bien permis de dire que ceux qui le prennent pour leur maître trouveront difficilement un saint ou un écrivain ascétique qui captive plus que lui leur intelligence par sa grâce et son esprit. Nous ne pouvons encore l'appeler saint ; mais le procès de sa béatification est tellement et si heureusement avancé, que nous ne pouvons pas avoir longtemps à attendre, avant qu'il soit placé sur les autels.

 

Dans le XVIIe siècle, peu de personnages sont marqués par la Providence aussi visiblement que cet autre Elie, missionnaire du Saint-Esprit et de Marie. Sa vie entière fut une telle manifestation de la sainte folie de la croix, que ses biographes s'accordent à le classer avec saint Simon-Salus et saint Philippe de Néri. Depuis les épîtres des Apôtres, il serait difficile de trouver des paroles aussi brûlantes que les douze pages de sa prière pour les missionnaires de sa Compagnie. Il était à la fois persécuté et vénéré partout.

 

La somme de ses travaux est vraiment incroyable et inexplicable. Il a écrit quelques traités spirituels, qui ont eu déjà une influence remarquable sur l’Église, depuis le peu d'années qu'ils sont connus, et qui sont appelés à avoir une influence plus grande encore dans les années à venir. Ses prédications, ses écrits et sa conversation étaient tout imprégnés de prophéties et de vues anticipées sur les derniers âges de l’Église ».

 

Voici également le sentiment des théologiens de Rome, rédacteurs des Analecta juris pontificii : « L'impression que produisent les écrits du vénérable serviteur de Dieu n'est pas la même que celle des ouvrages ordinaires. On y sent une onction intérieure, une paix et une consolation qui se trouvent uniquement dans les écrits des âmes privilégiées que Dieu favorise de lumières particulières. La vie de Jésus-Christ dans les âmes régénérées par le baptême est le principe fondamental de sa doctrine : Christum habitare per fidem in cordibus vestris (Ep. 3, 2), et de l'épître aux Galates : Vivo, jam non ego, vivit vero in me Christus (Gal. 2, 20). C'est la vie du nouvel Adam dans les chrétiens dont parle saint Ignace d'Antioche, et qui portait le père d'Origène à baiser tendrement la poitrine de son fils, où il considérait un vrai temple de l'Esprit de Jésus Christ. Cette dévotion à Jésus-Christ vivant dans les âmes fut pratiquée et recommandée par le pieux fondateur de Saint-Sulpice à Paris (Mr. Ollier). Le Vénérable Grignon de Montfort, l'un des plus illustres élèves de ce séminaire, s'en montre pénétré profondément ».

 

Le rosier du Mois de Marie

 

« Papa, disait une charmante petite fille de six ans à un ancien militaire , qui occupait ses loisirs à cultiver ses jardins et ses champs, donnez-moi ces jolies roses qui sentent si bon et dont la blancheur égale celle des lys - Pour les effeuiller sans doute, répondit le père de l'enfant. - Non, non, répliqua celle-ci, elles sont trop belles pour cela. - Mais qu'en feras-tu ? - C'est mon secret. - Ton secret ? Le mot est risible... Et si je te donnais l'arbuste entier, me dévoilerais-tu cet important mystère ? - Cher papa, donnez-moi toujours, je vous dirai plus tard à qui je destine ces fleurs. - À la tombe de ta pauvre mère, sans doute ? - C'est bien pour ma mère... mais... pour ma Mère du ciel ».

 

En prononçant ces derniers mots, la voix de l'enfant avait un accent si pénétrant et si doux, que le père, sans en avoir compris le sens, en fut néanmoins profondément ému. Il s'avança donc vers le rosier, le détacha habilement de la terre, et le remit entre les mains de sa petite fille, qui s'éloigna aussitôt, emportant son cher trésor.

 

Quand la bonne petite rentra au logis, il était déjà tard. Son père l'embrassa plus tendrement encore que de coutume et se retira dans sa chambre pour prendre un repos bien nécessaire. Mais, hélas ! le sommeil ne vint point fermer ses paupières : une agitation fébrile s'était emparée de son esprit. Lui, le brave guerrier, le soldat intrépide que le bruit du canon et de la mitraille n'avait jamais fait pâlir, éprouvait un saisissement inexprimable. Pour calmer ces cruelles angoisses, vrai cauchemar de l'âme causé par le remords, il se mit à balbutier quelques unes de ces prières qu'aux jours de son enfance il avait bien des fois redites sur les genoux maternels ; et les mots bénis qui, depuis tant d'années peut-être, jamais n'avaient effleuré les lèvres du vieux soldat, vinrent s'y placer en ordre les uns après les autres, et former ce tout sublime connu sous le titre d'Oraison dominicale ou prière du Seigneur... La prière ! ce cri du cœur, cet élan de l'âme vers Celui qui l'a créé, qui l'aime, qui veut et qui peut seul lui donner le bonheur, est un de ces remèdes efficaces et doux, dont l'effet ne tarde pas à se faire sentir.

 

Notre homme en fit la consolante épreuve... Un rayon d'espérance vint tout à coup dissiper les ténèbres dont, un instant auparavant, son entendement était enveloppé. « Si je suis pécheur, se disait-il, si pendant de longues années j'ai vécu en païen, en ennemi de Dieu, tout n'est pas perdu pour moi. N'ai-je pas un petit ange placer entre Dieu et moi ? »

 

En pensant à son enfant, l'ancien soldat s'endormit, et un songe ravissant acheva de le calmer. Il se crut transporté dans un de ces temples majestueux élevés par le génie de la foi au Dieu trois fois saint. Au bas du chœur, à l'entrée de la nef principale, était un autel étincelant de mille feux, et surmonté d'une gracieuse statue de la Vierge Marie. Une foule de fidèles montaient et descendaient les marches de l'autel, déposant aux pieds de l'image vénérée des fleurs et des couronnes. Une délicieuse harmonie ajoutait aux charmes de cette pieuse vision. Mais bientôt la foule s'écoula, les chants cessèrent, les lumières s'éteignirent. La lampe du sanctuaire seule projetait ses vacillantes clartés sur le candide visage d'une petite fille qui s'avançait furtivement vers l'autel, et y déposait un rosier chargé de blanches fleurs.

 

Ici le vieillard s'éveilla : le secret de sa chère enfant venait de lui être révélé ; et quand, le matin, elle accourut joyeuse vers lui pour l'embrasser : « Moi aussi, lui dit-il, en la prenant sur ses genoux, j'ai un secret. L'enfant sourit. - Tu me le confieras, papa, dit-elle à son tour. - Non, ma petite, tu le verras ».

 

Le dernier jour du mois de mai, un militaire, ayant sur sa poitrine le signe des braves, s'approchait de la Table sainte. Une jeune enfant le suivait du regard et semblait envier son bonheur. Quelques instants après le prêtre, qui venait de célébrer les saints Mystères s'approcha de nouveau de l'autel, et détacha d'un rosier, placé aux pieds de la Sainte Vierge, une branche encore toute fleurie. Il la présenta au vieux militaire qui la baisa avec amour.

 

Depuis cette époque, elle figure comme un trophée au-dessus des armes appendues aux murs de sa demeure, et chaque fois que les regards du vieillard se portent sur ce rameau desséché, il murmure une prière à Marie dont la gloire et la bonté rayonnent sur la terre pour le salut des pécheurs.

 

Pratique : Remerciez Dieu de la gloire dont il a honoré Marie au Ciel et sur la terre. Mettez-vous en esprit au pied de la Mère de Dieu, et après vous être unis aux Anges pour honorer et respecter leur bienheureuse Reine, prenez part à tous les sentiments de vénération et d'amour que lui offrent ces Esprits célestes, comme au chef-d'œuvre de l'amour et de la sagesse divine.

 

 

Ô Marie, priez pour nous votre divin Fils.

 

30 avril 2024

Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

 

Premier jour

Gloire de Marie sur la terre

 

C'est par la très sainte Vierge Marie que Jésus-Christ est venu au monde : c'est par elle qu'il doit régner dans ce monde (Tel est l'abrégé de tout le Traité de la dévotion à Marie).

 

I. Marie, a été très cachée dans sa vie : c'est pourquoi elle est appelée par le Saint-Esprit et l’Église alma Mater, Mère cachée et secrète. Son humilité a été si profonde, qu'elle n'a point eu sur la terre d'attrait plus puissant et plus continuel que de se cacher à elle-même et à toute créature, pour n'être connue que de Dieu seul. Dieu, pour l'exaucer dans les demandes qu'elle lui fit de la cacher, de l'appauvrir et de l'humilier, a pris plaisir à la cacher dans sa conception, dans sa naissance, dans sa vie, dans ses mystères, dans sa résurrection et son assomption à l'égard de toutes les créatures humaines.

Dieu le Père a consenti qu'elle ne fît point de miracle pendant sa vie (du moins qui éclatât) quoiqu'il lui en eût donné la puissance ; Dieu le Fils a consenti qu'elle ne parlât presque point, quoiqu'il lui eût communiqué sa sagesse ; Dieu le Saint Esprit a consenti que les Apôtres et les Evangélistes n'en parlassent que très peu, et qu'autant qu'il était nécessaire pour faire connaître Jésus-Christ, quoiqu'elle fût son Epouse fidèle.

 

II. Toute la terre est pleine de sa gloire, particulièrement chez les chrétiens, où elle est prise pour tutélaire et protectrice en plusieurs royaumes, provinces, diocèses et villes, où beaucoup de cathédrales sont consacrées à Dieu sous son nom. Il n'y a point d'église sans autel en son honneur ; point de contrée où il n'y ait quelqu'une de ses images miraculeuses, où toutes sortes de maux sont guéris et toutes sortes de biens obtenus ; tant de confréries et de congrégations sont fondées sous son nom, tant de confrères et de sœurs de toutes les confréries, et de religieux et de religieuses qui publient ses louanges et annoncent ses miséricordes !

 

Il n'y a pas un petit enfant, qui, en bégayant l'Ave Maria, ne la loue ; il n'y a guère de pécheur qui, dans son endurcissement même, n'ait en Elle quelque étincelle de confiance ; il n'y a pas même de démon dans les enfers qui, en la craignant, ne la respecte.

 

III. Enfin le pouvoir de la très sainte Vierge dans l’Église de la terre est aussi merveilleux. L'amour de Jésus-Christ pour Marie étant le vrai principe du pouvoir qu'Elle exerce, Jésus met tout son plaisir à lui procurer ici-bas du bien et de l'honneur, et à la voir jouir de tout ce qu'il peut lui communiquer.

 

Étant Seigneur du monde entier, il la met en possession pleine de tout ce qu'il a et de tout ce qu'il est, et en Elle, il possède toutes choses avec plus de plaisir que s'il ne les possédait qu'en soi-même personnellement. Aussi en lui la puissance de Marie s'étend sur toutes les créatures.

 

Pareillement, en qualité d'Epouse du Père éternel, Elle a également auprès de lui par ses prières tout pouvoir au ciel et sur la terre. Il veut ce qu'Elle veut ; il fait du bien à qui Elle désire qu'il en fasse ; Elle n'a qu'à vouloir, et toutes choses sont faites. C'est ce qui explique la puissance de Marie parmi les hommes dans les miracles et les merveilles de tout genre qu'Elle opère en leur faveur. Ce pouvoir de Marie comme Epouse de Dieu se mesure sur la toute-puissance divine dont l'usage lui est abandonné pour toutes sortes de biens.

 

Ainsi, Elle est toute-puissante pour tout accorder, et, de fait, Elle exerce son pouvoir à chaque instant dans l’Église de Dieu pour la conversion des pécheurs ou la sanctification des justes. Et, ce qui est le sujet de ma confiance, ce n'est pas seulement son grand pouvoir, mais encore sa bonté, sa douceur, sa piété qui ne savent rien refuser à personne.

 

La Sainte Vierge est parmi nous la dispensatrice universelle, des mains de laquelle toutes choses partent, et qui donne et distribue à chacun selon son besoin. Elle a les bras ouverts à tout le monde ; Elle est comme une reine régente sur le trône de Dieu, comme une nourrice pour les âmes rachetées du sang de Jésus, comme un océan fécond en libéralités. Elle est le paradis d'où sortent les quatre fleuves qui vont arroser toute la terre ; c'est, enfin, un trésor qui contient toutes les richesses de Jésus-Christ, c'est-à-dire tous les trésors de Dieu le Père. Approchons donc avec confiance de ce trône de grâce avec une foi parfaite aux bontés adorables et aux charités de Dieu pour la très sainte Vierge en faveur des pécheurs.

 

Histoires

 

Le Traité de la dévotion à la Sainte Vierge que nous voulons surtout faire connaître, a été enseveli et inconnu pendant cent vingt-six ans. Le Bienheureux l'avait prédit en ces termes : « Je prévois bien des bêtes frémissantes qui viennent en furie pour déchirer de leurs dents diaboliques ce petit écrit, et celui dont le Saint- Esprit s'est servi pour l'écrire, ou du moins pour l'ensevelir dans le silence d'un coffre afin qu'il ne paraisse point ».

 

Pendant la Révolution de 93, les deux Congrégations fondées par le Père de Montfort, prévoyant l'incendie qui dévorerait leur asile, cachèrent tous leurs papiers dans les fermes voisines. Ils y restèrent enfouis dans la poussière, et plusieurs devinrent indéchiffrables. Ceux qui se conservèrent furent mis, les uns à la bibliothèque de la Sagesse, les autres à celle du Saint-Esprit. Parmi ces derniers se trouvait le Traité de la vraie dévotion. Un missionnaire de la Compagnie de Marie, en 1842, ayant, comme par hasard, mis la main sur ce manuscrit, voulut le lire pour préparer, un sermon sur la Sainte Vierge… En comparant l'écriture avec d'autres manuscrits authentiques, tels que la Règle des Sœurs et celle des Missionnaires, les Pères de Saint Laurent et les experts reconnurent facilement l'écriture du fondateur. C'est d'ailleurs un travail facile : l'écriture du P. de Montfort est non-seulement tranchée, mais parfaitement identique à elle-même.

 

Dieu, pour notre époque, a permis cette précieuse découverte pour sa plus grande gloire et celle de Marie.

 

Le bouquet de Marie

 

Au mois de mai 1856, un petit vaisseau marchand mettait à la voile à Marseille en destination de la Chine et des mers du Japon. Jusqu'au dernier moment, une barque était restée près du navire ; elle portait un jeune aspirant, tout nouveau sur le rôle de l'équipage, et sa mère qui lui disait un long adieu. Quand le jeune homme fut monté sur le pont du vaisseau, il se pencha vers la barque et envoya un dernier baiser. Celle-ci alors, saisissant un bouquet que la veille ils avaient cueilli ensemble pour le placer sur l'autel de Marie, le lui jeta en disant au milieu de ses larmes : « Prends, cher enfant ; c'est l'adieu de la Sainte Vierge ; je suis allée ce matin le lui demander comme un gage que tu me reviendras. Conserve-le, elle ne t'abandonnera pas ».

 

Et la mer froide et houleuse séparant les deux barques, sépara les deux cœurs.

 

Des jours et des nuits, des calmes et des orages passèrent lentement sur la tête du jeune marin. Le bouquet, dont chaque feuille desséchée avait été pieusement recueillie, reposait dans une cassette entre le portrait de sa mère et un petit crucifix béni. Chaque soir, quand l'heure du repos était arrivée, une visite était faite au souvenir des deux mères. Une prière, une larme consolait le voyageur, et il s'endormait tranquille comme autrefois dans son berceau.

 

Le voyage fut long et rude ; l'enfant devint homme, le novice devint marin, l'aspirant devint lieutenant. Trois ans plus tard, encore au mois de mai, une bonne dame, agenouillée dans un coin à la chapelle de Notre Dame de la Garde, présentait en pleurant à la Sainte Vierge un petit rameau détaché d'une tige de rosier, tout desséché et noirci par le temps. Elle entendait une messe dite à son intention. Quand le sacrifice fut achevé, elle se leva en chancelant et s'approcha de l'autel pour y déposer son petit rameau flétri. Au même instant, une main brûlée par le soleil s'étendit à côté de la sienne, et plaça à côté du rameau un bouquet desséché aussi et fané, et une voix, bien vite reconnue, dit à son oreille : « Mère, voilà votre souvenir ! » Derrière son fils étaient douze matelots (son équipage) apportant, en ex-voto, un mignon petit navire avec ces mots inscrits sur la grande voile : « A Marie, étoile de la mer, l'équipage du Bouquet, sauvé d'un typhon dans l'archipel de la Sonde ». La Sainte Vierge n'avait pas laissé périr son bouquet. On ne périt jamais quand on est fidèle à son souvenir (J.-B. D'Auriac).

 

Pratique : Pendant les exercices de ce beau mois, chantez avec ferveur et joie les louanges de Marie. - À la fin de l'exercice, mettez-vous à genoux devant son image, en union avec l’Église, pour faire hommage à sa grandeur de tout ce que vous avez et de tout ce que vous êtes. Respectez et agréez la part que Dieu donne à sa Mère de sa royauté sur vous. Dites-lui qu'elle est votre véritable Reine et que vous voulez lui appartenir à jamais.

 

 

Ô Marie, régnez sur nous !

 

29 avril 2024

Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

 

Veille du premier jour

La grâce est nécessaire pour devenir saint : le moyen de l'obtenir, c'est Marie

 

I. Âme, image vivante de Dieu et rachetée du sang précieux de Jésus-Christ, la volonté de Dieu sur vous est que vous deveniez sainte comme lui dans cette vie, et glorieuse comme lui dans l'autre. L'acquisition de la sainteté de Dieu est votre vocation assurée, et c'est là que toutes vos pensées, paroles et actions, toutes vos souffrances et tous les mouvements de votre cœur doivent tendre, ou bien vous résistez à Dieu, en ne faisant pas ce pour quoi il vous a créé et vous conserve maintenant. Oh ! quel ouvrage admirable ! la poussière changée en lumière, l'ordure en pureté, le péché en sainteté, la créature en son Créateur et l'homme en Dieu ! Ouvrage admirable, je le répète, mais ouvrage difficile en lui-même et impossible à la seule nature. Ô âme, comment feras-tu ? Quels moyens choisiras-tu pour monter où Dieu t'appelle ?

Les moyens de salut sont connus de tous : ils sont marqués dans l'Evangile, expliqués par les maîtres de la vie spirituelle, pratiqués par les saints, et nécessaires à tous ceux qui veulent se sauver et arriver à la perfection. Pour pratiquer tous ces moyens de salut et de sainteté, la grâce de Dieu est absolument nécessaire, et cette grâce est donnée à tous plus ou moins grande : car Dieu, quoique infiniment bon, ne donne pas la grâce également forte à tous, quoiqu'il la donne suffisante à chacun. L'âme fidèle, avec une grande grâce, fait une grande action, et avec une faible grâce fait une petite action : le prix et l'excellence de la grâce donnée par Dieu et suivie par l'âme font le prix et l'excellence de nos actions. Tout se réduit donc à trouver un moyen facile d'obtenir de Dieu la grâce nécessaire pour devenir saint, et c'est celui que je veux vous apprendre.

 

II. Je dis que, pour trouver cette grâce de Dieu, il faut trouver Marie, parce que :

1º C'est Marie seule qui a trouvé grâce devant Dieu, et pour soi et pour chaque homme en particulier. Les patriarches et les prophètes, tous les saints de l'ancienne loi n'ont pu trouver cette grâce.

2º C'est elle qui a donné l'être et la vie à l'Auteur de toute grâce, et, à cause de cela, elle est appelée la Mère de la grâce : Mater gratiæ.

3º Dieu le Père, de qui tout don parfait et toute grâce descend comme de sa source essentielle, en lui donnant son Fils, lui a donné toutes ses grâces, en sorte que, comme dit saint Bernard, la volonté de Dieu lui est donnée en Elle et avec Elle.

4º Dieu l'a choisie pour la trésorière, l'économe et la dispensatrice de toutes ses grâces, en sorte que toutes ses grâces et tous ses dons passent par ses mains ; et, selon le pouvoir qu'elle en a, suivant saint Bernardin, elle donne à qui elle veut, comme elle veut et autant qu'elle veut les grâces du Père éternel, les vertus de Jésus-Christ et les dons du Saint-Esprit.

5° Comme, dans l'ordre naturel, il faut qu'un enfant ait un père et une mère, de même, dans l'ordre de la grâce, il faut qu'un véritable enfant de l’Église ait Dieu pour père et Marie pour mère ; et s'il se glorifie d'avoir Dieu pour père n'ayant point la tendresse d'un véritable enfant pour Marie, c'est un trompeur qui n'a que le démon pour père.

6º Puisque Marie a formé le Chef des prédestinés qui est Jésus-Christ, c'est à elle aussi de former les membres de ce Chef, qui sont les vrais chrétiens. Quiconque veut donc être membre de Jésus-Christ plein de grâce et de vérité doit être formé en Marie par le moyen de la grâce de Jésus-Christ qui réside en elle en plénitude pour être communiquée en plénitude aux vrais membres de Jésus-Christ et à ses vrais enfants.

7° Marie a reçu de Dieu une domination particulière sur les âmes pour les nourrir et les faire croître en Dieu. Comme l'enfant tire toute sa nourriture de sa mère, qui la lui donne proportionnée à sa faiblesse, de même les prédestinés tirent toute leur nourriture spirituelle et toute leur force de Marie.

8° Marie est appelée par saint Augustin, et est, en effet, le moule vivant de Dieu, forma Dei, c'est-à-dire que c'est aussi en Elle seule qu'un Dieu Homme a été formé au naturel sans qu'il lui manque aucun trait de la divinité ; et c'est en Elle seule que l'homme peut être formé en Dieu au naturel autant que la nature humaine en est capable par la grâce de Dieu.

III. La difficulté est donc de savoir trouver véritablement la divine Marie pour trouver toute grâce abondante. Dieu étant maître absolu peut communiquer par lui-même ce qu'il ne communique ordinairement que par Marie. Cependant, selon l'ordre naturel que la divine Sagesse a établi, il ne se communique ordinairement aux hommes que par Marie. Dans l'ordre de la grâce, comme dit saint Thomas, il faut, pour monter et s'unir à lui, se servir du même moyen dont il s'est servi pour descendre à nous pour se faire homme et pour nous communiquer ses grâces. Le moyen donc pour trouver la grâce et une grâce abondante, c'est une vraie dévotion à Marie.

 

Histoires

 

Dès l'âge de cinq ans, le P. de Montfort goûtait les vérités chrétiennes assez vivement pour les répéter à sa mère. Mais il exerçait surtout son zèle envers une de ses jeunes sœurs nommée Louise, qu'il affectionnait plus que les autres. Quoique enfant, il mettait tout en œuvre pour lui faire quitter les amusements de l'enfance, et la séparait par adresse de ses compagnes pour la mener prier Dieu.

Témoignait-elle quelque répugnance ? il lui faisait de petits présents, et lui disait : « Ma petite sœur, vous serez toute belle, et tout le monde vous aimera si vous aimez Dieu ». Aussitôt elle le suivait et attirait ses compagnes pour réciter le chapelet à l'exemple de son frère. Pour les engager à le dire tous les jours, il leur donnait ce qu'il avait de plus beau. Le plus grand plaisir qu'elles pouvaient lui faire était de lui parler ou de lui faire parler de Dieu.

Cette intelligence si vive des choses de Dieu dans un âge si tendre, ce mépris des amusements qui font la vie de l'enfance, ce zèle pour la gloire de Dieu, cette tendresse filiale pour la Sainte Vierge nous montrent que, dès l'aurore de sa vie, le P. de Montfort eut des communications intimes avec Dieu, et que Marie, dont il devait être, après saint Bernard, un des plus dévots serviteurs et le panégyriste le plus profond, n'attendit pas que cette âme prédestinée vint la chercher. Pareille à cette sagesse dont il est parlé dans l'Ecriture, elle le prévint, allant à sa rencontre comme une mère pleine de tendresse (Vie du Vén. P. de Montfort, par Pauvert).

 

Dévotion d'O'Connell pour Marie

 

Les plus grands génies du catholicisme ont toujours montré une tendresse vraiment filiale envers la sainte Vierge.

« Qui plus que le grand O'Connell fut plus tendre pour la Reine du ciel et plus zélé pour son culte ? Il en parlait au peuple comme de la Mère du peuple. Il est devenu fameux, ce jour que, emporté par un sentiment extraordinaire de dévotion et de tendresse pour Marie, il en fit l'éloge en présence de plus de cent mille personnes, catholiques et protestants tous ensemble. Cette multitude, ravie et comme suspendue à ses lèvres, crut entendre un docteur, un Père de l’Église énumérer les gloires et chanter les louanges de la Mère de Dieu. Après sa célèbre harangue qui devait faire ouvrir aux catholiques les portes du Parlement anglais, pendant que les plus fameux orateurs s'animaient dans ce grand débat, O'Connell se tenait là, retiré dans un angle de la salle, récitant le Rosaire... » (P. Ventura).

Ce fut en répétant souvent la tendre prière de Saint Bernard Souvenez-vous, en renouvelant à chaque instant des actes de contrition, et en prononçant les noms de Jésus et de Marie, que s'éteignit cette grande voix qui avait ébranlé le monde et que s'envola cette grande âme qui avait éveillé l'admiration de la terre (Chrétiens et hommes célèbres au XIXe siècle, A. Baraud).

 

Pratique : Demandez à Dieu de vous communiquer quelque chose de l'esprit de sainteté qui était en Marie. Cet esprit de sainteté, c'est l'Esprit-Saint pénétrant l'âme de Jésus-Christ et celle de sa Mère dans un degré de perfection que nous ne comprendrons jamais. - Dieu veut nous communiquer par la Sainte Vierge ce même esprit, avec toutes ses inclinations, à une double condition : nous détacher de nous-même, nous unir à Dieu par la charité.

 

 

Ô Jésus, venez et vivez en nous, par Marie, dans votre esprit de sainteté !

 

28 mars 2024

Le Chemin de Croix avec Jean-Thierry Ebogo

Le Chemin de Croix avec Jean-Thierry Ebogo

 

 

Introduction

 

La vie du Frère Jean-Thierry, Carme Déchaux, a été marquée par le souffrance. Il l’a vécue en multipliant des actes de confiance, d’espérance et d’amour pour Jésus, son Bien-Aimé, dans le témoignage d’une joie intérieure profonde.

 

Le sacrifice de sa jambe suite à une tumeur maligne, lors de l’opération du 18 novembre 2004, est un choc qui l’ébranle. Il avoue : « La douleur de la jambe, le poids du coup d’amputation ; le noviciat ; mon avenir, tout me pèse, même les paupières, mais je ne dors pas. Je voudrais pleurer, mais je n’y arrive pas, je n’ai pas de raison valable, Dieu me garde en vie, et même si je mourrais, je vivrais, je vivrais puisque je crois ce que Jésus a promis : « qui croit en moi vivra ». Je sens que si je pleure j’irai mieux, mais pas moyen de pleurer... »

 

Au cœur de l’épreuve, sa réaction est caractéristique de sa vie intérieure. Sa volonté est de « donner de la joie » autour de lui. La progression du cancer l’oblige à un dépouillement plus profond, plus total, pour s’abandonner entièrement entre les mains de Dieu.

C’est là, qu’il découvre mystérieusement sa vocation, dans une union étroite au sacrifice rédempteur du Christ. Lors de sa profession solennelle dans l’Ordre des Carmes Déchaux, le 8 décembre 2005, sur son lit d’hôpital à Legnano en Italie, il s’offre « pour la province religieuse, pour les vocations, religieuses et sacerdotales particulièrement pour le Carmel, pour la sanctification des prêtres ». Il comprend que sa mission ne se réalisera pas sur terre mais aux Ciel. Il déclare : « Je vais accomplir ma vocation au Ciel, mais ce ne sera pas une pluie de roses, comme celle de Thérèse. Je ferai venir un flot de vocations dans l’Église et dans le Carmel ».

 

Témoignage de sa foi inébranlable, il avait mis dans la bouche de la Sagesse divine ces paroles :

 

« Le bonheur est quelque chose d’infaillible quand on le tient courageusement de ses deux mains. N’oublie pas qu’il ne tient à rien de matériel, ni êtres ni bien palpable, sinon par (lui), je veux dire l’esprit. Ainsi donc, l’esprit reposant sur un corps, je ne néglige pas ton cœur, car il est de chair, il pourrait frémir à la mort d’un proche, sans pour autant que cela affecte ton bonheur.

 

Vois toujours l’exemple du corps humain : que l’on t’ampute d’une jambe, tu n’en es pas moins humain après qu’avant ! Ta nature est immuable, c’est l’état qui change. Il vient alors que ton bonheur est un socle, les événements de la vie, des colonnes dont l’importance n’est pas moindre, mais très faible pour être comparé au socle, pire encore pour être substitué au socle ».

 

Jean-Thierry n’en reste pas moins humain dans la souffrance. Il a vécu l’angoisse, la peur, la difficulté à supporter la souffrance. Après son décès, le père Georges a retrouvé dans sa bible en français cette prière :

 

« Seigneur Jésus-Christ, j’ai mal dans mon corps, je me sens menacé, je ne trouve aucun réconfort tout autour de moi. Toi qui est présent écoute mes plaintes et transforme les en prière. Tous ces instants douloureux que je supporte, je te les offre comme autant d’actes d’amour. Soulage cependant mes souffrances physiques et morales ! Viens vite me secourir ! Toi qui peux tout ! Envoie-moi au moins ta Mère et ton Esprit de consolation, qu’il me donne ta paix et que ta Mère m’aide à porter ».

 

Jean-Thierry nous aide à suivre Jésus, à l’aimer en prenant notre croix de chaque jour, en faisant confiance au Seigneur qui ne nous laisse jamais seul dans nos épreuves. Il nous invite à découvrir sa Présence en tout ce que nous vivons.

 

Fr. Marie-Joseph de l’Incarnation, OCD.

 

Prière d’ouverture

 

Dieu éternel, notre Père, pour obéir à ta volonté, ton Fils, notre Sauveur s’est fait homme, il a ployé sous le fardeaux de la Croix, il s’est abaissé jusqu’à la mort du Calvaire. Aide-nous à le suivre sur le chemin de sa Passion pour avoir part à sa Résurrection. Lui qui règne pour les siècles des siècles. Amen.

 

Au début de chaque station, nous redisons : Nous T’adorons, ô Christ, et nous Te bénissons ! Car Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix !

 

 

Première Station

Jésus est condamné à mort

 

« C’était la Préparation de la Pâque, vers la sixième heure. Pilate dit aux Juifs : « Voici votre roi. » Eux vociférèrent : « À mort ! À mort ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Crucifierai-je votre roi ? » Les grands prêtres répondirent : « Nous n’avons pas d’autre roi que César ». Alors, il le leur livra pour être crucifié » (Jean 19, 14-16).

 

« Lorsque je suis triste, je pense à la tête que j’avais quand tu me reprenais après un geste non affectueux, une négligence ou tout autre enfantillage ; je me revois ne comprenant pas tes reproches et je me retrouve en face de Jésus à genoux au jardin des oliviers, effrayé du calice… Oui cela valait la peine, pour que l’enfant devienne un homme, tout comme le calice, pour que le Christ devienne le salut » (A l’heure des amours).

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, donne-nous de savoir dépasser nos revendications, réclamant justice en acceptant de communier à Jésus dans sa Passion.

 

 

Deuxième Station

Jésus est chargé de sa Croix

 

« Je suis troublé par les cris de l'ennemi et les injures des méchants ; ils me chargent de crimes, pleins de rage, ils m'accusent. Mon cœur se tord en moi, la peur de la mort tombe sur moi ; crainte et tremblement me pénètrent, un frisson me saisit » (Psaume 54, 4-6).

 

« Dieu ne veut pas que nous soyons éprouvés au de-là de nos forces… C’est pourquoi Lui-même est avec nous pour nous défendre quand vient l’épouvante. Voilà donc qu’il m’a choisi pour ainsi porter ma part de sa souffrance, porter après Lui la croix du salut, croix d’où nous tenons la vie. Merci pour tes prières, je m’unis à elles pour qu’ensemble nous continuions de supplier le Très-Haut pour qu’Il m’aide à vivre très chrétiennement ces moments très singuliers qu’Il me donne de vivre ; que tous nous sachions puiser aux sources de la souffrance, les grâces de la vie » (Lettre du 9 décembre 2004, après l’amputation)

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, fais que nous portions nos croix en communion avec ton œuvre de rédemption.

 

 

Troisième Station

Jésus tombe pour la première fois

 

« Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche : comme un agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n’ouvrait pas la bouche » (Isaïe 53, 7).

 

« Je t’ai prêché l’humilité, accepte-là, ne t’obstines pas, je t’aime et te corrige, même sévèrement, pour que tu saches que tu n’es rien, rien que glaise, bien que je te façonne, te fortifie et te garde. (Tu n’est rien si tu n’es pas ce que je veux) » (Pour que tu saches, 9 juin 2005).

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, apprends-nous dans nos chutes à accueillir humblement notre faiblesse tout en gardant une confiance sans borne en ta miséricorde.

 

 

Quatrième Station

Jésus rencontre sa Mère

 

Syméon dit à Marie : « Vois ! Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; Il doit être un signe en butte à la contradiction, et toi-même, une épée te transpercera l’âme, afin que se révèlent les pensées de bien des cœurs » (Luc 2, 34-35).

 

« Le tout n’est pas dans les œuvres éclatantes que tu peux faire, bien plus le oui intérieur et l’acceptation profonde de la volonté de Dieu. Vois la sainte Vierge Marie, en silence elle a dit oui. Et maintenant il te faudra du temps et de l’humilité pour comprendre et accepter d’être ce que le Seigneur voudrait que tu sois. Il faudra mater ton amour propre pour te laisser servir quand bien même tu aurais voulu servir. Accueille humblement et avec joie tes faiblesses, tes limites… Retiens ceci que l’on dit souvent, que le martyre quotidien est plus pénible que celui ponctuel » (Ce qu’elle m’a enseigné aujourd’hui, 6 juin 2005).

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, donne-nous de vivre toujours plus dans la docilité de la Vierge Marie en acceptant humblement ce que Tu fais en nos vies quotidiennes.

 

 

Cinquième Station

Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa Croix

 

« Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour et qu’il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera » (Luc 9, 23-24).

 

« Le père Hermann me dit « une souffrance bien gérée contribue au salut des hommes », ce qui tira la sonnette d’alarme. Ce fut pour moi une sérieuse prise de conscience et je commençais à méditer cette parole ô combien profonde et pertinente. Je pouvais donc aussi porter quelque chose au monde, malgré tout de ce que connaissais de mes péchés. Je résolu dès lors de souffrir pour les frères du Carmel camerounais en (me) disant que (si) cet handicap pourrait peut-être m’écarter du Carmel, j’aimerais quand même semer du mien pour qu’en profite au moins le jardin du Seigneur qui est chez nous » (Quand je serai triste…)

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, aide-nous à porter notre croix à Ta suite en offrant nos souffrances pour l’Église et le salut du monde.

 

 

Sixième Station

Véronique essuie le Visage de Jésus

 

Comme un surgeon il a grandi devant lui, comme une racine en terre aride sans beauté ni éclat pour attirer nos regards et sans apparence qui nous eût séduits ; objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance comme quelqu’un devant qui on se voile la face, méprisé, nous n’en faisions aucun cas » (Isaïe 53, 2-3).

 

« Quelle aventure je vis ! Quelle beauté que la Sagesse ! La présence de Dieu à mes côtés, j’en suis fou. Tendresse sans pareil, j’en mourrai heureux » (Coup de foudre, folie, 4 novembre 2004).

 

« Comme Il est beau, Jésus ! Maman Anna, combien de lumière… Comme il est beau, Jésus ! » (Dernières paroles de Jean-Thierry, 4 janvier 2006).

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, fais que nous soyons toujours plus fascinés par la beauté qui rayonne de Ton Visage.

 

 

Septième Station

Jésus tombe pour la deuxième fois

 

« Ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous donne la paix est sur lui et dans ses blessures, nous trouvons la guérison » (Isaïe 53, 4-5).

 

« Toi, tu restes avec moi toujours, quand mon cœur faiblit face au pauvre, quand le lépreux me fait larmoyer, quand le malade me consterne, quand la prostituée m’apitoie, quand la mort d’un proche me blesse. Hier Seigneur c’est toi que je cherchait dans les gens de mon sang, dans ceux qui m’aimaient. Aujourd’hui Seigneur c’est toi que j’ai trouvé, dans les inconnus, les étrangers, dans ceux qui me détestent. Ton amour crie plus fort que le sang. Ton amour me brûle, je le sens » (Hier, Seigneur ? Aujourd’hui, Seigneur, 19 décembre 2002).

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, apprends-nous à te reconnaître dans ceux qui souffrent autour de nous, Toi qui les associes mystérieusement à Ta Passion d’amour pour nous tous.

 

 

Huitième Station

Jésus console les filles de Jérusalem

 

Une grande masse du peuple le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Mais, se retournant vers elles, Jésus dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! » (Luc 23, 27-28).

 

« Une fois qu’un sens est donné à la maladie, elle n’est plus une souffrance, mais un chemin vers un autre, un ami qui souffre comme moi ou vers une amie qui en fait a vécu la souffrance et qui vient aujourd’hui à ma rencontre » (10 septembre 2005).

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, transforme nos lamentations en ouvrant nos yeux sur ce que Tu nous appelles à vivre en tout ce qui nous arrive.

 

 

Neuvième Station

Jésus tombe pour la troisième fois

 

« Vous tous qui passez sur le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la douleur qui me tourmente, dont le Seigneur m’a affligé, au jour de sa brûlante colère. D’en haut il a envoyé un feu qu’il a fait descendre dans mes os. Il a tendu un filet sous mes pas, il m’a renversé, il m’a rendu désolé, malade tout le jour » (Lamentations de Jérémie, 1, 12-13).

 

« Tu vois un enfant au bas de l’escalier, il fait des pas sur place, il n’arrive pas à monter. En haut, une grande personne qui plutôt descend le chercher parce qu’il a vu son intention et ses efforts « vains » de monter… il faut donc recommencer, sans te lasser, les efforts de tous les jours, malgré qu’au soir tu te voies faible. Certes, lui descendra vers toi et quand il t’aura hissé, ne t’enorgueillis pas, reconnais que c’est son œuvre » (Ce qu’elle m’a enseigné aujourd’hui, 6 juin 2005).

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, apprends-nous la persévérance dans l’espérance au creux de nos chutes répétitives.

 

 

Dixième Station

Jésus est dépouillé de ses vêtements

 

« Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes, reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix ! » (Philippiens 2, 6-8).

 

« Me laissant unijambiste, estropié pour que lui seul soir ma force et mon orgueil car aujourd’hui, du physique à travail, il m’a laissé le juste assez, seulement ce qu’il faut pour chanter ses louanges... (…) Dommage que j’ai été obligé d’attendre si longtemps et un fait assez dur pour m’ouvrir les yeux. Mais Dieu sait bien plus que quiconque ce qui est bon pour nous, même si cela nous coûte.

 

(…) Je veux dire que nous soyons prêts à un dépouillement plus grand tant que je suis encore plein d’orgueil. Car peut-être dont-on perdre d’avantage de membres pour être tout au Christ. Mais à présent, je suis prêt à tout, pourvu que seule sa volonté soit faite » (A l’heure des amours).

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, apprends-nous à nous laisser dépouiller de nous-mêmes pour être plus disponibles à Toi seul.

 

 

Onzième Station

Jésus est cloué à la Croix

 

« Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m'entoure. Ils me percent les mains et les pieds ; je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent. Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide ! Préserve ma vie de l'épée, arrache-moi aux griffes du chien ; sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles » (Psaume 21, 17-22).

 

« L’ingratitude de notre cœur de pécheur nous a dispersés à l’heure de la Passion. Le Christ, alors qu’il souffrait pour nos péchés, n’a pas eu de nous la compassion normale, mais lui nous a aimés par-dessus tout, il nous a laissé sa Mère et, aujourd’hui, nous choisit pour le suivre au Calvaire, en portant notre croix… Comme lui-même est là pour nous aider, nous ne pouvons que l’en remercier. Nous l’avons appelé quand c’était fort, unissons-nous maintenant pour l’action de grâce, car il entendu notre prière. À toi je dis merci d’être restée avec Jean et Marie à mes côtés ; réjouis-toi avec moi de ce que le Seigneur me donne sa joie et reste pour que nous veillons dans la prière » (Lettre du 19 décembre 2004).

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, apprends-nous à ne pas Te laisser seul, à l’heure de l’épreuve, Toi qui ne nous laisses jamais seul.

 

 

Douzième Station

Jésus meurt sur la Croix

 

« C’est en effet alors que nous n’étions sans force, c’est alors au temps fixé, que le Christ est mort pour des impies. À peine, en effet, voudrait-on mourir pour un homme juste. Pour un homme de bien, oui, peut-être osera-t-on mourir. Mais la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous » (Romains 5, 6-8).

 

« Par delà (tout) maux et souffrance

Nous avons la vie

Fort de notre espérance

Nous aurons la vie

Béni soit le Dieu de patience

Qui nous donne la vie

Puissions-nous vivre pour lui

… souffrir pour lui

… Nous réjouir pour lui

… Être tout à lui

Pour l’an prochain » (31 décembre 2004)

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, apprends-nous à discerner dans la Croix l’arbre de vie qui nous ouvre le salut.

 

 

Treizième Station

Jésus est descendu de la Croix

 

« Après ces événements, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Pilate le permit. Ils vinrent et enlevèrent son corps » (Jean 19, 38).

 

« Aujourd’hui je puis lire dans ma vie

Le dessin en lignes dorées

De ton Dessein

Dans la triste obscurité de ma vie

Et savoir combien Tu m’aimes

Béni sois tu !

Souffrant dans mon corps

Par toi j’ai l’esprit en joie

Que te dire encore ?

Sinon ceci que je vois » (11 novembre 2004).

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, fais nous relire nos vies dans la foi en ton dessein d’amour de nous sauver.

 

 

Quatorzième Station

Jésus est mis au Tombeau

 

« Ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m'abandonner à la mort, ni laisser ton ami voir la corruption. Tu m'apprends le chemin de la vie » (Psaume 15, 9-11).

 

Offert sans réserve,

Il est à l’origine de mon salut ;

Pur de toute souillure,

Il a pourtant vécu comme moi

Dans ce monde ;

Quêteur de mon amour,

Il me donne de vivre en sa confiance ;

Roi de gloire,

Il n’a (pas) craint de se faire petit dans la souffrance ;

Saint plus que les saints,

Il n’a pas peut de passer pour un brigand ;

Tendre comme une mère,

Je ne trouve en lui rien d’indigne ;

Uni à son père comme jamais vu,

Il enseigne au monde la paix. (Mon Jésus de A à Z).

 

Seigneur, à l’exemple de Jean-Thierry, apprend-nous à reposer en Ton Amour fidèle, à nous en émerveiller toujours.

 

 

Prière par l’intercession du Frère Jean-Thierry

 

Dieu d’amour et de miséricorde, tu as sauvé le monde par le mystère de l’Incarnation, Passion et Résurrection de ton Fils bien-aimé Jésus, et Tu as extraordinairement associé à ces mystères ton serviteur le Frère Jean Thierry de l’Enfant Jésus et de la Passion. Donne nous par son intercession, la même foi et endurance dans la souffrance pour que nous puissions être associés à tes amis qui contemplent ton Visage dans ton Royaume. Amen.

 

24 février 2024

Robert Naoussi

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Robert Naoussi

le débrousailleur du Ciel

(1947-1970)

 

1er octobre 1970, 00h15. Au cœur de la nuit tropicale, les cloches de la léproserie de la Dibamba, à l’ouest du Cameroun, sonnent à toute volée. Dehors, les malades chantent et dansent. À 23 ans, Robert Naoussi vient de rendre son âme à Dieu. « Sainte Thérèse de Lisieux est venue le chercher », écrira par la suite le père Raymond qui l’a accompagné pendant sa maladie. Une liesse à l’image de tout ce que Robert a semé en ce lieu, où une paix inexplicable règne encore aujourd’hui.

Robert Naoussi est né en 1947 au Cameroun dans une famille pauvre, d’un père polygame. À 7 ans, il demande le baptême au prêtre de la mission de son village. Sa ferveur étonne son entourage. C’est lui qui court sonner les cloches pour la prière. Il rêve d’entrer au séminaire mais son frère aîné s’y oppose. Envoyé au lycée loin de chez lui, il loge chez l’habitant. Le matin, quand il n’y a pas assez à manger, Robert donne souvent sa part au fils de son tuteur et part au lycée le ventre vide.

La maladie se déclare vers l’âge 16-17 ans : c’est la lèpre lépromateuse, la forme la plus grave. Quelle épreuve pour Robert qui avait de si beaux projets ! Il est emmené à la léproserie de la Dibamba en mai 1969. Là, dépité, il demande à l’aumônier pourquoi il est là. « Il n’y a que Jésus qui peut te répondre », lui dit-il. Pendant trois jours il prie, sans manger, ni boire, ni dormir. Et enfin comprend : « Je suis là pour que mes frères et sœurs connaissent Jésus ! ». Ses neuf frères et sœurs se convertiront tous après son départ au Ciel. « À partir de ce moment-là, il ne s’est plus jamais plaint. Son « oui » était comme le fiat de Marie, un oui définitif, total et joyeux », confie une religieuse qui connaît bien la Dibamba.

Robert apprend un peu plus tard qu’il ne guérira pas. Pendant cette année de grandes souffrances, il prie pour les autres et accueille avec joie ceux qui viennent le voir. Le père Raymond lui lit la vie de sainte Thérèse de Lisieux : une « révélation » pour le jeune lépreux qui comprend qu’il peut être missionnaire avec sa souffrance. Ses copains ne connaissent pas Jésus, ils ont le cœur triste. « Je vais donner ma vie pour qu’ils soient heureux. Ma maladie est mon instrument de travail pour débroussailler la route du ciel pour les autres », souffle le jeune homme dans la douleur. Il marque son entourage par son sourire et sa foi, vivant dans l’abandon les soins très douloureux.

Il s’éteint finalement le 1er octobre 1970. « Papa Louis » son infirmier jusqu’à la fin, n’a « jamais vu autant de souffrance ». « Le bon Dieu m’a donné le courage de travailler avec Robert. Il m’a dit un jour : ‘Je veux que Dieu ajoute encore de la douleur sur moi pour que la lèpre quitte ce monde’ ».

Robert a enseigné que la souffrance n’était pas due aux mauvais sorts comme on le pense parfois en Afrique. « Ici, c’est l’amour qui guérit » abonde sœur Marie-Pascale, carmélite missionnaire à la Dibamba dans un entretien de 2020. Entourés de tendresse et d’attention, les malades retrouvent une profonde confiance en Dieu. Comme Lylianne, qui depuis qu’elle prie Robert, a compris que la souffrance n’est plus un poids quand on l’accepte. Aujourd’hui, face aux difficultés, cette maman « demande au Seigneur » dans la paix « ce qu’il veut lui dire ».

 

Rayonnement

 

Le témoignage de Robert irradie dans tout diocèse de Douala et au-delà, comme en témoignent les nombreux pèlerins qui défilent chaque week-end sur sa tombe.Parmi eux, les jeunes de l’école d’évangélisation « Robert Naoussi » créée en 2005 sur l’inspiration du jeune lépreux et dont l’objectif est d’apprendre à faire de la souffrance un instrument d’évangélisation.« L’activité principale est la prière, surtout l’adoration », explique le père Batoum, le fondateur de ce mouvement qui rassemble environ 50 jeunes et adultes.

Le rayonnement de Robert dépasse les frontières : enseignante en théologie dans l’est de la France, Michèle Atlmeyer a été inspirée de le faire connaître à ses élèves, à qui elle a montré pendant vingt ans, la vidéo de son histoire avant les cours. « Les adolescents ne sont pas atteints de la lèpre mais connaissent d’autres lèpres, d’autres pauvretés, dont celle de ne pas connaître Dieu, d’être souvent privés du soutien de la foi », souligne-t-elle. « Robert a débroussaillé la route de bien des ados que je lui présentais ! ».

Le père Daniel Ange fit de Robert Naoussi le parrain de l’école d’évangélisation « Jeunesse Lumière ». Et dans son livre Les témoins de l’Avenir (éd. Le Sarment, Fayard 1986), Robert figure parmi les modèles de sainteté pour les jeunes. Toux ceux qui ont entendu le témoignage de Robert sont profondément bouleversés dans leur vie. Et attendent impatiemment qu’il soit présenté à la Congrégation pour la cause des saints.

(source du Texte Aleteia.org)

 

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Prière pour demander une grâce par son intercession

 

Petit Robert, toi que le Seigneur a appelé à partager sa Croix dans des souffrances que tu ne pouvais pas supporter sans l’aide de Jésus et de Marie, tu as puisé dans le cœur de la petite Thérèse et son intercession la force nécessaire de t’abandonner à la volonté du Père. Tu aurais voulu être comme elle : missionnaire et porter la bonne nouvelle à travers le monde. Tu n’avais que le désir. Maintenant, tu peux le réaliser au Ciel. Nous te demandons d’intercéder auprès de la Vierge Marie et de l’Esprit Saint pour une intention qui nous tient à cœur (nommer…….). Nous te remercions d’exaucer notre prière car tu es dans le cœur du Père et qu’en Lui tu peux tout. Nous te remercions de tout notre cœur de fortifier notre foi, de nous plonger dans l’espérance et de nous brûler d’Amour dans le Cœur de Jésus sur la Croix. Que le Père le Fils et l’Esprit Saint par la Vierge Marie nous bénissent et nous gardent dans la paix et la joie.

 

Un Notre Père, une dizaine du Chapelet, un Gloria

 

Plus d’informations, et relations de grâces : www.robertnaoussi.org

 

24 janvier 2024

Neuvaine pour la Présentation de Jésus au temple

Neuvaine pour la Présentation de Jésus au temple

Du 25 janvier au 2 février

 

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Introduction

 

Quarante jours après la naissance de Jésus, Marie et Joseph portèrent l’Enfant au Temple, afin de le présenter au Seigneur selon la loi de Moïse. Aussi l’Église célèbre-t-elle, le 2 février, la Présentation du Seigneur au Temple, qui clôture les solennités de l’Incarnation. Cette fête est aussi la Journée de la vie consacrée.

La fête de la Présentation de Jésus au Temple, aussi appelée fête de la purification, est plus connue sous le nom populaire de Chandeleur. Ce nom, qui signifie « fête des chandelles », a pour origine la procession par laquelle débute la célébration. Par ce geste, nous nous souvenons que c’est par le titre « Lumière pour éclairer les nations païennes » (Lc 2,32), que Siméon accueille Jésus lors de la Présentation au Temple par Marie et Joseph, quarante jours après sa naissance.

Par ailleurs, la présentation de Jésus au temple, consacré selon la prescription rituelle de l’époque au Seigneur comme tout garçon premier né, annonce le don de Jésus par amour de Dieu et des hommes et l’offrande suprême de la Croix. Cette journée a donc une importance particulière pour toute personne consacrée, qui, inspirée par le don bouleversant du Christ, aspire à son tour à donner sa vie et à tout abandonner pour marcher à sa suite. En 1997, le pape Jean-Paul II initie ce jour-là la première Journée de la vie consacrée.

Que cette neuvaine pour préparer cette fête multiple du 2 février vous fasse entrer dans la lumière de celui qui est la Lumière et qui veut toujours plus nous faire entrer dans cette lumière de son royaume qu’il nous a destiné.

 

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Prières quotidiennes

 

Je crois en Dieu

Prière à l’Esprit Saint

O Esprit Saint, au jour de la Pentecôte, vous avez donné naissance à l’Église dans le souffle et le feu de l’Amour. Manifeste à nouveau ta bonté envers toute l’Église. Aide-nous à nous mettre à l’écoute de ce que tu veux lui dire. Garde-nous fidèles à sa mission. Aide-nous à transmettre notre héritage de foi ; assure la vitalité de nos communautés chrétiennes ; fais de nous un signe vivant de ta présence dans notre monde. Par Jésus-Christ Notre Seigneur. Amen.

 

Cantique de Syméon

Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.

Car mes yeux ont vu le Salut que tu préparais à la face des peuples, lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

 

Dieu éternel et tout-puissant, nous vous adressons cette humble prière : puisque votre Fils unique, ayant revêtu notre chair, fut en ce jour présenté dans le Temple, fais que nous puissions aussi, avec une âme purifiée, nous présenter un jour devant vous. Amen.

 

Notre Père, 10 Je vous salue Marie, Gloire au Père

 

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Premier jour

La Présentation de Jésus au Temple, clôture les solennités de l’Incarnation

 

Il y a quarante jours, nous célébrions dans la joie la Nativité du Seigneur. Voici maintenant arrivé le jour où Jésus fut présenté au Temple par Marie et Joseph : il se conformait ainsi à la loi du Seigneur, mais, en vérité, il venait à la rencontre du peuple des croyants.

En effet, le vieillard Syméon et la prophétesse Anne étaient venus au Temple, sous l’impulsion de l’Esprit Saint ; éclairés par ce même Esprit, ils reconnurent leur Seigneur dans le petit enfant et ils l’annoncèrent à tous avec enthousiasme.

Il en va de même pour nous : rassemblés par l’Esprit, nous allons nous mettre en marche vers la maison de Dieu (ou vers l’autel du Seigneur) à la rencontre du Christ ; nous le trouverons, et nous le reconnaîtrons à la fraction du pain en attendant sa venue dans la gloire. Certes, il ne nous est pas possible de tenir l'Enfant Jésus dans nos bras, comme Syméon. Mais nous pouvons recevoir notre consolation, notre salut et notre lumière en « prenant » Jésus Hostie ; en écoutant le Verbe éternel qui s'adresse à nous dans les Les Ecritures et donne sens à nos vies, à nos épreuves.

Puisse le Nunc Dimittis (la prière de Syméon), nous rendre disponibles à l'Esprit, source de toute grâce et action de grâce !

Seigneur, Jésus, Lumière des nations, répondez à notre désir le plus profond de vous voir comme Syméon. Vous êtes venu à nous dans notre condition humaine, comme un petit bébé. Grâce à cela aidez-nous à vous rejoindre. Amen.

Prières quotidiennes

 

Deuxième jour

La Présentation de Jésus au Temple, Chandeleur

 

Le 2 février, quarante jours après la naissance de Jésus, Il est présenté au Temple, en conformité à la Loi de Moïse.

C’est la Fête de la Lumière des nations. La Chandeleur ou fête des chandelles, voit la communauté de fidèles faire une procession avec les lumières. C’est une démarche festive et communautaire dans la maison de Dieu, où nous rencontrons le Christ, dans la fraction du pain, « en attendant son retour dans la gloire »

Le Cantique de Syméon ou Nunc Dimittis (Luc 2, 29-32), que la liturgie nous propose de méditer à l'occasion de la fête de la Présentation, n'a pas été inclus par hasard dans l'office du soir (complies). Puissions avec l’Église, le prier chaque soir et trouver cette lumière qui illumine toute ténèbre.

Seigneur, vous êtes la vraie Lumière, venez me visiter. Je souhaite vous rencontrer autant que vous le souhaitez. Car vous êtes le Sauveur qui m’est donné. Poussé par l’Esprit, moi aussi je vous demande la grâce de laisser votre lumière éclairer mon plus ordinaire et de révéler ainsi votre visage. Amen.

Prières quotidiennes

 

Troisième jour

La Présentation de Jésus au Temple, Purification de la Vierge

 

Marie sa mère se soumet au rite de purification prescrit pour les mères venant d'accoucher. Quelle humilité ! Quelle obéissance à la loi ! Marie la toute pure, la toujours vierge n’avait pas besoin d’être purifiée puisqu’elle a été préservée du péché dès sa conception. Elle nous donne là un exemple à suivre pour notre humanité.

Car cette fête établit un lien symbolique entre l’humanisation du Fils de Dieu et notre divinisation. Celui qui devient l’un de nous, en revêtant notre chair, l’atteste dans sa présentation au Temple. Dieu devenant l’un de nous, nous appelle à devenir comparables à Lui.

« Les cierges de la Chandeleur sont le symbole du don de soi, de l'oblation et de la fidélité. La cire malléable représente l'obéissance, qui ne fait qu'un cœur et qu'une âme. La mèche, toute intérieure, évoque aussi quelque chose, c'est l'esprit de pauvreté, et la pleine signification de l'amour qui conduit à sa consommation. La flamme lumineuse brûle en silence, c'est un silence priant, sous le regard de Dieu. Voilà l'amour de Dieu en nous, qui nous purifie et nous rend saints.

La cire, formée par le suc des fleurs que les abeilles butinent, a toujours été considérée comme le symbole de la virginité, et signifie la chair virginale du Sauveur. Sa naissance n'avait rien altéré en Marie. Elle est restée Immaculée, Vierge et Mère. C'était une âme pacifiée, et épanouie en Dieu. Laissons-nous happer par la grâce et l'amour, en accomplissant notre tâche avec la patience de Marie, pour continuer de souffrir, de nous purifier par l'amour et de servir, en nous laissant absorber par la lumière divine, dans un grand élan d'amour qui, un jour, s'achèvera en Celui qui attire à Lui pour combler notre âme. Nous devons donc nous perfectionner et réaliser en nous cette profonde union avec le Sauveur. La flamme du cierge est le symbole du Sauveur qui est venu illuminer le monde. Il y a trois choses à considérer dans le cierge : la cire, la mèche et la flamme. La cire pure, ouvrage de l'abeille virginale, qui représente la chair virginale du Sauveur, préparée par la Vierge Immaculée. La mèche qui se trouve à l'intérieur est l'âme. La flamme en est la Virginité. Il est dit que les fidèles s'empressaient de porter eux-mêmes des cierges à faire bénir le jour de la Purification, avec ceux des prêtres, portés en procession en souvenir de la rencontre de Jésus avec le bon vieillard Siméon, venu au Temple de Jérusalem pour voir le désiré des Nations, et la prophétesse Anne. Il suffisait d'aimer, il faut s'offrir et rayonner. Le cierge est le symbole de l'oblation qui signifie la fidélité des âmes, qui ne font qu'un cœur et qu'une âme » (Mère Marie de la Croix).

Seigneur, nous vous demandons que nous puissions, nous aussi vous être présentés, en étant, en retour, revêtus d’une âme purifiée. Apprenez-nous le chemin certain et sûr pour arriver à notre purification qui est celui de vous suivre vous, le Chemin et votre Église qui est votre Corps. Faites que nous soyons fermement attachés à Vous et à elle. Donnez-nous la grâce de nous abandonner à votre capacité à nous transformer à travers notre cheminement sur terre. Accordez-nous l’humilité. Amen. 

Prières quotidiennes

 

Quatrième jour

La Présentation de Jésus au Temple, journée de la vie consacrée

 

La journée de la vie consacrée est célébrée en la fête de la Présentation du Seigneur au temple. La présentation de Jésus au temple, consacré selon la prescription rituelle de l’époque au Seigneur comme tout garçon premier né, annonce le don de Jésus par amour de Dieu et des hommes et l’offrande suprême de la Croix. Cette journée a donc une importance particulière pour toute personne consacrée, qui, inspirée par le don bouleversant du Christ, aspire à son tour à donner sa vie et à tout abandonner pour marcher à sa suite.

Seigneur Jésus, au cours de la sainte Cène, par amour pour ton peuple, vous avez institué l’eucharistie que vous avez confiée à vos apôtres. Nous vous remercions pour tous les hommes que vous avez envoyés depuis ce jour pour qu’ils soient prêtres afin de guider votre peuple et dispenser vos sacrements. Apprenez-nous à les accueillir tels qu’ils sont, avec leurs richesses et leurs pauvretés, et à les soutenir fraternellement dans leurs joies et leurs épreuves. Rendez-les toujours plus fidèles aux engagements de leur ordination, dans la joie de servir et de s’unir à vous. Donnez à vos prêtres la grâce de correspondre toujours mieux au Bon Pasteur que vous êtes, celui qui se fait le serviteur de ses frères et donne sa vie pour ses brebis. Nous vous prions de continuer à susciter de nouvelles vocations. Que votre Esprit soutienne ceux qui perçoivent votre appel et hésitent à vous répondre. Aidez-nous aussi à encourager tous ceux que, dans nos familles et notre entourage, vous appelez à servir votre Corps. Nous nous confions à Vous et nous Vous confions aussi tous les religieux dont aujourd’hui c’est la fête. Qu’ils suivent de plus près tous les enseignements de l’Église. Nous vous le demandons, à vous qui vivez et régnez avec le Père et le Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen. 

Prières quotidiennes

 

Cinquième jour

La Présentation de Jésus au Temple, rencontre avec Syméon

 

Cette fête de la rencontre de Syméon, symbolise la rencontre du Seigneur avec son peuple. Syméon, poussé par l'Esprit et devenant prophète, vint à la rencontre de l'enfant Jésus, le prit dans ses bras, le proclamant “Lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël”.

Que voit Syméon ce matin-là ? Comme beaucoup d’autres fois sans doute, ce qu’il voit, c’est un enfant qui s’approche, tenu dans leurs bras par son père et sa mère. Rien ici de bien glorieux, ni d’éclatant, rien en fait de bien lumineux. Et pourtant, dans cet enfant, Syméon reconnaît le salut de Dieu venant jusqu’à lui, la lumière des peuples. Poussé par l’Esprit, il ouvre les yeux sur quelque chose d’ordinaire, et c’est pour lui la merveille !

Comment nous attendons-nous à voir le Seigneur s’approcher, se présenter à nous, se révéler ? Dans l’éclat d’une lumière hors du commun, ou dans la simplicité d’un enfant de son peuple ? Dans l’extraordinaire de nos vies ou dans le plus ordinaire, le plus familier ? Quelle est cette lumière que nous attendons ? N’est-elle pas au plus proche ? Le plus ordinaire de ma vie ?

Syméon ne voulait pas mourir sans avoir vu le Messie. L’Église prie chaque soir la prière de Syméon, avant d’entrer dans la nuit. De fait, chaque entrée dans la nuit est un achèvement, non encore de notre existence terrestre, mais de notre journée. Symboliquement fort, ce moment nous prépare à la remise ultime de notre vie entre les mains de Dieu. Car c'est bien ce grand « départ » que Syméon évoque dans son action de grâce : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser s'en aller ton serviteur, en paix, selon ta parole ».

Une paix qui apparaît comme un don gratuit de l'Esprit (Galates 5,22), mais aussi comme le fruit d'une attente persévérante et fervente. Cela étant, ne nous trompons pas sur la nature de cette action de grâce: elle n'ignore rien des difficultés ou de la complexité de la vie, des angoisses ou des peurs auxquelles nous sommes tous affrontés un jour ou l'autre. Car, de fait, le vieillard Siméon annonce à Marie que Jésus sera un signe de contradiction, certains seront pour Lui et L'écouteront, d’autres le refuseront. (Lc 11, 28) A nous aussi de choisir…Heureux celui qui écoute la Parole de Dieu et qui la garde.

Seigneur aidez-nous à être attentifs aux interventions de Dieu en nos vies. Formez-nous avec la prière d'action de grâce de Siméon, qui articule expérience personnelle et histoire de Dieu avec son peuple et toute l'humanité. Entraînez-nous enfin, dans cette démarche de lâcher prise toujours, en vous faisant confiance, en vous consacrant tous les contenus de nos vies. Amen. 

Prières quotidiennes

 

Sixième jour

La Présentation de Jésus au Temple, annonce de la Croix

 

La prescription rituelle de l’époque au Seigneur comme tout garçon premier né, annonce le don de Jésus par amour de Dieu et des hommes et l’offrande suprême de la Croix. Car dans la prédiction de Syméon à Marie, sur le bonheur de la naissance de Jésus le sauveur, se projette déjà l'ombre de la Croix : « Ton enfant sera un signe en butte à la contradiction. Toi-même, un glaive transpercera ton âme : ainsi seront dévoilées les pensées intimes de bien des cœurs ». (Luc 2, 22-38).

Offre ton fils, Vierge sainte, et présente au Seigneur le fruit béni de tes entrailles (Lc 1,42). Offre pour notre réconciliation à tous, le sacrifice saint, le sacrifice agréable à Dieu (Rm 12,1). Dieu le Père accueillera pleinement cette offrande nouvelle, ce très précieux sacrifice, dont lui-même parle en ces termes : « Voici mon Fils bien-aimé ; en lui, toute ma joie » (Mt 3,17 ; 17, 5).

Mais cette offrande-ci, paraît bien légère : on se contente de la présenter devant le Seigneur, de la racheter avec des oiseaux, et aussitôt on la reprend et l’emporte. Viendra le jour où ce n’est plus dans le Temple, ni entre les bras de Syméon qu’il sera offert, mais en dehors de la ville et entre les bras de la croix. Viendra le jour où il ne sera plus racheté par un sang autre, mais où il rachètera les autres par son propre sang (He 9,12). Car Dieu le Père l’a envoyé comme rédempteur pour son peuple (Ps 110,9). Ce sera alors le sacrifice du soir, tandis que maintenant, c’est le sacrifice du matin. Celui-ci, certes, est plus joyeux, mais l’autre sera plus plénier : celui-ci est offert au temps de sa naissance, celui-là le sera dans la plénitude de son âge (Ep 4, 13).

A l’un comme à l’autre pourtant peut s’appliquer cette prédiction du Prophète : Il a été offert, parce que lui-même l’a voulu (Is 53, 7). En effet, même maintenant, dans le Temple, il a été offert non parce qu’il en avait besoin, ni que la Loi le lui imposait, mais parce qu’il l’a voulu. Et de même, il a été offert sur la croix non parce que le juif a été plus fort, ni que lui-même le méritait, mais parce qu’il l’a voulu.

Mais qu’allons-nous offrir, nous, mes frères, et que rendrons-nous au Seigneur pour tout ce qu’il nous a donné (Ps 115,12) ? Lui, il a offert pour nous la plus précieuse victime qu’il possédait ; en vérité, il ne pouvait en être de plus précieuse. Nous aussi donc, faisons ce qui est en notre pouvoir : offrons-lui ce que nous avons de meilleur : nous-mêmes ! Lui s’est offert lui-même (He 9,14) : qui es-tu, toi, pour hésiter à t’offrir toi-même ?

Frères, au Seigneur qui allait mourir, les juifs offraient des victimes mortes. Mais maintenant désormais je suis vivant, dit le Seigneur ; je ne veux pas la mort du pécheur, mais plutôt qu’il se convertisse et qu’il vive (Ez 33, 11). Le Seigneur ne veut pas ma mort ; et moi, je ne lui offrirais pas volontiers ma vie ? Tel est en effet le sacrifice d’apaisement, le sacrifice agréable à Dieu, le sacrifice vivant (Rm 12,1) ». (St Bernard de Clairvaux, 3e Sermon pour la Purification).

Seigneur apprenez-nous à tout nous offrir et à nous offrir nous-même. Amen.

Prières quotidiennes

 

Septième jour

La Présentation de Jésus au Temple, arrivée soudaine du Seigneur

 

Messie attendu, annoncé qui se présente « soudain » dans son temple, Jésus est présenté au Temple par ses parents (Ex 13,1-2,15). Mais en vérité, c'est le dernier Messager de Dieu, c'est Dieu lui-même qui vient dans son Temple, comme le reconnaît prophétiquement le vieillard Syméon représentant de « tous les hommes justes et religieux qui attendaient la Consolation d'Israël ». Inspiré par l'Esprit Saint, il discerne que cet enfant - en apparence semblable à tous les autres - est celui que les prophètes annonçaient, objet de contradiction, mais Premier-né d'une multitude de rachetés, « lumière des nations et gloire d'Israël, son peuple ».

Sa prière, le Nunc dimittis, est chantée par l’Église au cours de sa dernière prière avant le repos de la nuit, et souvent aussi lors de messes de funérailles.

Marie, modèle des croyants, souffrira plus que quiconque, au plus intime de son être, au plus profond de son cœur, de voir cette lumière rejetée par beaucoup: c'est la prophétie que prononce ensuite Syméon.

Or l’Église, conformément au précepte divin de « prier sans cesse », s'est organisée pour vivre dans la prière continuelle: c'est ce qu'on appelle « l'office », ou mieux « la prière des Heures ». Le principe est simple : il s'agit de vivre chaque temps du jour, du lever au coucher, en contemplant le Mystère divin (ceci n'est pas « réservé » aux prêtres, moines et moniales: les laïcs peuvent suivre cette prière - par exemple grâce à des livrets comme Magnificat qui, s'ils ne donnent pas l'intégralité de ces prières pour chaque jour, donnent la possibilité de prier, chaque jour et à plusieurs moments de la journée, en union avec l’Église).

Marchons dans la paix et la foi avec Marie en présence du Seigneur. Que la vérité du Seigneur demeure en nous ! Pensons aussi à Saint Joseph, ce grand silencieux devant tant de merveilles, qui rachète le Sauveur comme on rachète l'enfant du pauvre avec deux tourterelles. Ce bon vieillard Siméon pouvait dire : « Une grande lumière éclaire le monde ». Alors, dans la détresse de notre cœur, et dans ces temps de troubles, demandons au Sauveur par Marie, la grâce, mais la grâce de faire triompher l'amour et la vérité. Regardons ces modèles offerts en imitation. Soumission de Jésus ; être soumis comme Lui, être humbles comme Marie ; être simples comme Saint Joseph. Détachons-nous de ce qui passe et de tout ce qui nous éloigne de Dieu. « Me voici, Seigneur pour accomplir votre Sainte volonté ».

Réjouissons-nous car le salut est là, dans cet enfant nouveau-né qui repose entre les bras de ce vieillard. Sa vue réjouit aussi nos yeux, notre cœur et notre âme : toute l'histoire du salut se résume et s'accomplit !

Loué soit Jésus Christ ! Qu’il soit toujours loué ! Amen.

Prières quotidiennes

 

Huitième jour

La Présentation de Jésus au Temple, reconnu par Anne

 

« Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. S’approchant d’eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Lorsqu’ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui ».

 

La prophétesse Anne et le rôle des femmes dans le salut

 

Voilà un personnage dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle apparaît dans l'Evangile comme une sorte de météore. Nous sommes au Temple de Jérusalem. Selon la Loi de Moïse, 40 jours après la naissance de l'Enfant, ses parents, Marie et Joseph le présentent au Seigneur. Au Temple, deux personnages attendent le Messie, un homme, Siméon, et une femme, Anne. L'un et l'autre apparaissent comme prophètes.

Anne est appelée « prophétesse » par saint Luc. Elle a en quelque sorte le même statut que Siméon. Avec une première grande différence : elle est femme. Rappelons que le Temple de Jérusalem - le sanctuaire, naos en grec, le Saint, est un espace... réservé aux hommes. Anne se tenait, nous dit saint Luc, « aux abords du sanctuaire » où elle vivait « dans le jeûne et la prière », étant veuve depuis plus de soixante ans. Elle aussi, elle attendait. Et les signes de cette attente sont qu'elle n'a pas voulu connaître un autre homme après la mort de son mari (ce propos de chasteté la rapproche du propos de virginité de Marie elle-même, tel que nous le montre le texte de l'Annonciation) et qu'elle vivait au Temple dans le jeûne et la prière. Elle n'est pas d'une tribu sacerdotale ou lévitique comme Siméon l'était sans doute. On nous précise : « fille de Phanuel, de la tribu d'Aser » : une pure israélite. Elle fait partie de ces anawim, les pauvres de Yahvé dont parlent déjà les Psaumes, qui à force d'attendre le salut promis, ont compris que Dieu, sa force, sa puissance, sa providence n'était pas seulement une Loi, mais vraiment le Centre de l'existence de chaque personne. Dieu n'est pas seulement celui qui confère une Justice issue de l'observance extérieure de la Loi. Il est vraiment le cœur de notre cœur, auquel on sacrifie sa vie par la chasteté, la pauvreté le jeûne et la prière. En cet instant, me semble-t-il, Anne représente toutes les religieuses du monde, qui sont des prophétesses par leur vie.

L'Enfant survient, avec ses parents, déjà passablement étonnés, « dans l'admiration » de l'accueil qu'ils ont reçu de la part de Siméon. Et voilà Anne qui se met à « louer Dieu » et à parler de cet Enfant à ceux qui l'attendaient comme leur délivrance. L'observation de la Loi ne remplissait pas son cœur. Ce qu'elle attendait, elle, c'est le Salut. Salut est justement le nom de cet enfant, nom qui lui a été donné au huitième jour de sa naissance, selon l'ordre de Dieu, il se nomme Yeshua : salut.

Salut ? C'est le nom propre de cet enfant, qui le qualifie dans ce qu'il est d'unique. Mais ce nom, avant même de savoir que c'était celui d'un petit enfant, - à l'image de Marie elle-même -, Anne fille de Phanuel l'avait conçu dans son cœur, à travers cette vie de retrait du monde et de privation. Ayant depuis longtemps conçu ce nom, au plus profond d'elle-même, ayant compris que l'homme ne se sauve pas lui-même, fût-ce par l'observation d'une Loi, si sainte soit-elle, elle attendait la délivrance du peuple de Dieu, une délivrance dont son genre de vie fait comprendre qu'elle en a saisi depuis longtemps la nature spirituelle - et non politique. Il était juste qu'elle reconnaisse cet enfant nommé Salut comme étant Celui qui délivre justement.

Et nous dans tout ça ? Eh bien ! Si nous, nous ne parvenons plus à reconnaître le Christ comme celui qui sauve, n'est-ce pas parce que l'idée même de salut donné par Dieu nous fait horreur ? Nous voulons nous sauver nous-mêmes. Nous nous prenons tous pour « Yeshua », nous ne voulons pas que notre salut vienne d'un autre que nous-mêmes. Et c'est pourtant l'essence du salut, une essence que l'on peut expérimenter avant même la venue du Christ, comme l'a fait Anne de la tribu d'Aser, que d'être un DON venu d'ailleurs. Notre salut, nous avons tendance à l'oublier, comme les Pharisiens du temps de Jésus, ne vient pas de notre justice, de nos performances, de ce que nous soyons meilleurs que les autres. Il vient de la sincérité de notre attente et d'une grâce de Dieu qui est forcément efficace, puisqu'elle nous transforme.

Notre salut vient de ce que nous savons attendre cette transformation nécessaire d'un autre, et que sachant cela, nous reconnaissons Jésus, l'homme nommé salut, comme cet autre.

La force d'Anne, qui manifeste l'étrange accointance existant depuis le commencement entre Dieu et les femmes, c'est de VIVRE cette attente, de nous montrer par sa vie comment c'est non pas la Loi mais Dieu même qui est devenu le centre. Bref c'est d'avoir conçu le salut avant de le recevoir.

En évoquant Anne, je parle de la complicité des femmes avec Dieu, cette étrange accointance. Il en a toujours été ainsi ! Voyez bien sûr Genèse 3, 15 : « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme » dit Dieu au Serpent diabolique. Voyez aussi Gen. 4, 1 : « Adam connut Eve sa femme : elle conçut et enfanta Caïn, et elle dit : « J'ai acquis un homme, grâce à Yahvé ». L'associé d'Eve pour la vie, ce n'est pas Adam, c'est... Yahvé lui-même. Et Eve s'exprime ainsi après et malgré le péché originel, cet acte d'orgueil qui lui a valu... la porte du Paradis terrestre. Vitalement, elle n'a pas totalement rompu avec Dieu. La vie, dont les femmes sont porteuses, est toujours l'ambassadeur de Dieu !

Anne, attendant dans le jeûne et la prière la délivrance d'Israël, est bien une fille d'Eve. Elle a deviné le salut, avant qu'il n'arrive et sa vie, depuis son veuvage intervenu « sept ans après sa virginité », a été une longue matérialisation de ce pressentiment. (http://ab2t.blogspot.fr/2010/12/la-prophetesse-anne-et-le-role-des.html).

Anne, veuve prophétesse, reconnut en ce petit enfant, le libérateur de Jérusalem. À la louange de Syméon s'unit cette femme, âgée elle aussi, qui se fait la première messagère de la Bonne Nouvelle - de « l'Evangile » - de la venue du Sauveur, comme le furent d'autres femmes de sa Résurrection.

Seigneur, vous êtes la lumière, lumière qui vient éclairer ce monde rempli de ténèbres. Je vois des ténèbres de toute part : le monde sécularisé dans lequel je vis, le paganisme ambiant, la dégradation morale de la jeunesse. Tout est ténèbres. Moi aussi, je vis dans les ténèbres. Mais, je crois que vous êtes la Lumière. Lumière pour mon âme et lumière pour le monde. Aidez-moi à vivre en accord avec cette lumière que vous me donnez pour que je puisse vous aider à éclairer le monde. Amen. 

Prières quotidiennes

 

Neuvième jour

La Présentation de Jésus au Temple, donne gloire au peuple

 

« Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants ! C'est lui qui l'a fondée sur les mers et la garde inébranlable sur les flots ! Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ?L'homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles et ne dit pas de faux serments). Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice. Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face ! Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles : qu'il entre, le roi de gloire ! Qui est ce roi de gloire ? C'est le Seigneur, le fort, le vaillant, le Seigneur, le vaillant des combats. Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles : qu'il entre, le roi de gloire ! Qui donc est ce roi de gloire ? C'est le Seigneur, Dieu de l'univers ; c'est lui, le roi de gloire ». (Psaume 23).

« Marie est la mère qui, aujourd'hui, au Temple, présente le Fils au Père, donnant suite également en cela au « oui » prononcé au moment de l'Annonciation. Que ce soit encore elle la mère qui nous accompagne et qui nous soutienne, nous, fils de Dieu et ses fils, dans l'accomplissement d'un service généreux à Dieu et à nos frères.

C'est Jésus lui-même qui est le véritable temple, le temple vivant, dans lequel Dieu habite et dans lequel nous pouvons rencontrer Dieu et l'adorer.

Jésus-Christ est la vérité faite personne, qui attire le monde à lui. La lumière qui rayonne de Jésus est splendeur de la vérité. Toute autre vérité est un fragment de la vérité qu'il est et renvoie à lui.

L'éveil à la foi chrétienne, a été rendue possible parce qu'il y avait en Israël des personnes avec un cœur en recherche, des personnes qui ne s'installaient pas dans leurs habitudes, mais étaient en quête d'un plus : Zacharie, Elisabeth, Siméon, Anne, Marie et Joseph, les Douze et tant d'autres. Parce que leur cœur était en attente, ils ont pu reconnaître en Jésus l'Envoyé du Père, et être ainsi à l'origine de sa famille universelle.

La dévotion du peuple chrétien a toujours considéré la naissance de Jésus et la maternité divine de Marie comme deux aspects d'un même mystère, celui de l'Incarnation du Verbe divin, et n'a donc jamais regardé la Nativité comme un fait appartenant au passé. Nous sommes des « contemporains » des bergers, des mages, de Siméon et d'Anne et, marchant avec eux, nous sommes remplis de joie parce que Dieu a voulu être le Dieu avec nous, et il a une mère qui est notre mère.

Marie est la mère de celui qui est gloire de son peuple Israël et lumière pour éclairer les nations, mais aussi signe en butte à la contradiction (Lc 2, 32-34). Et elle-même, dans son âme immaculée, devra être transpercée par l'épée de la douleur, démontrant ainsi que son rôle dans l'histoire du salut ne se limite pas au mystère de l'Incarnation, mais se complète dans la participation pleine d'amour et de douleur à la mort et à la résurrection de son Fils.

L’Église, comme la Vierge Marie, offre au monde Jésus, le Fils qu'elle-même a reçu en don, et qui est venu libérer l'homme de l'esclavage du péché. Comme Marie, l'Église n'a pas peur, car cet Enfant est sa force. Mais elle ne le garde pas pour elle : elle l'offre à tous ceux qui le cherchent d'un cœur sincère, aux humbles de la terre et aux affligés, aux victimes de la violence, à ceux qui désirent ardemment le bien de la paix. (Textes extraits des sermons, homélies, lettres et écrits de Benoît XVI).

Nous vous louons Seigneur de gloire, Lumière des nations, salut préparé à la face des peuples, qui donne gloire à son peuple. Gloire et louange à notre Dieu ! Amen.

Prières quotidiennes

 

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Prière pour les prêtres et les vocations

 

Seigneur Jésus, au cours de la sainte Cène, par amour pour votre peuple, vous avez instituez l’eucharistie que vous avez confiez a vos apôtres. Nous vous remercions pour tous les hommes que vous avez envoyés depuis ce jour pour qu’ils soient prêtres afin de guider votre peuple et dispenser les sacrements. Apprenez-nous à les accueillir tels qu’ils sont, avec leurs richesses et leurs pauvretés, et à les soutenir fraternellement dans leurs joies et leurs épreuves. Rendez-les toujours plus fidèles aux engagements de leur ordination, dans la joie de servir et de s’unir à vous. Donnez à vos prêtres la grâce de correspondre toujours mieux au Bon Pasteur que vous êtes, celui qui se fait le serviteur de ses frères et donne sa vie pour ses brebis. Nous vous prions de continuer à susciter de nouvelles vocations. Que votre Esprit soutienne ceux qui perçoivent votre appel et hésitent à vous répondre. Aidez-nous aussi à encourager tous ceux que, dans nos familles et notre entourage, vous appelez à servir votre Corps. Nous vous le demandons, à vous qui vivez et régnez avec le Père et le Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Vierge Marie, Mère du Christ-Prêtre, Mère des prêtres du monde entier, vous aimez tout particulièrement les prêtres parce qu'ils sont les images vivantes de votre Fils unique. Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre et vous l'aidez encore dans le ciel. Nous vous en supplions, priez pour les prêtres Priez le Père des cieux pour qu'Il envoie des ouvriers à sa moisson. Priez pour que nous ayons toujours des prêtres qui nous donnent les sacrements, qui nous expliquent l’Evangile du Christ et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu. Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père les prêtres dont nous avons tant besoin ; et puisque votre Cœur a tout pouvoir sur Lui, obtenez-nous, ô Marie, des prêtres qui soient des saints ! Amen.

 

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Litanies de la Présentation de Jésus au Temple

 

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, ayez pitié de nous.

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus enfant, écoutez nous.

Jésus enfant, exaucez nous.

Père Céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Fils Rédempteur de monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Trinité sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

 

Jésus, Lumière des nations, vrai Fils du dieu vivant, ayez pitié de nous.

Jésus, Lumière des nations, vrai Fils de Marie, ayez pitié de nous.

Jésus, Lumière des nations, Verbe fait chair, ayez pitié de nous.

Jésus, Lumière des nations, Sagesse du Père céleste,

Jésus, Lumière des nations, l’objet de ses éternelles complaisances,

Jésus, Lumière des nations, l’attente des justes,

Jésus, Lumière des nations, le désir des nations,

Jésus, Lumière des nations, salué de loin par les prophètes,

Jésus, Lumière des nations, le roi des anges,

Jésus, Lumière des nations, notre Sauveur,

Jésus, Lumière des nations, notre frère,

Jésus, Lumière des nations, trésor de grâces,

Jésus, Lumière des nations, source du pur amour,

Jésus, Lumière des nations, qui entre dans le Temple,

Jésus, Lumière des nations, présenté au Temple par Marie et Joseph,

Jésus, Lumière des nations, reçu dans les bras du vieillard Syméon,

Jésus, Lumière des nations, Emmanuel qui pénètre dans son sanctuaire,

Jésus, Lumière des nations, Messie annoncé et espéré par le peuple,

Jésus, Lumière des nations, Lumière née de la Lumière,

Jésus, Lumière des nations, Lumière du Christ et des consacrés,

Jésus, Lumière des nations, messager de l’Alliance,

Jésus, Lumière des nations, accomplissant parfaitement la Loi de Dieu,

Jésus, Lumière des nations, racheté par deux petites colombes,

Jésus, Lumière des nations, qui vient à la rencontre de ton peuple,

Jésus, Lumière des nations, attente des nations,

Jésus, Lumière des nations, reconnu par la prophétesse Anne,

Jésus, Lumière des nations, salut préparé à la face des peuples,

Jésus, Lumière des nations, accomplissant le rite de la Purification,

Jésus, Lumière des nations, qui purifie nos cœurs,

Jésus, Lumière des nations, qui donne gloire à ton peuple Israël,

Jésus, Lumière des nations, signe de contradiction,

 

Soyez nous propice, pardonnez nous Jésus, Lumière des nations,

Soyez nous propice, exaucez nous Jésus Lumière des nations,

 

De la servitude du péché, délivrez nous Jésus Enfant.

De la concupiscence de la chair, délivrez nous Jésus Enfant.

De l’orgueil de la vie, délivrez nous Jésus Enfant.

Par votre très humble naissance, délivrez nous Jésus Enfant.

Par votre douloureuse circoncision,

Par votre glorieuse manifestation,

Par votre présentation au temple,

Par votre innocence,

Par votre obéissance,

Par votre douceur,

Par votre humilité,

Par votre amour,

 

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez nous, Jésus, Lumière des nations.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez nous, Jésus, Lumière des nations.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous Jésus, Lumière des nations.

 

Je me réjouirai en Dieu.

Et je tressaillirai en Jésus mon Sauveur.

 

Prions

 

Divin Jésus, que votre amour pour moi a réduit à la petite enfance, à la pauvreté et à l’humiliation de la crèche, je vous adore dans vos abaissements, où vous me paraissez mille fois plus aimable que sur le trône de votre Gloire. Que ne puis-je vous offrir, comme les mages, l’or d’une ardente charité, l’encens d’une prière fervente, jointe à la mortification des passions et des sens ! Sanctifiez mon cœur, ô Jésus, comme autrefois vous avez sanctifié celui de Syméon ; que je sois, comme lui, vigilant sur moi-même, docile à votre voix, prompte à seconder la grâce. Arrachez de mon âme tout sentiment d’orgueil, de souffrance, tout désir de richesse et de l’estime des créatures ; faites moi participer à votre divine Présentation au Temple, en me remplissant de douceur et d’humilité. Amen.

 

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19 janvier 2024

Le Vénérable Guido Schäffer

Guido

Le Vénérable Guido Schäffer

le surfeur de Dieu

1974-2009

 

Guido Vidal França Schäffer est né le 22 mai 1974 à Rio de Janeiro, dans une famille catholique. Il fait sa première communion à 9 ans et sa confirmation à 16 ans : sa relation à Dieu, reçue dans son enfance, grandit et s’affermit discrètement et sans grande période de rejet, au fur et à mesure qu’il prend les grandes décisions de sa vie.

Dans le quartier de Copacabana, dans lequel il a vécu jusqu’à son entrée au séminaire, il se faisait beaucoup d’amis et aimait énormément le sport : le foot (bien sûr !), le cyclisme, la montagne mais en particulier le surf ! Toujours à la recherche d’une meilleure vague, du défi supplémentaire, le surf lui donne le goût de l’excellence, du progrès constant, de la patience aussi. Par le surf il contemple aussi la beauté de Dieu manifestée dans la nature, son harmonie silencieuse ; à chaque étape de sa vie il y a un passage par ces moments de surf, c’est sa façon de rentrer en retraite avec Dieu.

Il fit des études de médecine en s’orientant particulièrement sur la médecine généraliste pour être plus proche des patients et mieux les connaître dans leur intégralité. Il y voyait un véritable défi puisque cette discipline nécessite de connaître tous les aspects du corps humain. Un professeur avec qui il travaillait a dit : « D’un comportement irréprochable envers les autres, il faisait preuve de sa foi à chaque instant. Il vivait en parfaite harmonie avec les valeurs chrétiennes de cordialité, de tempérance, de charité et de justice ». Beaucoup de ses collègues étaient touchés par l’approche chaleureuse, patiente et douce de Guido envers ses patients. Ses amis de la fac constatèrent aussi son grand amour pour l'Eucharistie, dont il parlait comme le remède du corps et de l'esprit, utilisant dans sa description ses connaissances médicales.

Lors d’une messe, Guido fut touché par cette parole : « Ne détourne jamais ton regard du pauvre, ainsi Dieu ne détournera jamais son regard de toi ». (Tb 4, 7) La semaine suivante il fit la rencontre des sœurs de Mère Thérésa et commença à travailler avec elles, joignant ainsi soin des âmes et des corps. La Sœur Caritas, missionnaire de la Charité à Lapa et qui travaille avec lui écrit : « Son unique préoccupation était de sauver les âmes. Emmener chacun à une rencontre personnelle avec le Christ. Pour cela, il n'a ménagé aucun effort ». Il priait toujours pour et avec chacun de ses patients. Il encourageait chacun d’eux dans leur difficulté et ne perdait jamais espoir.

En 2000, à l’occasion de l’année sainte, il voyage à Rome et dans plusieurs sanctuaires de France et du Portugal. Là, après avoir lu un livre sur St François, il sent un appel à tout quitter pour devenir prêtre. Il entre au séminaire en 2002 tout en continuant son œuvre auprès des pauvres. Pendant cette période, il fonde et accompagne plusieurs groupes de prière charismatique, dans les églises et sur les plages, et est un prédicateur infatigable de la Parole de Dieu, jusque sur la radio locale. Il est l’homme dont la prière alimente la générosité. Il a toujours lié les deux et restera profondément un homme de contact et d’évangélisation. Il rencontre un peu tous les milieux et marquera profondément les personnes de la rue qui viendront en masse lors de sa messe d’enterrement.

Car le 1er mai 2009, à l’âge de 34 ans et en dernière année de séminaire, il meurt d’un accident de noyade en surf. Lors de la messe d’obsèques Don Orani Tempesta, actuel archevêque de Rio de Janeiro, fera le très beau geste de déposer son étole sur le cercueil de Guido comme pour dire : « tu es prêtre désormais ».

Sa cause de béatification a été ouverte en 2015. Guido a été déclaré vénérable le 20 mai 2023.

 

Guido 3

 

Citations extraites de ses écrits

 

« Jésus, aide-moi à soigner les pauvres ».

« Me voici pour répondre à Ton plan d'amour. Je veux être ton humble serviteur pour faire ta volonté ».

« Seigneur enseigne moi à aimer les autres comme tu les aimes. Je veux être bon, compatissant et plein de miséricorde. Dilate mon cœur dans l’amour parce que je t’aime et que tu es Amour ».

« Le chrétien a trois aliments : la Parole (Dt 8,3), l'Eucharistie (Jn 6,55) et faire la volonté du Père (Jn 4,34) ».

« Trois points importants dans la prière pour atteindre les grâces de Dieu : la confiance, l'humilité et la persévérance ».

« La vraie liberté est celle qui est basée sur l'amour et élit le bien ».

« Le pardon est le plus grand acte d’amour. Il n'est possible de pardonner que si nos cœurs sont remplis de l'amour de Dieu, de sa tendresse, de sa bonté, de sa miséricorde et de sa compassion ».

« Heureux l'homme qui pardonne toujours, parce que son cœur sera libre pour la grâce de Dieu ».

« Celui qui aime, sort de lui-même pour l'autre, cherche le bien des autres et ne demande rien en retour ».

Quand une personne âgée se plaignait de sa vieillesse, il disait : « Quelle sainte envie j'ai de votre situation : voulez-vous échanger votre âge contre le mien ? J'ai hâte d'aller au ciel ! »

« “L’amour est donc le plein accomplissement de la loi” (Rm 13, 10). L’amour c’est vivre intensément cette vie, les yeux fixés sur Jésus. L’amour c’est chercher Dieu à chaque moment de notre existence. L’amour c’est penser à Dieu, rêver de Dieu, parler de Dieu, désirer la mort pour être face à face avec Dieu. Cela qui aime se rend, se consomme et cherche en tout la volonté de l’Aimé. Il n’existe pas de plus grand amour que de donner sa vie pour le salut des âmes. Toutes nos actions doivent viser l’Amour de Dieu ».

« J'ai demandé au Seigneur: “Qu’est-ce que le buisson ardent ?”; Il a répondu : “C’est la flamme vivante du Saint-Esprit qui ne se consume pas, mais qui se transforme et consume qui le reçoit. Plus vous vous rapprochez de la flamme vivante de mon Esprit, plus vous entendrez ma voix vous appeler.” »

« Au cours de la prière du soir, le Seigneur m'a dit : “La sainteté c'est ouvrir la porte de ton cœur avec générosité. Je veux vivre une union intime d'amour avec toi. (…) Être saint, c'est être chaussé de sandales, prêt à marcher avec Moi et à annoncer l'Évangile de la paix ».

« Le Seigneur nous tient par des liens d'amour (Os 11.4). C'est par cet amour que nous devons nous unir à Lui. Cet amour qui attend tout, soutient tout, croit tout ».

 

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Prière

 

Dieu bien-aimé et Seigneur qui, par la vie du vénérable jeune Guido Schäffer, nous a enseigné, par son exemple et sa ferveur profonde, à nous jeter dans l’eau profonde de la Foi, accorde-nous, à son témoignage de jeune homme, de médecin, de séminariste et de surfeur, de savoir annoncer Ta Parole avec un enthousiasme renouvelé, et accorde-nous par son intercession la grâce que nous te demandons (…). Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

 

Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père

 

Guido 2

 

Plus d’infos

www.guidoschaffer.com.br

 

Facebook : Guido Vidal França Schaffer

Instagram : @guido_schaffer

 

Relations de grâces :

guido@arquidiocese.org.br

 

16 décembre 2023

Neuvaine de Noël

Naissance

 

Neuvaine de Noël

Du 16 au 24 décembre

 

I. Prenons d’abord la traduction du « Rorate coeli desuper »

 

R.: Cieux, répandez de là-haut, votre rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

1. Ne te mets pas en colère, Seigneur, et ne te souviens plus de notre injustice,

voici qu’elle est abandonnée la Cité du Saint des Saints,
Sion a été désertée, Jérusalem est dans la désolation,
le temple de ta sanctification et de ta gloire,
là où nos pères célébraient tes louanges.

2. Nous avons péché, et nous sommes devenus comme l’impur,

et nous tous sommes tombés comme la feuille,
et nos iniquités nous ont balayés comme le vent;
tu nous as caché ta face
et tu nous as abandonnés au pouvoir de notre iniquité.

3. Vois, Seigneur, l’affliction de ton peuple,

et envoie celui que tu dois envoyer:
envois l’Agneau dominateur de la terre,
depuis la pierre du désert jusqu’au mont de la fille de Sion,
afin que lui-même éloigne de nous le joug de notre captivité.

4. Console-toi, console-toi, mon peuple!

Bientôt viendra ton salut :
pourquoi serais-tu consumé de chagrin,
si la douleur t’a renouvelé?
Je te sauverai, ne crains pas
car c’est moi qui suis le Seigneur ton Dieu,
le Saint d’Israël, ton Rédempteur.

 

2. Lisons ici quelques versets du livre d’Isaïe (voir missel), suivis d’une dizaine de chapelet

 

Le Seigneur rassemble toutes les nations dans la paix éternelle du royaume de Dieu (Is 2, 1-5)
« Il jugera les petits avec justice » (Is 11, 1-10)
« Dieu vient lui-même et va vous sauver » (Is 35, 1-6a.10)
« Voici que la vierge est enceinte » (Is 7, 10-16)

 

3. Achevons la dizaine avec la prière suivante :

 

Ô Jésus très miséricordieux, Fils bien-aimé du Père qui nous as tant aimés et qui es venu dans le monde pour nous sauver, en ces jours où nous préparons la célébration de ta naissance dans l’humilité de la crèche, écoute nos humbles prières et ouvre-nous largement le trésor de tes grâces :

Nous te supplions pour notre monde malade : les égarements de l’orgueil et du désir de domination, de la jouissance égoïste et du matérialisme compromettent dangereusement son équilibre et son avenir…

Roi d’humilité et de paix, touche les cœurs de ceux qui ne te connaissent pas, et inspire à ceux qui nous gouvernent les mesures sages au service du bien commun et du respect véritable de l’homme créé à ton image !

Nous te prions pour tous ceux qui souffrent et qui sont affligés : les malades – du corps et de l’âme – , les personnes isolées ou abandonnées, les âmes aux prises avec le découragement ou tentés de désespoir…

Roi de douceur et de guérison, daigne les visiter toi-même et les consoler, et suscite des âmes de compassion qui leur viendront en aide!

Nous te présentons nos familles et nos communautés, nos amis et nos bienfaiteurs : vois nos besoins (les exprimer), sois touché par nos nécessités…

Roi de grâce et de bénédiction, renouvelle en nos âmes les prodiges de ton Incarnation et viens nous remplir de tes propres vertus pour que nous correspondions toujours davantage à ta sainte volonté!

Ô Vierge Marie et Saint Joseph, assistez-nous en ces jours et obtenez-nous, avec les grâces que nous demandons avec ferveur, d’accueillir dignement l’Enfant-Dieu avec des dispositions de cœur qui lui soient agréables. Ainsi soit-il!

 

4. Prenons chaque jour l’une des antiennes suivantes suivie du Magnificat :

 

Le 16 décembre : Ecce veniet Rex, Dominus terræ, et ipse auferet jugum captivitatis nostræ. (Voici que vient le Roi, Seigneur de la terre, et lui-même enlèvera le joug de notre captivité)

Le 17 décembre : O Sapientia, quæ ex ore Altissimi prodiisti, attingens a fine usque ad finem fortiter, suaviterque disponens omnia: veni ad docendum nos viam prudentiæ. (Ô Sagesse sortie de la bouche du Très-Haut, te déployant d’un bout du monde à l’autre et disposant toutes choses avec force et douceur: viens nous enseigner la voie de la prudence.)

Le 18 décembre : O Adonai et Dux domus Israël, qui Moysi in igne flammæ rubri apparuisti, et ei in Sina legem dedisti: veni ad redimendum nos in brachio extento. (Ô Adonaï et chef de la maison d’Israël, qui es apparu à Moïse dans la flamme du buisson embrasé et lui a donné la Loi sur le Sinaï: viens nous racheter par la puissance de votre bras !)

Le 19 décembre : O radix Jesse, qui stas in signum populorum, super quem continebunt reges os suum, quem gentes deprecabuntur: veni ad liberandum nos, jam noli tardare. (Ô Rejeton de Jessé qui es dressé comme un signe pour les peuples, devant qui les rois garderont le silence et que les nations invoqueront: viens nous délivrer, ne tarde plus désormais !)

Le 20 décembre : O clavis David, et sceptrum domus Israël; qui aperis et nemo claudit, claudis et nemo aperit: veni et educ vinctum de domo carceris, sedentem in tenebris et umbra mortis. (Ô Clef de David et sceptre de la maison d’Israël, tu ouvres et nul ne ferme, tu fermes et nul n’ouvre: viens et tires de sa prison celui qui est assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort!)

Le 21 décembre : O Oriens, splendor lucis æternæ, et sol justitiæ: veni et illumina sedentes in tenebris et umbra mortis. (Ô Soleil levant, splendeur de la lumière éternelle et soleil de justice: viens et illumines ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort!)

Le 22 décembre : O Rex gentium, et desideratus earum: lapisque angularis, qui facis utraque unum: veni, et salva hominem, quem de limo formasti. (Ô Roi des nations et objet de leur désir, Pierre angulaire qui des deux peuples en fais un seul: viens et sauves l’homme que tu as formé du limon!)

Le 23 décembre : O Emmanuel, Rex et legifer noster, exspectatio gentium, et Salvator earum: veni ad salvandum nos, Domine Deus noster. (O Emmanuel, notre Roi et notre législateur, attente des nations et leur Sauveur: viens nous sauver, Seigneur notre Dieu!)

Le 24 décembre : Cum ortus fuerit sol de cælo, videbitis Regem regum procedentem a Patre, tamquam sponsum de thalamo suo. (Lorsque le soleil montera dans le ciel, vous verrez le Roi des rois qui procède du Père, semblable à l’époux sortant de la chambre nuptiale!)

 

Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leur trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit,
pour les siècles des siècles. Amen.

 

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27 novembre 2023

Grande Neuvaine de l'Immaculée Conception 2023

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Neuvaine de l'Immaculée Conception

Bénie et encouragée par Sa Sainteté le Pape François

Du 30 novembre au 8 décembre 2023

 

1) Chaque jour, une dizaine de chapelet, suivie de la prière ci-dessous et de trois fois l'invocation :

« Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous » (et pour ceux qui n'ont pas recours à Vous, spécialement les ennemis de la Sainte Eglise et pour toutes les personnes qui Vous sont recommandées »).

2) Une communion le jour du 8 décembre ou entre le 30 novembre et le 8 décembre. Confession recommandée.

 

Prière de la Neuvaine

 

Ô Marie Immaculée, Mère de l’Église, Toi qui as toujours accompagné la vie de l’Église en France, nous nous confions à Toi avec ferveur.

Redis-nous sans cesse : « Faites tout ce qu’Il vous dira ». Qu’à ton intercession, l’Esprit Saint fasse brûler nos cœurs du désir d’aimer Jésus et de le faire aimer. Que l’Église en France soit porteuse de sa lumière et de sa grâce.

En ces années de nécessaire purification, obtiens-nous la lucidité et le courage de rejeter toute complaisance avec le mal et de transformer ce qui doit l’être, ainsi que la douceur et l’humilité.

Veille particulièrement sur les consacrés. Que par le don de leur vie, ils répondent sans réserve à l’amour de Dieu, en Jésus ton fil aimé.

Ô Marie conçue sans péché, qu’au milieu des nations notre Église soit fidèle à sa mission, et marche à la suite de Jésus, en acte et en vérité. Amen.

 

Mgr. Éric de Moulins-Beaufort,

Président de la Conférence des. Évêques de France, 2023

 

Chapelet des Enfants
5, rue de l’Université
75007 PARIS
Tel: 01 42 60 22 05

http://grande-neuvaine-de-l-immaculee-conception.com

 

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16 octobre 2023

Le serviteur de Jean-Thierry Ebogo

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Le serviteur de Jean-Thierry Ebogo

« L’enfant qui voulait devenir Jésus »

1982-2006

 

Jean-Thierry Ebogo naît le 4 février 1982 à Bamenda au Nord-Ouest du Cameroun, il est le fils très fervent couple catholique : René Bikoula et Marie-Thérèse Assengue Edoa. Sa maman raconte que dès sa naissance, elle l’avait offert, dans son cœur, au Seigneur, dans l’espoir qu’il devienne prêtre. Son père surnommait Jean-Thierry le « fils de la prière », car après la naissance de la fille aînée, ils ont longtemps attendu la naissance d’un garçon, et la grande famille faisait pression pour que René prenne une autre femme. Mais le Seigneur exauça la prière du couple qui voulu rester fidèle aux promesses de son mariage religieux : Jean-Thierry arrive et après lui, vinrent d’autres enfants. La famille vivait au rythme des affectations et des déplacements de papa René, qui était gardien de prison, et Jean-Thierry connut donc des lieux et des cultures diverses du Cameroun, ce qui le rendra très ouvert intellectuellement.

Des sa plus tendre enfance, à six ans, Jean-Thierry exprima le désir de devenir prêtre, attiré par l’exemple d’un missionnaire Oblat qui était aumônier de la prison de Maroua : il voulut l’imiter, pour « devenir comme Jésus ». Lui-même racontera ensuite la rencontre avec ce prêtre : « J’étais fou amoureux d’un idéal que je ne connaissais pas, je ne savais rien de la vie du prêtre et pourtant je voulais la faire ».

À treize ans, Jean-Thierry entre au petit séminaire de Guider, au Nord Cameroun. Il poursuivra pourtant ses études et obtiendra son baccalauréat scientifique à Monatélé, dans la région du Centre. Ceux qui l’ont côtoyé se souviennent de lui comme d’un garçon d’une intelligence brillante : il était souvent le premier de la classe. Très généreux, il donnait des cours de répétition aux moins doués ; il était aussi engagé dans les groupes paroissiaux d’action catholique. Avec un sens poussé de la responsabilité face aux difficultés de sa famille, il travaillait pour aider les parents afin d’envoyer ses petits frères à l’école, en faisant le moto-taximan et le photographe.

Il gardait dans son cœur la vocation sacerdotale, mais voulait vivre dans une communauté religieuse, puisqu’il voyait combien de dangers pouvaient rencontrer les prêtres qui vivaient seuls. Il fait une première expérience de pré-noviciat chez les Pères Oblats de Marie Immaculée à Mokolo, au Nord Cameroun, mais il est renvoyé. Interrogés après sa mort, les Pères Oblats expliquent qu’il fut réorienté pour sa tendance à une vie de prière trop intense par rapport à leur charisme. Jean-Thierry rentre déçu à Yaoundé, en se demandant ce que le Seigneur attendait de lui.

Conseillé par une tante religieuse, il arriva, finalement, à la paroisse de Nkoabang, confiée aux Pères Carmes Déchaux. Il fréquente cette paroisse et y fait refleurir les groupes des jeunes. À 21 ans, il devint aspirant chez les Pères Carmes puis, il est fut accepté. Thierry s’y sentit « chez lui » et, selon les témoignages, il s’engageait avec enthousiasme dans les exigences de la vie communautaire, aussi bien dans les travaux champêtres que dans l’apostolat. Les Pères Carmes, enthousiastes, accélérèrent les étapes en décidant qu’il pourrait entrer au noviciat.

 

La mission de la souffrance

 

Mais le Seigneur bouleverse les projets humains et invita plutôt Jean-Thierry à le suivre par un autre chemin. C’est en 2004, à la veille de son départ pour le noviciat au Burkina Faso, pendant un match de football à la paroisse, que Jean-Thierry ressentit une intense douleur à la jambe et son genou enfla. On pense tout d’abord à un accident de jeu, mais à la suite des investigations médicales successives, on diagnostica une tumeur osseuse au genou droit. Il est soumis à la chimiothérapie, mais le traitement s’avéra inefficace : il fallut amputer la jambe droite pour arrêter la tumeur.

Commença alors la via crucis de Jean-Thierry dans les hôpitaux et avec cela, la révélation de sa profonde spiritualité. La veille de l’intervention chirurgicale programmée pour l’amputation de sa jambe, sa maman est à côté de lui et Thierry lui demande de l’aider à bien laver et à bien parfumer la jambe, car, dit-il : « Demain, moi et toi, nous l’offrons au Seigneur, et un don doit être en ordre ».

Quand il était seul pourtant, comme le témoignent ses pensées recueillies dans son journal, il ressentait que le monde entier et ses projets s’écroulaient ; mais il ne montrait à personne sa souffrance physique et spirituelle.

Un jeune qui fréquentait en ce temps-là le Carmel nous a confirmé à ce propos que Jean-Thierry dans son lit d’hôpital se souciait de faire sourire ses amis en visite, en jouant avec la jambe amputée : en y accrochant une casquette, il s’en servait pour saluer les autres. Cet épisode exprime très bien son caractère : intelligent, spirituellement profond, mais aussi sociable et joyeux, plein d’humour pour détendre l’ambiance autour de lui. Dans son journal, il écrit à ce propos qu’il n’aimait pas pleurnicher et devenir répugnant comme certains malades qui inspirent de la peur par leurs cris de douleur ; il ne voulait surtout pas que les autres puissent souffrir à cause de lui.

Les médecins donnent quelques espoirs de guérison et Jean-Thierry ose croire et demander de devenir quand même religieux et prêtre, pour passer le temps dans la maison du Seigneur, le louer et accueillir les pécheurs dans le sacrement de la réconciliation. Il comprend qu’il suivra un noviciat de la souffrance. Après les premiers tâtonnements, c’est comme une vérité qui s’impose avec force, presque jetée à la figure. Il écrira : « Une fois compris ... je l’accueille à cœur joie ». Il confie son chemin aux prières d’une moniale carmélite du monastère d’Etoudi à Yaoundé, sœur Marie Irène de Jésus, afin qu’elle le soutienne dans son noviciat de la souffrance.

Il écrit ensuite une poésie qui montre, à notre avis, la montée de son âme vers le Seigneur, dans un élan d’amour croissant. Il y lit les événements qui le touchent comme une demande de la part du Seigneur du don de son pied afin qu’il puisse aller plus vite et plus loin… Et Jean-Thierry l’offre avec élan : « Prends-le... Je voudrais qu’il parcoure d’abord le cœur des jeunes camerounais pour l’avenir du Carmel de ce pays.. ». Il offre donc son pied au Seigneur afin que sa souffrance donne des fruits de vocation dans les cœurs d’autres jeunes camerounais, qui pourront aller là où il lui est désormais interdit d’arriver.

Une foi si profonde est surprenante sous tous les cieux. Mais elle nous frappe encore plus, puisque en ayant vécu longtemps en Afrique, nous savons que la maladie dans ce contexte est souvent refusée et considérée comme un signe de malédiction, prononcée par quelqu’un qui a « lancé » un mauvais sort ; parmi les croyants, surtout les plus engagés, la maladie n’est pas seulement une épreuve, mais une tentation d’abandonner la foi et de se tourner vers les guérisseurs traditionnels.

L’attitude de foi de Jean-Thierry et son abandon au Seigneur dans sa maladie, en embrassant une mission de la souffrance, sont pour nous l’originalité et le don le plus grand livré par sa vie héroïque à l’Afrique.

 

Voyage de l’espérance

 

L’année qui suit à l’amputation de son pied et de sa jambe, pendant une phase de rémission de la maladie, la congrégation des Carmes Déchaux décide de faire continuer le noviciat de Thierry en Italie, dans la province de Milan dont le scolasticat et la mission de Yaoundé dépendent, et en vue aussi de mener des investigations médicales plus approfondies.

La veille de son départ pour l’Italie, les symptômes de douleur se représentent et deviennent de plus en plus violents, manifestant très tôt que la jeune vie de Jean-Thierry est à nouveau tenaillée par la maladie. Les contrôles répétés et le diagnostic de l’hôpital de Legnano (dans la province de Milan) prononcent la sentence d’un cancer avec des métastases diffusées aux os.

Jean-Thierry est soumis à des soins intensifs auprès d’un centre spécialisé de Turin, mais sans aucune amélioration. Il rentre à Legnano, désormais pour les soins palliatifs. Il demande aux médecins de lui dire la vérité sur son état ; il leur dit ensuite : « Une fois qu’on a donné un sens à la maladie, elle n’est plus une souffrance, mais un chemin vers le Haut, un chemin vers un Autre, un ami qui a souffert comme moi... qui vient à ma rencontre aujourd’hui ». Il témoigne son amour ; il témoigne qu’il a trouvé pour qui vivre... et pour qui mourir.

Sa chambre d’hôpital devient un Carmel mystique, visitée par plusieurs personnes, surtout par les jeunes et les prêtres. Ses confrères aussi le soutiennent. Les docteurs et les infirmiers restent touchés par la patience et la force dans la souffrance de ce jeune. Un docteur s’exclame avec le Provincial des Carmes : « Il n’est pas un malade quelconque. Ce jeune est un saint ! ».

La foi qui était assoupie dans le cœur de nombreuses personnes, en entrant en contact avec Jean-Thierry, redevient un feu qui les embrase. Les témoignages donnés en Italie et ses écrits de cette période témoignent de la profondeur et des fruits de la mission de la souffrance de Jean-Thierry. La congrégation des Carmes au Cameroun, par le Père Giorgio Peruzzotti, qui avait été son directeur spirituel, suit chaque jour les nouvelles de sa santé et prie pour lui, en espérant un miracle.

Le Père Giorgio lui écrit (et il l’affirmera aussi le jour de son inhumation au Cameroun) qu’il espérait que le Seigneur arrêterait la maladie comme il l’avait fait avec la main d’Abraham sur Isaac. Mais que Dieu a voulu différemment… Finalement, tous s’abandonnent à la volonté de Dieu et admirent chaque jour davantage la communication sereine et confiante en Dieu de Jean-Thierry et sa transformation profonde en Jésus qu’il aimait de tout son cœur.

Le Père Peruzzotti l’affirme fort opportunément dans l’introduction à la première plaquette sur sa vie et ses écrits : « Quand Dieu met la main sur un enfant qui le laisse prendre possession de tout son être, ne nous étonnons pas de la transformation qu’il opère pas à pas ».

Pendant que des volontaires et des amis s’alternent dans la chambre de Jean-Thierry et prient avec lui, la Congrégation demande la dispense à Rome pour qu’il puisse prononcer ses vœux perpétuels en l’article de la mort et elle lui sera accordée. Ainsi, dans son lit d’hôpital il prend le nom de frère Jean-Thierry de l’Enfant Jésus et de la Passion, en renfermant toute sa vocation et sa jeune vie : de l’élan de l’enfance à devenir comme Jésus en participant à sa Passion, dans la souffrance.

Il affirme que si la petite Thérèse de Lisieux avait promis une pluie de roses, de grâces du Ciel de sa part, il aurait envoyé, lui, un déluge de vocations pour le Carmel et pour l’Afrique entière.

La profondeur spirituelle et le désir missionnaire de Jean-Thierry atteignent leur sommet dans cette affirmation. À l’occasion de ses vœux perpétuels, les amis de l’Italie se cotisent et permettent ainsi à la maman de Jean-Thierry d’être présente. Les photos de l’évènement montrent la joie de ce jour.

Après un mois, quand le permis de séjour expire, sa mère doit rentrer au Cameroun et la séparation sera déchirante pour tous les deux. Sa maman, Marie-Thérèse, depuis le début, avait été bouleversée par la maladie de Jean-Thierry et avait confié à son fils qu’elle se demandait si le Seigneur avait refusé son offrande, faite à sa naissance.

Sa mère racontait, le jour de l’inhumation de son fils, avec un visage profondément serein, qu’ en Italie, il lui avait réitéré le même rappel depuis le début de sa maladie : « Maman, que la volonté de Dieu soit faite… » ; « Maman, est-ce que tu te rappelles ? Tu m’as offert à Lui depuis ma naissance. C’est comme lorsque tu donnes une petite chèvre ; quand tu iras visiter ton ami, tu ne lui demanderas pas ce qu’il a fait de sa petite chèvre : s’il l’a élevée ou s’il l’a mangée… ; si tu offres un poulet tu ne diras pas à ton ami comment devra-t-il le préparer… Moi, je suis comme la petite chèvre de Dieu… nous ne devons pas demander à Dieu ce qu’il fait de la chèvre que tu lui as donnée dès sa naissance… ». Un rappel doux et ferme à sa maman, afin qu’elle se confie pleinement à la volonté de Dieu, avec le langage de sa culture.

Jean-Thierry meurt le 5 janvier 2006, à 24 ans, en regardant l’image de Jésus en face de lui, en murmurant ses derniers mots : « Il est beau Jésus… Qu’il est beau… ».

Cette beauté, « l’incendie qui avait embrasé son cœur d’enfant – dira encore le Père Giorgio Peruzzotti dans sa biographie – est trop puissant pour s’arrêter, il veut le communiquer au monde entier ».

 

Mission pour toute l’Église

 

Après les obsèques en Italie, à Legnano, sa dépouille a été acheminée au Cameroun où un grand nombre de fidèles et amis du Carmel l’ont accueillie. Nous nous rappelons ces jours-là, l’émotion intense ainsi que la certitude de foi que le Carmel au Cameroun a été marqué à jamais par le passage du jeune Jean-Thierry. Il repose désormais dans le jardin du scolasticat « Edith Stein » de Nkolbisson, à Yaoundé, près de l’Université Catholique, carrefour des jeunes en formation. Sa tombe toujours fleurie est devenue un lieu de prière et de pèlerinage. Les témoignages sur sa jeune vie ont été recueillis et le procès de béatification a été préparé et lancé à Milan.

Le cardinal Angelo Scola, en clôturant à Legnano la phase diocésaine du procès de béatification, avant que toute la documentation passe au Vatican, a affirmé : « Après avoir porté nous-mêmes l’Évangile dans plusieurs zones du monde, nous accueillons aujourd’hui avec joie l’arrivée d’évangélisateurs et de témoins qui viennent de ces terres, comme Jean-Thierry, afin que notre foi puisse ressusciter et apprendre à nouveau à aimer ceux qui sont à côté de nous ».

La cause pour sa béatification a été introduite le 15 février 2013. L'enquête diocésaine a été clôturée le 9 septembre 2014 dans le Diocèse de Milan. Jean Thierry Ebogo est désormais considéré par l’Église catholique comme Serviteur de Dieu.

Jean-Thierry sera peut-être le premier saint noir du diocèse de Milan, signe des temps nouveaux de l’Église et de la mission dans toutes les directions.

 

Jean-Thierry Ebogo

 

Prières

 

Dieu d’amour et de miséricorde, tu as sauvé le monde par le mystère de l’Incarnation, Passion et Résurrection de ton Fils bien-aimé Jésus, et Tu as extraordinairement associé à ces mystères ton serviteur le Frère Jean Thierry de l’Enfant Jésus et de la Passion. Donne nous par son intercession, la même foi et endurance dans la souffrance pour que nous puissions être associés à tes amis qui contemplent ton Visage dans ton Royaume. Amen.

 

Père saint, source de toute sainteté, nous te rendons grâce d’avoir donné à ton Église notre Frère Jean-Thierry de l’Enfant Jésus et de la Passion, exemple lumineux de jeunesse consacrée au Christ. Nous Te remercions de l’avoir conduit avec sagesse et amour sur la route étroite de la Croix. Nous te demandons d’exaucer les désirs que lui-même manifestait pendant qu’il était parmi nous : faire descendre une pluie de saintes et solides vocations religieuses et sacerdotales, particulièrement au Carmel ; d’offrir sa vie pour la sanctification des prêtres et d’aider tout homme marchant vers toi. Nous Te demandons d’exaucer son vœu d’être auprès de Toi et, si c’est ta volonté, de nous obtenir la grâce que nous te demandons (...). Amen.

 

 Jean et Maman

 

Relations de grâces

 

Carmes Déchaux

C.47 NKOLBISSON

B.P. 185

YAOUNDE (Cameroun)

 

www.Jeanthieryebogo.org

 

E-mail : ocdnkolbisson@yahoo.fr

Facebook : www.facebook.com/jeanthierry.ebogo

 

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Page mise à jour le 12 novembre 2023

 

29 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Trentième et dernier jour

Trentième rayonnement

L'Ascension

 

« Latentur cæli et exultet terra » (Ps. 95, 11)

 

Pendant les quarante jours qui sui virent sa Résurrection, Jésus-Christ avait consolé les siens par ses visites et ses enseignements. Il leur avait apparu avec son corps glorifié, exempt de l'infirmité humaine et que ses Disciples considéraient avec plus d'amour et de respect. Ce corps lumineux et beau, quelques-uns l'avaient contemplé sur le Tabor dans sa splendeur ; mais depuis, la souffrance de la Passion y avait imprimé une gloire plus touchante encore. Il y avait une gratitude infinie dans le regard que ces hommes simples jetaient sur leur Maître crucifié pour eux, et ressuscité. Ceux qui avaient douté virent Jésus s'incliner vers Thomas, lui montrer de tout près la blessure de son Cœur, ses pieds et ses mains percés et dire : « Regarde, Thomas, et mets ton doigt dans mes mains et dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais fidèle ». La blessure du côté restée grande ouverte brillait surtout comme un soleil resplendissant. Ce grand Cœur qui n'avait pu contenir tant d'amour sans s'ouvrir par une violente blessure, rayonnait sur ses Disciples, les emplissant tous de sa divine lumière.

Cependant le Seigneur allait quitter ses fidèles, sa Mère et ses amis. Il avait parachevé son œuvre, le noyau de l'Église était formé, les Apôtres avaient reçu l'onction sainte du sacerdoce ; Pierre était la tête et les Disciples les membres fidèles. Il ne restait plus que la Confirmation du Saint Esprit, ce Consolateur promis qui devait leur communiquer la force et le talent nécessaire à ce grand œuvre : la conversion du monde.

Le Christ apparut une dernière fois aux siens dans la grande salle du Cénacle ; il partagea leur repas, et prenant congé d'eux il leur dit de monter au sommet du Mont des Oliviers et de l'attendre. Tandis qu'ils étaient là-haut, rassemblés au nombre de cent vingt, Jésus se trouva au milieu d'eux.

Regardez-les, ô pèlerin, au sommet de cette belle montagne qui se dresse à l'Orient de Jérusalem, couverte alors d'une luxuriante verdure, nouveau dernier Tabor ! Voyez les Disciples qui se pressent autour de leur Seigneur, saisis d'une frayeur soudaine de le perdre, pressentant déjà la séparation à cause des paroles qu'il leur avait dites : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, encore un peu et vous me reverrez ».

C'était en effet l'heure de l'adieu ! Soudain, Jésus levant les yeux vers le ciel, s'éleva de terre et lentement comme l'aigle qui s'envole, il monta, monta, les bénissant dans les airs, jusque dans les profondeurs des cieux.

On eût dit qu'il quittait la terre à regret, car il la quittait avec lenteur, le doux Seigneur bénissant !... Une nuée le déroba enfin aux regards de ses fidèles, voilant le dernier rayonnement visible de son Cœur !

Admirez, ô pèlerin, comme Jésus doucement attire et oriente nos cœurs vers le ciel, c'est là désormais qu'il faut le chercher : Sursum corda ! Mais, je vous en prie, jetez un regard de compassion sur ces pauvres désolés qui lèvent les mains vers le ciel en jetant des cris et des sanglots ; sur cette Mère affligée qui voit partir son Fils unique, la laissant seule en exil sur la terre ! Comment consoler tous ces exilés ? Que dire, en effet, à celui qui, loin de sa patrie, voit le soleil se coucher et disparaître sur sa terre natale ? Il pleure en pensant qu'il a perdu l'espérance avec la lumière et rien ne le console ?… Jésus-Christ était leur divin Soleil, et ils se sentaient seuls sur une terre étrangère depuis qu'ils avaient vu son humanité sainte disparaître dans l'infini.

Ils regardaient et pleuraient si long temps que les Anges étonnés vinrent leur dire : « Hommes de Galilée, pourquoi regardez-vous ainsi vers les cieux ? Ce Jésus qui vous a quittés s'est élevé au ciel et viendra un jour de la même manière que vous l'y avez vu monter ». Ces Anges, envoyés par le divin Maître pour les consoler, rendirent le courage et l'espoir à leur âme abattue. En effet, ô hommes de Galilée, pourquoi pleurez-vous, vous n'avez pas tout perdu, Jésus-Christ ne vous quitte pas, il est présent parmi exil vous par son Sacrement et par l'amour tous de son Cœur. Souvenez-vous de la Cène et des admirables promesses de votre Maître !

Et puis ne va-t-il pas implorer là-haut grâce et pardon pour nous, pauvres pécheurs, en montrant à son Père son saint Corps tout couvert des blessures reçues pour le salut du monde ? Il est désormais notre Messager, notre Médiateur…

Et ils descendirent de la montagne pleins de joie, retournèrent à Jérusalem plus forts contre l'épreuve, plus ardents à prêcher Jésus partout, prêts à donner leur vie pour son nom. La douce Mère de Dieu, elle, dont le cœur habitait le ciel, s'en alla aussi toute fortifiée.

Et vous, ô pèlerin, regardez le ciel avec eux ; « il est si beau, le ciel, dit saint François de Sales, maintenant que Jésus y sert de soleil et que son Cœur est une source d'amour dans laquelle les bienheureux viennent boire à souhait. Chacun va se regarder dedans ce Cœur et y voit son nom écrit d'un caractère d'amour, que le seul amour peut lire, que le seul amour a gravé ».

Jésus, en quittant la terre, avait donné aux siens un dernier gage d'amour : l'empreinte de ses pieds vainqueurs sur le rocher qui s’amollit au contact divin. Mais surtout, il leur laissait et nous laissait à tous le plus précieux héritage : son Cœur sacré. Ce Cœur, foyer de son éternel amour, restera réellement présent avec nous jusqu'à la fin des siècles, dans le Sacrement par excellence, l'ineffable Eucharistie !

 

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Invocation

 

Quand donc, ô divin Sauveur, quand donc suivrons-nous de nos aspirations, de nos désirs ardents cette route glorieuse que, vous nous tracez par votre Ascension ! « Qui me donnera les ailes de la colombe ! et j'irai et je me reposerai en vous ! » Ascende superius ! En haut, montez plus haut ! C'est l'appel que vous nous faites entendre, ô divin Maître ; et de même que l'aimant attire le fer, que votre Cœur attire les nôtres vers Lui, qu'il soit notre Guide, notre Boussole et nous oriente toujours vers la céleste Jérusalem ! Ainsi soit-il.

 

Mirebeau

 

Consécration au Cœur de Jésus

 

Je vous adore, Cœur sacré de Jésus, source de la vie éternelle, fournaise ardente du divin amour, et je vous consacre mon cœur ; soyez à jamais mon asile et le lieu de mon repos ; c'est dans votre Cœur que je veux habiter, là que je veux aimer. Ce Cœur deviendra la règle de mes pensées, mon Guide dans les passages difficiles de la vie, ma force, ma lumière, ma véritable consolation.

Ô Cœur de Jésus, que mon cœur soit l'autel de votre amour, que tout mon être soit occupé à vous servir, à publier votre ineffable bonté. Vous nous avez tout donné, ô Jésus, il est bien juste que je vous donne ma volonté et mon cœur. Faites que mon esprit médite vos perfections adorables, que ma mémoire se souvienne de vos bienfaits, et que mon cæur, tout uni au Vôtre, soit prêt pour vous à tous les sacrifices.

Ô Seigneur, que j'ai tardé à vous aimer, que j'ai tardé ! Aussi je veux vous consacrer tous les instants qui me restent à passer sur la terre, je ne veux plus vivre que pour vous, heureux si je pouvais mourir en vous aimant et vous glorifier pendant toute l'éternité. Ainsi soit-il.

 

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Fin du Mois du Sacré Cœur

 

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28 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-neuvième jour

Vingt-neuvième rayonnement

La pêche miraculeuse

 

« Dominus est ! » (Jn. 21, 7)

 

Jésus ressuscité ne pouvait se résoudre à quitter les siens, il vivait encore avec eux, leur apparaissait sans cesse, leur montrait ses pieds et ses mains percés, et rompait avec eux le pain comme il le fit avec les Disciples d'Emmaüs.

Vraiment ses délices sont d'être avec les enfants des hommes ! Quelle tendresse infinie dans ses rapports avec ses Apôtres, quelles douces paroles il leur distribue dans ces apparitions ineffables ; il ne peut les quitter, il les rejoint partout. « Pourquoi êtes-vous tristes ? », demande-t-il aux uns. « Ne vous troublez pas, ne craignez rien », dit-il à ceux-là. « Paix à vous, paix à vous », répète-t-il à tous. Comme le Cœur de Jésus palpite dans ces récits admirables du saint Évangile ! Son amour est transparent, translucide au travers des mots et des actes.

Un jour Pierre, qui était revenu en Galilée après la Résurrection avec quelques Apôtres et Disciples, sentit sa première vocation se réveiller en lui à la vue du beau lac de Tibériade et dit à ses compagnons : « Je vais pêcher ». Thomas, les fils de Zébédée et quelques autres lui répondirent : « Nous allons pêcher avec vous ». Et ils tendirent leurs filets dans la mer ; mais la pêche fut infructueuse, de toute la nuit ils ne prirent pas un seul poisson.

Au matin, Jésus parut sur le rivage et leur dit : « Enfants, avez-vous fait une bonne pêche? » « Non », répondirent-ils sans le reconnaître. Jésus reprit : « Jetez les filets à droite et vous trouverez ». Ils obéirent, mais ne pouvaient plus retirer les filets, tant ils étaient chargés de poissons. Aussitôt Jean dit à Pierre : « C'est le Seigneur ! » Admirable intuition de l'amour ! Jean le reconnaît moins à sa forme visible qu'à son adorable bonté !

Et voyez vous-même, ô pèlerin, combien Jésus est rempli d'une tendre sollicitude pour eux ! Tandis que la barque chargée approchait lentement du rivage, il avait préparé du feu sur le sable pour y faire cuire quelques poissons, et quand ses Disciples furent près de lui, il les servit lui-même de ses mains glorieuses. Le prodige les avait tous confondus, ils reconnaissaient à présent leur Seigneur ; mais n'osaient le questionner, tant ils étaient saisis d'admiration et de respect.

Mais le Maître reprenait avec eux la douce familiarité d'autrefois, son Cœur divin se laissait aller à des épanchements intimes et tendres, excitant en eux leur foi et leur amour. Oh ! l'admirable festin ! Les Disciples contemplent le visage adoré du Maître, et ne peuvent se rassasier de cette vue, ils se nourrissent spirituellement et corporellement avec le Seigneur. Heureuse l'âme qui s'entretient avec Jésus-Christ et qui reçoit les rayonnements de ce Cœur qui apporte le feu sur la terre et cherche à l'allumer dans toutes les âmes !

Ce miracle est d'une grande leçon, ô pèlerin. L'œuvre de l'homme est stérile en soi si Dieu ne la féconde ; mais il faut que l'homme apprenne son impuissance afin de recourir à Dieu en toute entreprise. Ces simples pêcheurs que Jésus-Christ allait élever au sacerdoce en les faisant pêcheurs d'hommes, apprenaient par ce symbole miraculeux que la grâce opérerait des prodiges par leur ministère, que Dieu donnerait une merveilleuse fécondité à leur apostolat. Ils allaient dès lors, à la parole du Maître, jeter les divins filets sur les multitudes et faire des captures d'âmes. Il était donc nécessaire d'exciter leurs sentiments de foi et d'amour au moment où Jésus allait confirmer leur vocation et élever Pierre à la dignité souveraine.

« Après qu'ils eurent mangé, dit saint Jean, le Seigneur dit à Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci ? » « Oui, Seigneur, répondit-il, vous savez que je vous aime ». Et trois fois Jésus renouvela cette demande et trois fois Pierre, avec un élan plus ardent, lui répondit : « Oh ! oui, Seigneur, je vous aime ». Et Jésus lui dit : « Pais mes brebis... »

Celui qui devait être le plus élevé en dignité, devait être aussi plus éprouvé en amour, plus fortifié en la foi. Déjà l'amour avait sa récompense, « car c'est l'office de l'amour, dit saint Augustin, de paître le troupeau du Seigneur ». Et par cette consécration de Pierre, le Cœur de Jésus transportait en son Apôtre et par lui en tous ses prêtres une partie de son grand amour pour les hommes.

Le Seigneur s'entretint encore quelques instants avec ses Disciples, puis il disparut. Ses visites n'étaient qu'une vision fugitive, mais infiniment consolante et douce. C'était pour eux un peu comme la visite eucharistique l'est pour les âmes. Elle est courte, l'âme ressent le bonheur de la présence réelle, sans pourtant savourer la douceur de ne plus la perdre.

Sur cette terre d'ombres, il en sera ainsi jusqu'à la fin ; la jouissance pleine est réservée pour l'éternité, et nous ne goûtons ici bas qu'en de furtifs instants combien le Seigneur est doux !

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Invocation

 

Seigneur, ne nous abandonnez pas dans notre exil, car nous vous aimons, oh ! oui, Maître, vous le savez ; mais si notre foi est chancelante, notre amour peu ardent, ayez pitié de notre faiblesse et fortifiez-nous, afin que nous aussi nous devenions des apôtres, apôtres par l'exemple et par la prière. Si vous nous apparaissiez tout-à-coup dans la splendeur de votre humanité sainte, nul ne pourrait résister à vos attraits ; mais nous ne vous voyons pas, vous ne nous consolez pas toujours, et pourtant toujours dans le silence de l'oraison, votre divin Cœur attentif rayonne avec amour sur l'âme qui prie.

 

Mirebeau

 

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27 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-huitième jour

Vingt-huitième rayonnement

Emmaüs

 

« Nonne cor nostrum ardens erat in nobis ? » (Lc. 24, 32)

 

Le jour de la Résurrection, vers le soir, deux Disciples s'en allaient de Jérusalem au bourg d'Emmaüs, situé environ à soixante stades (trois lieues) de la Ville sainte. Emmaüs est beaucoup moins élevé que Jérusalem ; mais pour y arriver il faut gravir un pays montagneux et rocailleux, traversé par la profonde vallée du Térébinthe, que sillonne le torrent tant célèbre où David ramassa la pierre qui devait tuer Goliath.

Les deux Disciples s'entretenaient des grands évènements arrivés à Jérusalem et dont tous les esprits étaient agités ; mais ils étaient profondément affligés de n'avoir point vu le Seigneur qu'on disait ressuscité. Tout en conversant avec tristesse et gravité et comme ils passaient dans la vallée de Térébinthe, un homme se joignit à eux et leur demanda doucement de quoi ils parlaient et d'où venait leur tristesse.

L'un des Disciples lui répondit : « Êtes-vous donc tellement étranger à Jérusalem, que vous ne sachiez rien des choses qui sont arrivées ces jours ci ? » « Quelles choses ? » dit le voyageur. Ils reprirent : « Au sujet de Jésus de Nazareth qui était un Prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant les hommes. « Ignorez-vous comment les Princes des Prêtres et les Anciens de notre nation l'ont livré et l'ont crucifié ? Nous espérions qu'il était Celui qui doit délivrer Israël ; mais voici maintenant trois jours que ces choses ont eu lieu ».

Alors les Disciples racontèrent avec l'accent du découragement que le Sépulcre était vide et que les saintes Femmes disaient avoir vu le Seigneur vivant et ressuscité ; mais ils appelaient cela délire de femme : deliramenta.

Alors le voyageur inconnu leur dit : « Ô insensés ! Cœurs lents à croire les Prophètes, ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances et qu’ainsi il entrât dans sa gloire ? » Ensuite il leur commenta les prophéties et leur expliqua ce qui était dit du Christ dans les Saintes Ecritures.

Cheminant ainsi tous trois, ils arrivèrent au seuil de la maison de Cléophas, l'un des deux Disciples, et le voyageur parut vouloir les quitter ; mais ils insistèrent pour qu'il restât, disant : « Il se fait tard, le jour est déjà sur son déclin ». L'inconnu entra et se mit à table avec eux, tout-à coup il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur présenta comme au jour de la Cène. À cet instant, leurs yeux s'ouvrirent, ils reconnurent leur divin Maître ; mais aussitôt il disparut. Les Disciples, remués jusqu'au fond de l'âme, se dirent l'un à l'autre : « Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au dedans de nous lorsqu'il nous parlait dans le chemin et qu'il nous expliquait les Ecritures ? »

Ainsi, ô pèlerin, le divin Cœur de Jésus se trouve partout sur le chemin de notre vie, à tous les passages difficiles, prêt à nous aider et à nous éclairer. Quand une âme livrée à quelque perplexité ou quelque sécheresse doute, s'attriste, désespère, il vient par sa grâce, fortifie et illumine cette âme.

Il est bon de s'entretenir des choses de Dieu ; mais si notre esprit limité se perd, si notre foi s'égare, le divin Voyageur viendra nous remettre dans le droit chemin. Son amour ne peut supporter de voir les siens errants, affligés ; c'est en ami qu'il vient à eux et leur demande doucement de lui ouvrir la porte de leur cœur.

Quand l'âme, médite et prie, le divin Cœur l'écoute et la suit, puis il fait semblant de partir, afin d'être retenu, d’être supplié. Alors il se révèle. Non seulement il attend les âmes, mais souvent il a pitié de la faiblesse de notre foi, il les poursuit de ses sollicitations, leur donne de précieuses leçons jusqu'à l'heure où l'âme éblouie s'écrie : C'était le Seigneur ?

Mais le passage du Seigneur est de courte durée, comme tout bonheur sur terre ; il faut saisir cet instant rapide, car l'on peut manquer la venue divine et repousser la grâce. Il faut pour écouter sa parole, un cœur docile et plein de bonne volonté.

Admirez encore, ô pèlerin, l'humilité très grande du divin Cœur qui se plaît à dévoiler ses plus hauts secrets à ces deux simples disciples. Les orgueilleux ne trouvent jamais assez d'auditeurs pour écouter leurs discours et croient s'abaisser en parlant à des hommes de condition inférieure ; mais le Seigneur converse familièrement avec ses deux pauvres compagnons de route et marche avec eux. Admirez aussi, combien cette manière de se faire reconnaître est touchante : l'Eucharistie : C'est là le grand moyen de Dieu pour s'attirer les âmes, pour fortifier les faibles, pour confirmer les forts ; c'est le signal divin !

Souvent l'âme aveugle reçoit l’hôte céleste d'un cœur indifférent ; mais un acte de bonté suprême, la touche puissante de la grâce, le lui fait reconnaître : le cœur s'échauffe à ce contact sacré, et adore ce Cœur dont les rayons d'amour l'illuminent.

 

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Invocation

 

Ô Cœur sacré, protégez-nous en ce passage de la terre et ne nous quittez pas ; ouvrez nos yeux, éclairez nos pas, dissipez nos doutes. Si mon cœur est uni au Vôtre, qui craindrai-je ? Vous l'avez dit, ô divin Maître : « Que votre cœur ne se trouble point et ne craigne point. Comme mon Père m'a aimé, c'est de ce même amour que je vous aime. Demeurez dans mon amour ». Et nous vous le demandons, comme les deux Disciples d'Emmaüs, ô Seigneur, demeurez avec nous, nous voulons habiter avec vous. Hic habitabo, quoniam elegi eam (Ps. 131, 15).

 

Mirebeau

 

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