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Les islamistes autoradicalisés, cauchemar de l'antiterrorisme

Un policier enquête sur l'agression d'un militaire, samedi à la station de RER la Défense. FRANCOIS GUILLOT/AFP

Après Londres, l'agression d'un militaire à la Défense inquiète les autorités à Paris.

L'attaque à l'arme blanche, samedi après-midi, contre un soldat de 23 ans du 4e régiment de chasseurs alpins, en patrouille Vigipirate dans le complexe ferroviaire de la Défense (Hauts-de-Seine), prend un relief particulier trois jours après le meurtre à la machette, à Londres, en pleine rue et «au nom d'Allah», d'un jeune militaire du second bataillon du régiment royal des fusiliers.

L'agression de la Défense inquiète d'autant plus qu'elle a un précédent en France. Le 7 mai dernier, un gendarme de 44 ans a reçu trois coups de couteau, dont un au cou, par un déséquilibré qui a fait irruption dans la gendarmerie de Roussillon (Isère). L'agresseur a ensuite reçu un projectile dans la cuisse tiré par un autre militaire, lui-même blessé par l'éclat de la balle. Le dément se présentait comme un «guerrier de l'islam». En entrant dans la brigade de gendarmerie, il a crié «Allah est grand».

Déjà, le 8 juin 2012, un musulman de 34 ans, Brahim, «inconnu des services de police», avait pris le Thalys depuis la France pour aller poignarder deux policiers belges choisis au hasard, au sortir de la rame de métro qui l'avait déposé à Molenbeek, en Belgique.

Commentant l'affaire de la Défense, François Hollande a tenu à souligner qu'«à ce stade, aucun lien n'était établi avec le meurtre du soldat britannique», à Londres, le 22 mai. Mais, a-t-il reconnu, «nous devons regarder toutes les hypothèses». Dimanche, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a précisé «qu'il y a des éléments qui peuvent laisser penser qu'il s'agirait d'un acte terroriste».

Samedi, le première classe Cédric Cordier a donc reçu des coups de cutter ou de couteau au cou. Ses jours ne sont pas en danger. Ses deux collègues qui se trouvaient en arrière, n'ont pas été en mesure d'interpeller l'agresseur qui a disparu dans la foule.

«Violence soudaine»

Ce dernier, activement recherché dimanche soir encore, est décrit comme un individu de «type nord-africain», de grande taille, apparemment porteur d'un bonnet ou d'une calotte sur la tête. Ce que l'exploitation des images de vidéosurveillance de la gare et de ses abords devrait permettre de préciser.

Les enquêteurs de la Criminelle voulaient rester prudents, ce week-end, sur les mobiles de cette attaque dont Manuel Valls a souligné la «violence soudaine», en s'interrogeant sur une possible «comparaison avec ce qui s'est passé à Londres». Comme le militaire anglais, le soldat visé en France était affecté dans une unité ayant servi en Afghanistan. Mais il peut aussi avoir été victime d'une agression par un déséquilibré, liée à son seul statut militaire.

Si un quelconque mobile religieux devait se confirmer, il viendrait étayer les craintes de l'antiterrorisme qui, au fil des années, voit émerger des profils de terroristes en puissance qui «s'autoallument». Des électrons libres en somme, d'autant plus difficiles à détecter qu'ils forgent seuls leurs convictions haineuses, notamment via des sites islamistes aisément accessibles sur Internet, et qu'ils basculent souvent très rapidement, sortant des schémas classiques du terrorisme en réseau, qui laisse des complices et des traces.

Le criminologue Alain Bauer qualifie cette nouvelle génération de «lumpenterroristes». L'ex-juge Jean-Louis Bruguière, décrivait, pour sa part, le 17 septembre 2012, dans Le Figaro, l'évolution du phénomène: «On constate l'émergence de réseaux polymorphes, spontanés, sans réel fondement idéologique.» Selon lui, «leur niveau de réflexion est très faible et leurs membres sont très réactifs aux phénomènes extérieurs, amplifiés par Internet et les moyens modernes de communication. Ces gens ne sont pas liés aux cellules combattantes et n'en ont d'ailleurs pas besoin pour basculer dans l'action radicale.» Une analyse plus actuelle que jamais.


Londres accusé de laxisme avec les prosélytes musulmans

Londres, laxiste avec les radicaux? Depuis le meurtre, mercredi, d'un jeune soldat britannique par deux islamistes, le premier ministre, David Cameron, promet, en tout cas, de renforcer le contrôle des prêcheurs qui incitent à la violence. Un nouvel organisme pourrait voir le jour, chargé de surveiller plus étroitement les extrémistes et les «rhétoriques venimeuses» sur Internet.

Michael Adebolajo, l'un des tueurs du soldat anglais, était un prosélyte enflammé bien connu dans son quartier. Le MI5 (contre-espionnage anglais) est même accusé d'avoir voulu le recruter comme indicateur. Un juge antiterrorisme français rappelle qu'après les attentats du 11 septembre 2001, Londres fut déjà accusé d'avoir servi de berceau aux commanditaires de ces actes terroristes, notamment des prédicateurs de la mosquée de Finsbury Park.

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