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Roi Baudoin IV de Jérusalem. Baudouin est né à Ascalon (Palestine franque) en l’an de grâce 1161; il était le fils d’Amaury Ier, roi de Jérusalem. Il mourut le 16 mars 1185, âgé seulement de 24 ans…Plus
Roi Baudoin IV de Jérusalem.

Baudouin est né à Ascalon (Palestine franque) en l’an de grâce 1161; il était le fils d’Amaury Ier, roi de Jérusalem. Il mourut le 16 mars 1185, âgé seulement de 24 ans…

Lors de la mort de son père, Baudouin avait 13 ans; il devint le plus jeune Roi de Jérusalem sous le nom de Baudouin IV. Ce fut le début de ce règne stupéfiant, étant donné, non seulement l’âge de l’héritier, mais surtout la maladie qui le rongeait: la lèpre. Y-eut-il beaucoup d’autres chefs d’état qui surent, mieux que lui, traduire ce caractère de passage de la vie chrétienne, en une passion accordée au rythme d’une autre vie, celle éternelle qui est l’embrasement Baudouin IV de la Résurrection ?

Dès qu’il peut apprendre à prier, on lui inculque les règles de vie qu’il devra traduire dans les faits le jour où il sera roi: aimer, être juste, généreux jusqu’à la largesse, respecter les pauvres, être fidèle à la parole donnée. En se fiant toujours à Dieu: « Fais ce que dois, advienne que pourra ». Il était très beau, un cavalier tel que l’on en vit peu, intelligent et cultivé grâce aux meilleurs professeurs de l’époque, en tous domaines. Hélas, à l’âge de l’adolescence, on s’aperçut qu’il était lépreux.

Peu après, il devint le Roi chevalier responsable de la Terre Sainte où il était né et à quatorze ans, il était à la tête de son armée. Baudouin avait 17 ans, lorsqu’il transforma une situation désespérée en victoire, grâce à une force de caractère surhumaine, face au si redoutable Saladin.

René Grousset a écrit: « le règne du malheureux jeune homme ne devait donc être qu’une longue agonie. Mais une agonie à cheval, face à l’ennemi, toute raidie dans le sentiment de la dignité royale, du devoir chrétien et des responsabilités de la couronne en ces heures tragiques, où au drame du roi répondait le drame du royaume ».

Sa lèpre gagnait, affreuse, l’épuisant. Bien des conseillers lui suggéraient de se retirer et de vivre avec de bonnes rentes. Mais la chronique met en valeur son refus « parce que, s’il était faible de corps, il avait l’âme haute et la volonté tendue au-delà des forces humaines ». Il faut se rappeler qu’il mena ses hommes à un contre vingt ! Ainsi, le 25 novembre 1177, les forces des turcs étaient « comme une mer » et Michel le Syrien raconte: « Mais le Dieu qui fait paraître la force dans les faibles, inspira le Roi infirme... Il descendit de sa monture, se prosterna la face contre terre devant la croix et pria avec des larmes. A cette vue, le cœur de tous ses soldats fût ému. Ils étendirent tous la main sur la croix et jurèrent de ne jamais fuir et, en cas de défaite, de regarder comme traître et apostat quiconque fuirait au lieu de mourir ». Quelques centaines de Francs battirent la plus forte et immense armée jamais vue !

Saladin avait une telle estime des qualités du jeune Roi qu’il suffit, par exemple, qu’il fut annoncé pour que son adversaire lève le siège de Beyrouth, prête à tomber entre ses mains !

Des félonies, lors de la fin de sa courte vie, le soulevèrent de réprobation. Mais il ne céda pas. Il resta Roi jusqu’à la dernière minute, alors qu’alité il était devenu aveugle, mais conservant sa lucidité jusqu’au bout, « Christ de douleur couronné d’or et d’épines ».

En décembre 1183, Saladin revient avec une puissante armée et une forte escadre égyptienne. Le Roi domine alors le cadavre qu’il est devenu; il convoque les troupes et se fait porter en civière. Saladin est si effrayé qu’il choisit la fuite sans combattre. Le Roi était lui-même le drapeau des Francs. René Grousset nous le dépeint « stoïque et douloureuse figure, la plus noble peut-être de l’histoire des Croisades, figure où l’héroïsme, sous les pustules et les écailles qui la couvrent, confine à la sainteté, pure effigie du Roi français ».

Baudouin IV de Jérusalem a donné durant sa courte vie le témoignage d’une fidélité parfaite à ses devoirs de Roi-Chevalier. Il demeure à côté d’un saint Louis l’une des plus grandes gloires de la Chevalerie.