Mouvement international russophile, ONU et multipolarité

Mouvement russophile ONU multipolarité
 

La « multipolarité » est le maître mot des revendications de la politique russe, mais aussi de l’ensemble du « sud global », des BRICS et autres entités assimilées… Ce serait, nous dit-on, l’antidote au mondialisme « unipolaire » qui a cours sous la domination des Etats-Unis. Dans son compte-rendu de la récente réunion du Mouvement international russophile (MIR), le média russe Kommersant.ru, l’ONU est convoquée au secours de cette notion :

« Le Forum sur la multipolarité a été revêtu une importance supplémentaire grâce à la déclaration faite le même jour par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’ouverture de la 55e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, dans laquelle il a reconnu le mouvement vers un monde multipolaire comme un objectif. »

Guterres y voit à la fois une réalité et un risque, ajoute Kommersant.ru, en citant l’intéressé :

« Notre monde devient chaque jour moins sûr. Après des décennies de relations stables, nous entrons dans une ère de multipolarité. Cela crée de nouvelles opportunités de leadership et de justice sur la scène internationale. Mais la multipolarité sans institutions multilatérales fortes est une recette pour le chaos. (…) A mesure que les puissances s’affrontent, les tensions montent. L’état de droit et les règles de la guerre sont mis à mal. »

 

Le Mouvement international russophile répond aux désirs de l’ONU

Mais le secrétaire général aurait « éludé la question de savoir quelle reste la cause profonde de la déstabilisation mondiale », selon le média, qui voit la réponse « sans équivoque » à celle-ci dans le discours du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors du forum sur la multipolarité organisé en début de semaine dernière dans le cadre du 2e congrès du MIR. Lavrov a évoqué la « ligne destructrice des élites occidentales » qui cherchent à « isoler la Russie » :

« Aujourd’hui, il est évident pour toutes les personnes sensées que les tentatives des capitales occidentales d’interdire la coopération avec la Russie n’arrêtent personne, sauf leurs initiateurs. »

 

La multipolarité, arme de guerre contre l’Occident

En appelant de ses vœux la montée d’une « contre-élite » mondiale en faisant état en même temps des « institutions multilatérales fortes » souhaitées par Guterres, Lavrov a montré que la Russie s’accommode fort bien du rôle de l’ONU dans l’organisation d’un monde soumis à la supranationalité et qu’elle travaille aussi à cette forme de « Nouvel Ordre Mondial ». On pour le dire autrement : les objectifs défendus par l’ONU sont bel et bien servis par la Russie et ce « sud global » qui cherche à détrôner à tout prix l’Occident.

 

Jeanne Smits